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L'ex-président français Nicolas Sarkozy, qui doit être jugé en appel à partir de mercredi dans le dossier "Bygmalion" de financement de sa campagne de 2012, est un boulimique de la politique, resté une référence pour une partie de la droite malgré ses interminables ennuis judiciaires.
En première instance, en septembre 2021, l'ancien chef de l'Etat avait été condamné à un an d'emprisonnement ferme -le maximum encouru- pour avoir dépassé le plafond légal de dépenses de sa seconde campagne présidentielle.
Il a depuis à nouveau été condamné, cette fois dans l'affaire des écoutes, à trois ans d'emprisonnement dont un ferme, une décision contre laquelle il a formé un pourvoi en cassation.
Rare éclaircie dans son tableau judiciaire: une récente décision du Conseil constitutionnel qui censure une règle procédurale pourrait lui bénéficier.
Mais Nicolas Sarkozy devra à nouveau affronter ses juges en 2025, poursuivi pour corruption dans le cadre du financement libyen de sa première campagne présidentielle de 2007.
"Je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans", répète celui qui fêtera ses 69 ans en janvier.
Début octobre, au lendemain d'une énième mise en examen, lors d'une séance de dédicace de son dernier ouvrage dans une librairie de son fief de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), il se voulait encore tout en détachement: "Je fais ce que j'ai toujours fait, partager des souvenirs, des réflexions, de l'amitié".
Après sa défaite de 2012 face au socialiste François Hollande, celui que les Français surnomment "Sarko" avait pourtant juré qu'on "n'entendrait plus parler de lui".
Mais ses démêlés judiciaires autant que sa vie médiatique, parfois aux côtés de son épouse, l'ex-mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni, ont fait mentir cette prédiction.
Eternelle figure tutélaire de la droite, bien que contesté par certaines jeunes figures, son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains continue de déclencher des tonnerres d'applaudissements, de même que ses livres de souvenirs demeurent des succès d'édition.
- "Petit Français de sang-mêlé" -
Celui qui aime à se définir comme un "petit Français de sang-mêlé" - père hongrois, grand-père maternel juif grec - n'avait que 28 ans lorsqu'il s'est emparé en 1983 de la mairie de la cossue Neuilly, située dans le prolongement des beaux quartiers de l'ouest parisien.
Doté d'un enthousiasme communicatif, d'une fougue verbale liée à une gestuelle débridée, Nicolas Sarkozy a eu le don de se faire autant aimer que détester, parfois par les mêmes, au long d'une carrière politique de quarante années écumée à l'Assemblée nationale, dans plusieurs ministères ou à la présidence de l'UMP, l'ancien nom de LR.
Un temps exclu du jeu à droite, il était redevenu incontournable lors de la campagne de réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier ce dernier depuis les rangs du gouvernement, comme très populaire ministre de l'Intérieur, et de s'ouvrir les portes de l'Élysée en 2007.
"Président bling-bling" pour certains, gestionnaire habile de la crise financière de 2008 pour d'autres, il avait été le premier président depuis Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) à être battu en sollicitant un second mandat en 2012.
- "Me rendre indispensable" -
Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent la voie vers un premier retour.
Dès 2013, un "Sarkothon" permet d'engranger 11 millions d'euros pour compenser l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel.
"Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe", affirmait-il en 2013.
Pêché d'orgueil? En 2017, il est écarté d'une nouvelle course à l'Élysée par un vote des militants de son parti, qui lui préfèrent son ancien Premier ministre François Fillon.
Mais l'ex-président reste une figure incontournable qui, tout en aspirant à de hautes fonctions à droite, tente de demeurer dans ses petits papiers.
Dans ses bureaux parisiens, le tempo du ballet des amis et courtisans n'a jamais vraiment ralenti.
Nicolas Sarkozy affiche en outre une entente cordiale avec Emmanuel Macron qu'il rencontre régulièrement.
Mieux: il laisse entendre qu'il lui a offert sa voix dès le premier tour de 2022.
"Les tempêtes sont dans ma nature et constituent mon identité", affirmait l'ancien président dans son ouvrage "Le Temps des tempêtes", en assurant: "J'ai toujours essayé de me rendre indispensable partout où je me trouvais".
cg-pab/cal/dch
F.E.Ackermann--NZN