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"Moment historique" au Royaume-Uni: le prince Charles a prononcé à la place de sa mère Elizabeth II le traditionnel discours du trône au Parlement mardi, la reine ayant renoncé sur le conseil de ses médecins.
Apportant un nouveau signe de la transition en marche pour la monarchie britannique sous l'effet des problèmes de santé de la souveraine nonagénaire, c'est le prince Charles qui est arrivé au Parlement tandis que retentissait l'hymne "God Save the Queen". L'héritier de la couronne, 73 ans, en uniforme bardé de décorations, a ensuite lu, au nom de la reine, le discours énonçant le programme du gouvernement à l'ouverture de la session parlementaire.
Il était assis sur le trône réservé au consort, symboliquement plus petit que celui de la monarque. A ses côtés se trouvait son épouse Camilla, 74 ans, ainsi son fils aîné, le prince William, 39 ans, qui était présent pour la première fois, preuve supplémentaire d'un changement de générations qui s'opère.
La couronne était placée sur un coussin.
Ce n'est que la troisième fois au cours de ses 70 ans de règne que la cheffe d'Etat de 96 ans a manqué ce rendez-vous solennel de la démocratie britannique. Enceinte, elle en avait été absente en 1959 et 1963.
C'est aussi la première fois que le prince de Galles, qui la représente déjà à l'étranger depuis plusieurs années et prend une place croissante, la remplace.
La reine a longtemps espéré y assister avant que le palais de Buckingham n'annonce lundi soir qu'elle avait "décidé à contrecœur de ne pas participer au discours du trône", en raison de ses "problèmes de mobilité épisodiques".
Des signes, pour le Daily Mail, que la reine "est toujours vraiment aux commandes": "Mais ne vous y trompez pas, c'est un moment historique pour la Couronne".
Son absence relance les interrogations sur sa participation début juin aux célébrations du jubilé de platine, marquant ses 70 ans de règne.
La semaine dernière, la reine a prévenu qu'elle n'assisterait pas aux garden parties royales de cet été au palais de Buckingham. Sa plus récente apparition en public remonte au service commémoratif du 29 mars pour son défunt mari, le prince Philip, décédé l'année dernière à l'âge de 99 ans.
- Reconquérir des électeurs -
Sur le plan politique, ce discours marque la volonté pour Boris Johnson de se relancer, quelques jours après de lourds revers aux élections locales.
Arrivé triomphalement au pouvoir en juillet 2019, le dirigeant conservateur a vu sa popularité chuter ces derniers mois, sur fond de crise du pouvoir d'achat, critiques sur sa gestion de la pandémie et scandale du "partygate" qui lui a valu une amende, une première pour un chef de gouvernement en exercice.
Le discours s'est ouvert sur une promesse de "renforcer l'économie et contribuer à aider le coût de la vie" face à la flambée des prix frappant les ménages, avec selon une étude publiée par la Food Foundation, des millions de Britanniques qui ne mangent plus à leur faim.
Le texte comprend des mesures de nature à séduire la base conservatrice, notamment des lois destinées à alléger les lourdeurs administratives après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, devenue pleinement effective l'an dernier.
Le gouvernement veut aussi empêcher les "techniques de guérilla" de groupes comme Extinction Rebellion, honnis de sa base, qui ont manifesté en bloquant des routes ou des transports publics "nuisant aux gens qui travaillent dur, coûtant des millions d'argent public aux contribuables et mettant des vies en danger".
Pour pouvoir expulser plus facilement les criminels étrangers, le gouvernement veut modifier la législation relative aux droits de l'Homme.
S'il a réussi à sauver son poste pour l'instant dans le contexte de la guerre en Ukraine, le bouillonnant dirigeant âgé de 57 ans va tâcher de reconquérir des électeurs déçus pour les deux ans qu'il lui reste avant les prochaines législatives. Son discours présentera 38 projets de lois.
Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, lui aussi critiqué pour avoir partagé bières et curry avec une équipe de son parti l'an dernier, a ajouté de la pression sur ses épaules en s'engageant à démissionner s'il reçoit, comme le Premier ministre, une amende pour avoir enfreint les règles anti-Covid.
R.Bernasconi--NZN