AEX
3.4200
Recep Tayyip Erdogan, reconduit dimanche à la tête de la Turquie, prête serment samedi à Ankara pour un nouveau mandat de cinq ans et annoncera la composition de son gouvernement dans la foulée.
Outre une vingtaine de chefs d'Etat, selon la presse pro-gouvernementale, la présence du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, confirmée par l'Alliance, jettera un éclairage particulier sur les festivités.
La Turquie, qui maintient son véto à l'entrée de la Suède dans la l'Alliance atlantique depuis treize mois, se fait courtiser pour accepter de le lever d'ici - ou lors - du sommet de l'Organisation à Vilnius en juillet.
"Message limpide à nos amis suédois! Respectez vos engagements (...) et prenez des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme. Le reste suivra", a tweeté jeudi soir l'actuel ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
Malgré une Constitution amendée et une nouvelle loi contre le terrorisme, Ankara reproche toujours à la Suède d'abriter des réfugiés kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".
Autre dossier brûlant, la liste des ministres qui sera annoncée dans la soirée, après les festivités, doit donner une idée des orientations retenues par le chef de l'Etat pour redresser l'économie en crise.
Pour cette tâche ardue, le nom d'un expert reconnu, Mehmet Simsek, circule avec insistance depuis plusieurs jours.
Ancien ministre des Finances (2009-2015) puis vice-Premier ministre chargé de l'Economie (jusqu'en 2018), M. Simsek, 56 ans, ancien économiste de Merrill Lynch, serait chargé de rétablir un peu d'orthodoxie afin de ramener la confiance des investisseurs.
Outre une inflation à plus de 40%, encouragée par la baisse régulière des taux d'intérêt, la monnaie nationale était en chute libre à plus de 20,88 livres turques pour un dollar vendredi (22,5 pour un euro) malgré des milliards de dollars engloutis durant la campagne pour en retarder le naufrage.
- Conservateurs en bonne place -
Selon les médias turcs, vingt chefs d'Etat et quarante-cinq ministres étrangers assisteront aux cérémonies qui s'achèveront par un dîner au gigantesque palais présidentiel bâti par le chef de l'Etat sur une colline à l'écart du centre de la capitale.
Parmi eux, le président d'Azerbaïdjan Ilham Aliev, proche allié de M. Erdogan, et les Premiers ministres de Hongrie, Viktor Orban, et du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, qui furent parmi les premiers à le féliciter pour sa réélection après vingt ans de pouvoir.
M. Orban renâcle également à ouvrir les portes de l'Otan à la Suède.
Le chef de l'Etat, contraint pour la première fois à un deuxième tour, a obtenu 52,18% des votes contre 47,82% à son opposant, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, selon les résultats officiels publiés jeudi, au terme d'une campagne amère qui laisse le pays polarisé entre les deux camps.
Le parlement, élu le 14 mai en même temps que se tenait le premier tour de la présidentielle, a pris pour sa part ses quartiers vendredi à Ankara: le parti AKP du président et ses alliés y détiennent la majorité des 600 sièges.
Les conservateurs y siègent en bonne place, tant du côté du gouvernement (avec le MHP, ultranationaliste) que de l'opposition, avec le Bon Parti, allié de circonstance pour la présidentielle à M. Kiliçdaroglu.
La prestation de serment est prévue à 14H00 (11H00 GMT) au siège du parlement, puis le chef de l'Etat ira se recueillir au mausolée du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, avant les cérémonies protocolaires et le grand dîner le soir.
T.L.Marti--NZN