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L'étau se resserre autour de Boris Johnson: la police s'est saisie du scandale du "Partygate" et a ouvert une enquête sur plusieurs fêtes à Downing Street pendant les confinements, qui risque de coûter son poste au Premier ministre britannique.
La cheffe de la Metropolitan Police de Londres, Cressida Dick, a annoncé mardi que ses agents enquêtaient actuellement sur un certain nombre d'"événements" à Downing Street, résidence du Premier ministre, et Whitehall, rue qui accueille la haute administration, au sujet de "violations potentielles des règles liées au Covid-19", passibles d'amendes.
La Met était jusque là critiquée pour son silence quant aux révélations qui se succèdent ces dernières semaines sur des garden parties, pots de départ ou fête d'anniversaire tenus au plus haut du pouvoir et qui ont ulcéré les Britanniques, contraints par la loi à l'époque de restreindre drastiquement leurs contacts.
Son porte-parole a assuré qu'il "coopérera pleinement" à ces investigations.
Son prédécesseur travailliste Tony Blair avait été interrogé fin 2006 comme témoin lors d'une enquête policière dans le cadre du scandale de nominations à la Chambre des Lords accordées à des donateurs de son parti. Aucune poursuite n'avait été lancée.
Ces fêtes font déjà l'objet d'une enquête interne, menée par la haute fonctionnaire Sue Gray et qui devait être publiée cette semaine. Après avoir indiqué dans un premier temps que la procédure policière suspendait ces investigations, Downing Street a fait savoir que "des discussions" avaient lieu avec les forces de l'ordre, réfutant "vouloir empêcher la publication" des conclusions.
Ces dernières sont attendues fébrilement à Westminster car nombre d'élus conservateurs ont dit vouloir les étudier avant de décider de déloger ou non Boris Johnson. Il faut 54 députés conservateurs, sur 359, pour déclencher un vote de défiance.
- "Brève" fête d'anniversaire -
Le dirigeant de 57 ans traverse sa pire crise depuis son accession triomphale au pouvoir à l'été 2019, avec une popularité en chute libre et des députés de sa majorité qui disent ouvertement vouloir son départ.
Critiqué pour ce scandale et pour sa gestion de la crise sanitaire, le Premier ministre s'accroche pour l'instant à son poste. Il a annoncé la levée des dernières restrictions liées au Covid à partir de jeudi, espérant regagner en popularité dans un pays soumis à de longs confinements et fortement endeuillé par la pandémie qui y a fait près de 154.000 morts.
Le 12 janvier, Boris Johnson avait fait son mea culpa devant les députés, présentant ses excuses pour sa participation le 20 mai 2020 à un événement dans les jardins de sa résidence officielle, assurant qu'il pensait respecter les règles.
Mais le flot des révélations se poursuit. Dernière en date: l'organisation d'une fête organisée par sa future épouse Carrie dans la salle du conseil des ministres à l'occasion de son anniversaire le 19 juin 2020 après-midi, lors du premier confinement.
Selon ITV, jusqu'à 30 personnes y auraient participé, dont l'architecte d'intérieur Lulu Lytle, chargée d'effectuer la coûteuse rénovation de l'appartement de Boris Johnson à Downing Street, au financement controversé.
Downing Street admet un "bref rassemblement", un porte-parole affirmant que Boris Johnson y aurait participé "moins de dix minutes".
Face au flot continu d'accusations, l'opposition a renouvelé ses appels à la démission.
Le dirigeant du Parti travailliste, Keir Starmer, a fustigé "un Premier ministre qui croit que les règles qu'il conçoit ne s'appliquent pas à lui".
Une lettre de Boris Johnson, en mars 2020, dans laquelle il félicitait une petite fille de sept ans pour avoir annulé sa fête d'anniversaire et montré ainsi un "fantastique exemple" aux Britanniques, a nourri les accusations d'hypocrisie.
La reine Elizabeth II elle-même avait fêté son 94e anniversaire dans la discrétion, le 21 avril 2020, sans sa famille.
P.Gashi--NZN