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Le tribunal correctionnel de Paris rend jeudi son jugement au procès de la retentissante affaire de séquestration du footballeur français Paul Pogba, dans lequel un frère et cinq amis d'enfance du joueur sont poursuivis.
Le tribunal fera connaître sa décision à 13h30 locales.
Six prévenus, le grand frère de Paul Pogba et cinq de ses amis ou connaissances d'enfance, sont poursuivis pour leur implication dans ce que l'on a qualifié d'"affaire Pogba": du chantage, des pressions et en point d'orgue une séquestration en mars 2022, sous la menace d'armes à feu, dans le but de soutirer 13 millions d'euros au milieu de terrain, qui évoluait à l'époque des faits à Manchester United puis à la Juventus Turin.
L'affaire avait été révélée après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux en août 2022 de Mathias Pogba dans lesquelles il accusait notamment Paul d'avoir marabouté le footballeur Kylian Mbappé.
"Comment un frère, des amis peuvent-ils s'unir pour récupérer des sommes extraordinaires auprès d'une des personnes les plus précieuses dans leur vie ?", avait demandé l'une des procureures, avant de prononcer son réquisitoire.
A l'encontre de Mathias Pogba, l'accusation a demandé un an de prison ferme aménagée sous bracelet électronique et une amende de 10.000 euros.
Pour le ministère public, l'aîné du footballeur "n'a pas eu connaissance des prémices du projet" de séquestration mais il lui est reproché d'avoir rejoint le groupe et joué "un rôle actif" pour nuire à Paul Pogba et tenter de lui soutirer les 13 millions d'euros.
A l'encontre des cinq autres prévenus, les procureures ont requis jusqu'à huit ans de prison, des amendes de 20.000 euros et l'interdiction du port d'arme pour dix ans.
Pendant les trois heures de réquisitoire, les procureures ont évoqué la générosité de Paul Pogba, "l'ami qui a réussi" et qui finance l'achat du restaurant de deux prévenus, effectue des virements de plusieurs milliers d'euros, ou encore offre 100.000 euros à chacun de ses amis proches et à ses frères pour leur anniversaire.
"Vous avez créé à son endroit une situation de dépendance financière" qui a "gangrené votre amitié", a dénoncé le ministère public.
- "Toujours dans mon coeur" -
Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont fait valoir que leurs clients avaient été victimes d'agressions pendant les mois qui ont suivi la séquestration.
L'un d'eux, Roushdane K. qui comparaissait détenu, a raconté s'être fait tirer une balle à bout portant dans une main, pour qu'il mette "la pression à Paul" qui ne payait pas.
Autre argument central de la défense: une enquête et un procès menés à charge, basés selon elle sur les seules déclarations de Paul Pogba qui n'a pas souhaité assister aux audiences.
"On a jeté en pâture les amis d'enfance sous prétexte que si Paul dit quelque chose, c'est que c'est vrai...", a regretté Me Karim Morand-Lahouazi, avocat d'Adama C.
Tout au long du procès, les amis de Paul Pogba ont mis en avant la profonde amitié qui les liait au joueur, pour certains depuis la maternelle.
Des gamins qui ont grandi ensemble dans la cité de la Renardière à Roissy-en-Brie, dans la grande banlieue parisienne, jusqu'au départ du footballeur, appelé à une carrière internationale.
"Quand il rentrait en France, il revenait nous voir, il venait dîner chez mes parents et il commandait un mafé à ma mère", a résumé Boubacar C., l'ami le plus proche de Paul Pogba.
"Est-ce que ça fait d'eux des criminels? Est-ce immoral d'avoir une part du gâteau?" a interrogé Me Saïd Harir. "Non, c'est un juste retour des choses. Dans le VIe arrondissement, on appelle ça du réseau!", a expliqué le sourire aux lèvres le conseil de Boubacar C.
Invités à prendre la parole une dernière fois avant que le tribunal se retire, chacun des prévenus a eu une pensée pour Paul Pogba.
"Paul sait qui il est pour moi, je le garderai toujours dans mon cœur", a déclaré Boubacar C. en espérant sans doute que cette déclaration arrive jusqu'aux oreilles de son ancien ami.
F.Carpenteri--NZN