Zürcher Nachrichten - Nigeria: une décennie de souffrances depuis l'enlèvement des filles de Chibok

EUR -
AED 4.09844
AFN 76.83586
ALL 99.089905
AMD 432.002035
ANG 2.007856
AOA 1035.248441
ARS 1074.344472
AUD 1.638661
AWG 2.008525
AZN 1.893024
BAM 1.952645
BBD 2.249466
BDT 133.1349
BGN 1.952645
BHD 0.419822
BIF 3229.681956
BMD 1.115847
BND 1.439574
BOB 7.698562
BRL 6.154006
BSD 1.1141
BTN 93.116256
BWP 14.727206
BYN 3.646009
BYR 21870.604702
BZD 2.245672
CAD 1.513875
CDF 3203.596944
CHF 0.949519
CLF 0.037544
CLP 1035.955103
CNY 7.868838
CNH 7.863816
COP 4635.206863
CRC 578.066046
CUC 1.115847
CUP 29.56995
CVE 110.087137
CZK 25.069965
DJF 198.389472
DKK 7.458914
DOP 66.871958
DZD 147.446777
EGP 54.143139
ERN 16.737708
ETB 129.282025
FJD 2.455759
FKP 0.849783
GBP 0.838319
GEL 3.04616
GGP 0.849783
GHS 17.514702
GIP 0.849783
GMD 76.439037
GNF 9625.448619
GTQ 8.612086
GYD 233.06345
HKD 8.693621
HNL 27.636349
HRK 7.586657
HTG 147.002495
HUF 393.006904
IDR 16917.359076
ILS 4.220039
IMP 0.849783
INR 93.159124
IQD 1459.442049
IRR 46968.795211
ISK 152.101006
JEP 0.849783
JMD 175.037201
JOD 0.79058
JPY 160.821451
KES 143.711755
KGS 93.997292
KHR 4524.689674
KMF 492.479286
KPW 1004.261828
KRW 1487.446408
KWD 0.340411
KYD 0.9284
KZT 534.147004
LAK 24601.252923
LBP 99767.610207
LKR 339.910822
LRD 222.82
LSL 19.558301
LTL 3.294807
LVL 0.674965
LYD 5.290452
MAD 10.802747
MDL 19.440591
MGA 5038.858955
MKD 61.515612
MMK 3624.22811
MNT 3791.648663
MOP 8.942951
MRU 44.274468
MUR 51.195339
MVR 17.138946
MWK 1931.679078
MXN 21.635702
MYR 4.687244
MZN 71.247233
NAD 19.558301
NGN 1802.662425
NIO 41.003752
NOK 11.702003
NPR 148.98629
NZD 1.789722
OMR 0.429057
PAB 1.1141
PEN 4.175853
PGK 4.360954
PHP 62.080156
PKR 309.55267
PLN 4.269415
PYG 8691.956818
QAR 4.061738
RON 4.989403
RSD 116.898133
RUB 103.401129
RWF 1501.873494
SAR 4.187163
SBD 9.269272
SCR 14.55748
SDG 671.196271
SEK 11.351558
SGD 1.440826
SHP 0.849783
SLE 25.494098
SLL 23398.751675
SOS 636.67136
SRD 33.704207
STD 23095.783712
SVC 9.74825
SYP 2803.599441
SZL 19.565389
THB 36.811555
TJS 11.842866
TMT 3.905465
TND 3.375746
TOP 2.613427
TRY 38.108792
TTD 7.577757
TWD 35.711596
TZS 3041.485868
UAH 46.048502
UGX 4127.331666
USD 1.115847
UYU 46.035622
UZS 14177.094741
VEF 4042215.025119
VES 41.104208
VND 27455.419831
VUV 132.475619
WST 3.121541
XAF 654.898911
XAG 0.035916
XAU 0.000426
XCD 3.015633
XDR 0.825666
XOF 654.898911
XPF 119.331742
YER 279.324446
ZAR 19.421431
ZMK 10043.986022
ZMW 29.495346
ZWL 359.302336
  • AEX

    -10.9000

    897.55

    -1.2%

  • BEL20

    -37.4300

    4215.59

    -0.88%

  • PX1

    -114.9900

    7500.26

    -1.51%

  • ISEQ

    -30.9900

    9967.18

    -0.31%

  • OSEBX

    -3.5300

    1407.43

    -0.25%

  • PSI20

    -4.0300

    6716.23

    -0.06%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -5.6900

    2580.84

    -0.22%

  • N150

    -51.9800

    3323.64

    -1.54%

Nigeria: une décennie de souffrances depuis l'enlèvement des filles de Chibok
Nigeria: une décennie de souffrances depuis l'enlèvement des filles de Chibok / Photo: STR - AFP/Archives

Nigeria: une décennie de souffrances depuis l'enlèvement des filles de Chibok

A chaque fois qu'elle entend quelqu'un arriver sur le pas de sa porte, Mary Shettima ne peut s'empêcher de penser que sa fille Margaret est de retour, dix ans après avoir été enlevée par des combattants de Boko Haram.

Taille du texte:

Margaret, qui fêtera ses 29 ans cette année, fait partie des 276 étudiantes enlevées le 14 avril 2014 par des membres de Boko Haram dans la petite ville rurale de Chibok, dans l'Etat du Borno (nord-est du Nigeria), et compte parmi la petite centaine toujours disparue.

Cet enlèvement avait provoqué une vive émotion dans le monde entier et déclenché la campagne internationale baptisée "Bring back our girls" ("Ramenez-nous nos filles").

Mais une décennie plus tard, les rapts de masse demeurent une réalité dans cette partie du Nigeria où le conflit avec Boko Haram reste l'une des pires crises humanitaires du monde avec plus de 40.000 morts et plus de deux millions de déplacés, malgré les promesses répétées des autorités nigérianes de restaurer la sécurité.

Mary Shettima ne pense pas qu'à sa fille, mais aussi à tous les autres enfants qui sont enlevés dans le pays.

"Je pense à leurs parents et je m'effondre en larmes", témoigne-t-elle à l'ombre d'un baobab.

- Menaces continues –

La région de Chibok vit toujours sous la menace des attaques et des enlèvements. L'AFP a pu s'y rendre sous escorte militaire après six heures de trajet sur les routes poussiéreuses qui la relient à la ville de Yola.

L'armée y a renforcé sa présence et l'école où les 276 filles ont été enlevées en 2014, qui a rouvert en 2021, est maintenant protégée par un mur de béton et de barbelés.

Depuis leurs nouvelles salles de classe, les élèves peuvent observer les tourbillons de poussière s'engouffrer dans les ruines carbonisées des anciens dortoirs incendiés par les combattants de Boko Haram lorsqu'ils ont enlevé les filles de Chibok.

Hauwa, qui avait 16 ans lors de l'attaque et a passé trois ans en captivité, se souvient de la nuit où ont surgi de la savane ses ravisseurs à motos.

"Ils criaient et tiraient des coups de feu en l'air, j'étais terrifiée, je n'arrêtais pas de me dire qu'ils allaient nous tuer, je pensais faire mes dernières prières", raconte-t-elle.

Au milieu des décombres, le directeur adjoint de l'école, Bature Sule, explique que de nombreux parents de cette petite ville à majorité chrétienne sont heureux que "l'on continue à éduquer les enfants ici".

Les militants de Boko Haram, qui ciblent les écoles dont ils jugent l'enseignement trop occidental, ont mené les premiers enlèvements de masse d'écoliers au Nigeria contre rançon, une pratique qui s'est désormais répandue dans tout le pays car lucrative pour les ravisseurs.

Plus de 1.680 élèves ont été kidnappés dans des écoles nigérianes entre 2014 et 2022, selon l'ONG Save the Children.

Les habitants de Chibok entendent toujours des coups de feu venant des villages voisins où les islamistes mènent des raids.

Depuis le début du conflit, l'armée a repris le contrôle de vastes zones autrefois tenues par Boko Haram, mais elle doit aussi combattre l'organisation rivale, l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest.

Il y a quelques semaines, le Nigeria a connu deux enlèvements de masse: l'un dans le même Etat du Borno, où une centaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été enlevées, et l'autre dans l'Etat de Kaduna, dans le nord-ouest du pays, où plus de 130 enfants ont été enlevés au sein de leur école.

- Seconde chance –

Peu après l'enlèvement de Chibok il y a dix ans, 57 filles ont réussi à s'échapper et depuis, plus d'une centaine ont été soit secourues soit relâchées après que les islamistes ont conclu des accords avec les autorités.

Nombre d'entre elles tentent de rattraper les années perdues et ont repris leurs études.

Dans la ville de Yola, à une demi-journée de route au sud de Chibok, l'AFP a pu s'entretenir avec plusieurs anciennes captives qui étudient à l'Université américaine de la ville.

Grace, qui avait 17 ans lorsqu'elle a été enlevée, espère devenir infirmière.

"Ils ont détruit ma vie. Sans eux, j'aurais déjà terminé mes études", soupire-t-elle.

Comme ses compagnes d'infortune, elle a été conduite de force dans la forêt de Sambisa, repaire des islamistes, où la nourriture était insuffisante et où elles devaient courir pour se cacher lors des survols aériens de l'armée.

Beaucoup de ses camarades ont été mariées à leurs ravisseurs tandis que d'autres, comme elle, devaient travailler comme des esclaves.

Lorsqu'elle a été relâchée après trois ans de captivité, elle "ne pouvait pas s'arrêter de pleurer".

Hauwa, 26 ans, étudiante en communication, est en colère en pensant à celles qui n'ont pas eu de seconde chance.

"Je pense à elles tous les jours, j'ai l'impression que le gouvernement se fiche de tous ces gens", bouillonne-t-elle.

Le porte-parole du président nigérian Bola Ahmed Tinubu n'a pas répondu aux nombreuses sollicitations de l'AFP sur le sujet.

"Le gouvernement nigérian n'a rien appris, il est complètement passé à autre chose", déplore Jeff Okoroafor, membre de l'équipe du mouvement Bring Back Our Girls. "C'est pour cela que les kidnappeurs osent encore enlever des enfants."

Les mères des filles de Chibok, elles, se refusent à tourner la page. Beaucoup de parents sont morts, et ceux qui restent vivent dans un état d'angoisse permanente qui s'ajoute aux difficultés de vivre dans l'une des régions les plus pauvres du monde.

Beaucoup trouvent un peu de réconfort dans leur conviction que leurs filles vont revenir.

"Ma fille sera bientôt de retour", rêve Mary Shettima en croisant ses mains sur ses genoux. "C'est l'espoir qui me fait vivre".

G.Kuhn--NZN