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Le père et la belle-mère de Sara Sharif, fillette battue à mort près de Londres, doivent connaître leur peine mardi, après un procès bouleversant, tant à cause des sévices infligés à l'enfant qu'en raison des occasions manquées qui auraient pu la sauver.
L'autopsie de la petite fille anglo-pakistanaise de 10 ans, déscolarisée quatre mois avant sa mort le 8 août 2023, avait révélé une centaine de blessures internes et externes dont un traumatisme crânien, de multiples fractures, ecchymoses et cicatrices, des traces de brûlure, dont l'une au fer à repasser, et des marques de morsures humaines.
Son père, Urfan Sharif, 43 ans, et sa belle-mère Beinash Batool, 30 ans, ont été reconnus coupables de meurtre mercredi au tribunal de l'Old Bailey à Londres. Son oncle Faisal Malik, 29 ans, qui vivait avec le couple à Woking (sud-ouest de Londres) a été reconnu coupable d'avoir "causé ou rendu sa mort possible".
Le matin suivant la mort de Sara, le trio s'était envolé pour le Pakistan avec les cinq autres enfants, abandonnant le corps de la petite fille sur un lit.
Lors du procès, Urfan Sharif, chauffeur de taxi, a d'abord accusé sa femme, puis a reconnu sa responsabilité, tout en affirmant qu'il ne voulait pas tuer Sara.
C'est lui qui avait informé la police anglaise, expliquant par téléphone, une fois arrivé au Pakistan, qu'il avait voulu "légalement punir" sa fille mais l'avait "trop battue".
Après un mois de cavale, le trio était revenu au Royaume-Uni et avait été arrêté dans l'avion. Les cinq enfants sont toujours au Pakistan.
- "Routine" de violences -
L'institutrice de Sara a raconté au procès une petite fille arrivée en classe avec un hijab en janvier 2023, seule de sa famille à en porter, et qui tirait dessus pour cacher des marques qu'elle ne voulait pas expliquer. Remarquant des traces de coups, l'école avait émis trois signalements, sans résultat.
En avril 2023, la famille avait déménagé et Urfan Sharif avait annoncé à l'école que Sara serait désormais scolarisée à la maison.
Au procès, il a reconnu avoir plusieurs fois étranglé sa fille à main nues -au point de lui briser un os du cou-, l'avoir frappée avec une batte de cricket alors qu'elle était attachée, ou à coups de téléphone portable sur la tête.
Ces attaques contre Sara étaient "devenues une routine, avaient été complètement banalisées", a souligné au procès le procureur William Emlyn Jones.
Les services sociaux connaissaient Urfan Sharif et Olga, la mère polonaise de Sara qu'il avait rencontrée en ligne, avant même la naissance de la petite fille.
Les deux enfants plus âgés avaient été rendus à leur mère séparée de Sharif, avant qu'un juge ne décide de confier Sara et un frère aîné à leur père en 2019, en dépit de son caractère violent.
Le jour de sa mort, alors que Sara gisait inerte sur les genoux de sa belle-mère, Urfan Sharif l'avait frappée deux fois dans le ventre avec le pied métallique d'une chaise haute, l'accusant de "faire semblant".
Beinash Batool, qui s'occupait des six enfants dans la journée, a choisi de rester silencieuse au procès, tout comme Faisal Malik. Aucun n'a exprimé de remords.
Au lendemain du procès qui a traumatisé les Britanniques et fait la une de tous les journaux, le Premier ministre Keir Starmer a déclaré qu'il fallait renforcer les mesures de protection des enfants scolarisés à domicile au Royaume-Uni.
W.F.Portman--NZN