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Joe Biden est en visite jeudi à New York, meurtrie par une vague de violences par arme à feu, afin d'assurer aux Américains qu'il prend au sérieux la hausse de la criminalité dans le pays, un sujet politiquement miné pour le président américain.
Il est attendu à la mi-journée au siège de la police new-yorkaise (NYPD) -- la plus importante des Etats-Unis -- en compagnie du nouveau maire Eric Adams, avant une rencontre avec des responsables locaux dans le Queens, l'un des cinq arrondissements de la mégapole de près de neuf millions d'habitants.
Eric Adams, ancien policier afro-américain de l'aile droite du parti démocrate, est sous pression depuis sa prise de fonction le 1er janvier pour combattre la criminalité, surtout depuis que deux jeunes agents du NYPD ont été abattus par un homme violent à Harlem, le 21 janvier.
Partisan d'une ligne dure, il a regretté jeudi sur la télévision new-yorkaise PIX 11 que le gouvernement fédéral et les autorités locales n'aient "pas, contre la violence par arme à feu, une approche dans le style (d'une réponse au) 11-Septembre", appelant de ses voeux une meilleure coopération entre les corps policier et judiciaire.
"Nous avons besoin d'une réforme de la justice pénale dans cette ville et ce pays", a insisté M. Adams sur la chaîne CBS.
En 2021, plusieurs villes américaines ont enregistré des nombres record d'. Magasins pillés à San Francisco, enfants tués par des balles perdues, fusillades à Washington: les faits divers souvent meurtriers rythment les journaux télévisés.
Certes, la vague de violences a commencé à monter avant que Joe Biden ne soit investi, une conséquence selon les experts de la pandémie, qui a fragilisé le tissu social. Et les villes américaines restent plus sûres qu'elles ne l'étaient dans les années 1980 et 1990.
Mais le président est, de plus en plus, jugé responsable de l'insécurité croissante. Selon un sondage ABC/Ipsos de décembre, le pourcentage d'Américains approuvant son action en matière de sécurité est tombé à 36%, contre 43% en octobre.
- "Laxisme" -
Le démocrate se voit régulièrement accuser par le parti de droite républicain d'ignorer la hausse de la criminalité et de vouloir tailler dans les moyens des forces de l'ordre, à quelques mois d'élections législatives bien mal engagées pour les démocrates.
Eric Adams réclame au contraire une hausse du budget du NYPD (36.000 policiers et 19.000 employés) après un mouvement de protestation contre la police en 2020.
"Le président (Biden) est depuis des décennies un défenseur de la lutte contre la criminalité (et) n'a jamais plaidé pour couper les financements de la police", a encore assuré sa porte-parole Jen Psaki.
Joe Biden apporte donc sa caution à Eric Adams et espère profiter de l'intérêt croissant que suscite ce nouvel édile démocrate avec sa ligne dure contre la criminalité.
Le maire de New York a ainsi annoncé le rétablissement de patrouilles de policiers en civil, des équipes controversées supprimées en 2020 après la mort de George Floyd, tué par un policier à Minneapolis, l'événement déclencheur des grandes manifestations "Black Lives Matter" de l'été 2020.
Le sujet de la sécurité est politiquement très délicat pour Joe Biden, qui veut promouvoir à New York sa vision d'une "sécurité intelligente", à la fois sans pitié pour les criminels et plus respectueuse, a dit un haut responsable de la Maison Blanche.
Le président va appeler à un financement supplémentaire de 500 millions de dollars pour à la fois recruter des policiers et faire du travail de prévention, selon ses services.
Il va aussi rappeler que la Maison Blanche se mobilise contre les pistolets en kits non répertoriés ou "ghost guns", et contre le trafic illégal d'armes à feu.
- "Black Lives Matter" -
Si Joe Biden ne veut pas être taxé de passivité par les républicains, il ne peut pas se permettre non plus de braquer l'électorat afro-américain, majoritairement favorable aux démocrates, et auquel il a promis plus de justice pendant sa campagne.
Les activistes qui luttent contre les violences policières n'ont pas oublié qu'en 1994, le sénateur Biden avait soutenu avec ferveur un durcissement pénal jugé responsable, par la suite, de l'incarcération en masse de personnes issues des minorités.
Dans les faits, la Maison Blanche semble avoir mis en sourdine certaines promesses faites au camp progressiste en matière de politique pénale.
Le président a certes nommé, à tous les échelons du système judiciaire, des magistrats issus des minorités.
Mais il n'a pas vraiment cherché jusqu'ici à relancer une réforme de la police inspirée par le mouvement "Black Lives Matter", et qui a échoué au Congrès l'an dernier.
A.Wyss--NZN