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Surprise, le milieu de terrain espagnol Rodri, modèle de joueur collectif, a devancé le soliste Vinicius Jr dans la course au Ballon d'or au terme d'une cérémonie phagocytée par le boycott du Real Madrid, qui n'est venu chercher aucun de ses trophées lundi soir au théâtre du Châtelet à Paris.
Dans une soirée à l'accent espagnol, la Barcelonaise Aitana Bonmati a conservé elle son trophée chez les féminines.
Mais le triomphe de Rodri, maître à penser du Manchester City quadruple champion d'Angleterre et surtout de l'Espagne, vainqueur de l'Euro cet été, a été éclipsé par la polémique déclenchée dans l'après-midi par la bouderie du Real.
Le milieu de 28 ans a été préféré par les 100 jurés à trois joueurs du Real, le Brésilien Vinicius, l'Anglais Jude Bellingham et l'Espagnol Dani Carvajal.
Champion d'Espagne et surtout meilleur joueur de la Ligue des champions, où il a marqué en finale contre le Borussia Dortmund (2-0), "Vini" était pressenti parmi les grands favoris mais paie sa Copa America ratée, où le Brésil a été éliminé en quarts de finale par l'Uruguay (0-0, 4 t.a.b. à 2), un match qu'il n'a pu jouer car il était... suspendu.
"J’en ferai dix fois plus s’il le faut, ils ne sont pas prêts", a-t-il écrit dans un message publié sur son compte X à l'issue de la cérémonie parisienne.
L'absence des "Merengues" a jeté un froid. Aucun représentant de la Maison blanche n'était là pour recueillir le trophée de club de l'année puis le prix Gerd-Müller de meilleur buteur, que Kylian Mbappé partage avec Harry Kane (52 buts chacun). Carlo Ancelotti était absent lui aussi pour recevoir le nouveau trophée Johan Cruyff de meilleur entraîneur.
"Je tiens à remercier ma famille, mon président, mon club, mes joueurs et par-dessus tout Vini et Carvajal", a écrit l'entraîneur italien sur son compte X.
Plusieurs coéquipiers présents ou passés de "Vini" ont aussi affiché leur soutien, comme Toni Kroos ou Karim Benzema sur Instagram. "Politique du football. Mon frère, tu es le meilleur joueur du monde et aucune récompense ne peut dire le contraire", a tweeté le milieu français du Real, Eduardo Camavinga, au-dessus d'une photo avec le Brésilien.
Au Brésil, l'affaire a soulevé une vague d'indignation.
- "Pas bon pour le football" -
Certain que Vinicius Jr ne recevrait pas le Ballon d'Or, le Real Madrid avait annoncé en fin d'après-midi qu'il boycottait le rendez-vous parisien.
"Si les critères d'attribution ne désignent pas Vinicius comme vainqueur", ils "devraient désigner Carvajal", avait expliqué le Real à l'AFP, concluant: "Il est évident que le Ballon d'Or de l'UEFA ne respecte pas le Real Madrid", qui ne vient pas "là où il n'est pas respecté".
"Aucun joueur ni club ne sait lundi après-midi qui a remporté" le trophée, avaient répliqué les organisateurs du Ballon d'or à l'AFP.
Les années précédentes, le vainqueur était mis dans la confidence quelques jours avant la remise du prix, pour réaliser l'entretien avec le magazine France Football, qui décerne la prestigieuse récompense en partenariat avec l'UEFA, et l'info finissait souvent par fuiter.
"Ce n'est pas bon pour le football qu'une entité comme le Real Madrid ne soit pas présente à un gala de cette dimension", a réagi le sélectionneur espagnol Luis de la Fuente à son arrivée à la cérémonie.
- "La figure du milieu de terrain" -
Malgré cette ombre, c'est une consécration pour Rodri, gravement blessé en début de saison et arrivé en béquilles sur le tapis rouge.
"Je crois que ce trophée consacre ma victoire mais aussi la victoire d'autant de joueurs espagnols, d'Iniesta, de Xavi (qui n'ont jamais eu le Ballon d'Or, NDLR), c'est une victoire du foot espagnol et de la figure du milieu de terrain", a-t-il dit.
Rodri met fin au très long règne de Lionel Messi (8 Ballons d'or) et Cristiano Ronaldo (5), qui depuis 2008 n'ont laissé que deux trophées en route, l'un à Luka Modric (2018), l'autre à Karim Benzema (2022). Aucun des deux monstres sacrés ne figurait dans la liste pour la première fois depuis 2003.
Rodri, premier Ballon d'or de Manchester City, mène désormais la nouvelle génération. Avec lui, l'Anglais Jude Bellingham (3e), qu'il a battu en finale en Allemagne avec la Roja (2-1). "Belli" a été un des moteurs de la brillante saison du Real.
Mbappé, arrivé au Real l'été dernier, a terminé 6e, encore derrière Erling Haaland (5e), comme l'an dernier où ils étaient les dauphins de Lionel Messi. Le capitaine des Bleus, visé par une enquête pour viol selon des médias suédois, était donc aussi absent au Châtelet.
Si le règne de Messi et CR7 s'achève, l'Espagnole Aitana Bonmati conserve son Ballon d'or, comme l'avait fait avant elle sa compatriote Alexia Putellas, couronnée en 2021 et 2022.
A 26 ans, Bonmati devance deux de ses coéquipières du Barça, la Norvégienne Caroline Graham Hansen, et une autre Espagnole, Salma Paralluelo.
Le club catalan reçoit donc son quatrième Ballon d'or consécutif (deux pour Bonmati, deux pour Putellas), confirmant sa mainmise et celle de l'Espagne, championne du monde 2023, sur le football féminin mondial. Au-dessus des polémiques du Real.
R.Bernasconi--NZN