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Assigné par l'organisation écologiste WWF, qui demande une suspension du processus faute d'étude d'impact suffisante, le gouvernement norvégien va devoir justifier jeudi devant un tribunal sa décision d'ouvrir ses fonds sous-marins à la prospection minière.
Malgré les objections de scientifiques, d'ONG et d'autres Etats, le pays scandinave compte attribuer ses premiers permis d'exploration en 2025 et pourrait devenir à terme l'un des premiers au monde à exploiter les fonds sous-marins.
"Cette décision est fondée sur la base d'une étude d'impact insuffisante" et ne répond pas aux critères imposés par la législation norvégienne, a affirmé la secrétaire générale de WWF Norvège, Karoline Andaur.
Le pays doit "suspendre le processus hâtif et le premier cycle d'attribution de licences", et interdire l'exploitation minière des fonds marins "jusqu'à ce que l'on dispose de suffisamment de connaissances pour garantir qu'elle puisse se faire sans nuire à la biodiversité et au bon fonctionnement des écosystèmes", a-t-elle fait valoir.
La branche norvégienne du WWF souhaite également, avec ce procès, que le gouvernement norvégien cesse d'accorder un soutien financier aux entreprises d'extraction minière pour la phase d'exploration et qu'elle alloue ces fonds à des institutions de recherche indépendantes.
Cela "pour combler les nombreuses lacunes dans les connaissances sur la vie marine", a ajouté Mme Andaur.
Le procès se déroulera jusqu'au 5 décembre.
- Souveraineté économique -
Le ministère norvégien de l'Energie a annoncé mi-avril l'ouverture à l'exploration d'une zone de la taille du Royaume-Uni, située en mer de Norvège et en mer du Groenland.
Au sein de cette zone, il a désigné des aires propices représentant 38% de la surface, pour un premier cycle d'attribution de licences.
Le Parlement norvégien avait donné préalablement, en janvier, son feu vert à l'ouverture d'une partie des fonds marins à la prospection minière, sur 280.000 km2.
En tout état de cause, "avant de commencer toute exploitation, il doit être démontré que celle-ci peut avoir lieu de manière durable et responsable", a assuré dans un mail à l'AFP la secrétaire d'Etat au ministère de l'Energie, Astrid Bergmål. Les premiers projets devront au préalable aussi être approuvés par le Parlement.
"La première phase consistera en des travaux de cartographie et d'exploration, qui ont peu d'impact sur l'environnement", a-t-elle relevé.
Mais cette étape est perçue comme un premier pas vers une exploitation.
Selon plusieurs ONG, l'ouverture des fonds marins fait planer une menace supplémentaire sur un écosystème méconnu et déjà fragilisé par le réchauffement climatique.
Parmi les possibles dangers, la destruction directe d'habitats et d'organismes des fonds marins, la pollution sonore et lumineuse, le risque de fuites chimiques provenant des machines ainsi que le déplacement accidentel d'espèces.
Les autorités norvégiennes soulignent de leur côté l'importance de ne pas dépendre de pays comme la Chine pour la fourniture en minéraux essentiels à la transition énergétique et assurent que la prospection permettra de recueillir les connaissances qui font actuellement défaut.
Le plateau continental du pays recèle, selon Oslo, très probablement d'importants gisements de minéraux, comme le cuivre, le cobalt, le zinc et des terres rares. Des minéraux qui entrent dans la composition de batteries électriques, de turbines d'éoliennes, d'ordinateurs et de téléphones portables.
Plusieurs pays, dont la France et le Royaume-Uni, ainsi que de grandes entreprises se sont prononcés pour un moratoire sur l'extraction minière sous-marine. En février, le Parlement européen avait exprimé son inquiétude à l'égard de la décision norvégienne
O.Hofer--NZN