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Escroquerie en bande organisée, blanchiment: 15 prévenus sont jugés cette semaine à Marseille pour une vaste fraude aux ramifications internationales, sur le mode de "l'arnaque au président", dans laquelle les escrocs, à partir d'Israël, se faisaient passer pour des fournisseurs des entreprises ciblées.
Quatre des principaux protagonistes font l'objet d'un mandat d'arrêt depuis 2022, leur dernier domicile connu étant une adresse en Israël, où était établi le centre d'appel au coeur de l'opération menée principalement en 2015-2016.
Comme dans "l'arnaque au président", consistant à usurper l'identité d'un dirigeant d'entreprise pour convaincre un salarié de réaliser un virement, l'opération passait par une usurpation d'identité, celle de fournisseurs. Les prétendus créanciers informaient leurs "clients" d'un changement de domiciliation bancaire et réclamaient le paiement de véritables factures.
Un argent souvent versé dans une banque de Madrid, sur un des comptes d'une société baptisée Murta Community, mais aussi en France, en Roumanie, en Bulgarie, en Pologne, à Hong-Kong...
Pour les enquêteurs, le mode opératoire, très au point, impliquait une bonne connaissance de la société visée. Pour cela, les escrocs appelaient d'abord les fournisseurs, en se faisant passer pour les clients, afin de connaître le montant des factures venant à échéance, avant d'endosser le rôle inverse.
Lors d'une tentative d'escroquerie de Dassault Aviation, à Martignas (Gironde), le service financier avait ainsi été contacté par un certain "Patrick Montiel", de Potez Aéronautique, pour vérifier la bonne réception d'un nouveau RIB envoyé de Marseille par la poste. Le même "Patrick Montiel" -pseudonyme récurrent dans ce dossier- avait auparavant contacté Potez Aéronautique en se faisant passer pour un responsable de Dassault, afin de se faire communiquer le montant des prochaines factures.
Dans ce cas, aucune des deux sociétés ne s'était laissée berner.
- Blanchisseries, abattoirs,Ehpad -
Mais d'autres ont été piégées, notamment par la justesse des montants réclamés, au centime près.
Les entreprises lésées ou victimes de ces tentatives de fraudes étaient très diverses: des blanchisseries et hôtels, un distributeur de matériel de chauffage, salle de bains, carrelage et plomberie, des abattoirs, un Ehpad...
Au total, 17 entités (entreprises ou associations) dans toute la France se sont constituées parties civiles dans ce procès prévu jusqu'à vendredi.
Trois des prévenus faisant l'objet d'un mandat d'arrêt -Alain Lasserie, Wilfried El Baze et Stéphane Benhamou- étaient les chevilles ouvrières du centre d'appel en Israël, selon un coprévenu marseillais, Emmanuel Fitoussi.
Ce dernier, sous contrôle judiciaire depuis 2020, a reconnu avoir travaillé dans ce centre sous le nom d'emprunt de "Patrick Montiel", mais comme simple employé, selon ses dires.
Ses déclarations, ainsi que des enquêtes similaires menées à Bordeaux et Nancy, ont conduit les enquêteurs à soupçonner Alain Lasserie d'avoir été le cerveau de l'escroquerie et Stéphane Benhamou d'en avoir été l'opérateur (informatique, fausses adresses mails, faux RIB et justificatifs), tandis que Wilfried El Baze aurait recruté les personnes chargées d'ouvrir des sociétés fantômes à l'étranger, auxquelles transférer les fonds frauduleusement acquis.
MM. Fitoussi, El Baze, Lasserie et Benhamou ont déjà été condamnés en décembre 2021 par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour escroquerie en bande organisée, dans un autre volet de cette vaste arnaque suivi par la juridiction économique et financière (jirs) de Bordeaux.
Sur les bancs des prévenus figure aussi une série de personnes, pour la plupart domiciliées à Marseille, soupçonnées notamment d'avoir permis de blanchir de l'argent qui transitait par leurs comptes bancaires.
Elles sont poursuivies pour complicité d'escroqueries commises en bande organisée et/ou blanchiment.
O.Krasniqi--NZN