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La foule a convergé jeudi vers le palais de Buckingham, où Elizabeth II, de plus en plus rare en public en raison de ses problèmes de santé, doit apparaître au balcon pour les célébrations de 70 ans d'un règne historique.
En lancement des quatre jours des festivités de ce jubilé de platine, des milliers de personnes, portant drapeaux et portraits de la reine, se sont massés le long du Mall, avenue menant au palais, espérant apercevoir la monarque de 96 ans, à la longévité sans précédent pour la monarchie britannique.
A cheval, ses héritiers, les princes Charles et William, sont arrivés dans la fameuse tenue rouge avec long bonnet en poil d'ours pour la traditionnelle parade annuelle du Salut aux couleurs, réunissant plus de 1.200 soldats et des centaines de musiciens. Leurs épouses respectives, Camilla et Kate, sont arrivées en carosse, tandis que le Premier ministre Boris Johnson se trouvait dans les tribunes avec son épouse Carrie.
"C'est une journée unique, cela ne se reproduira pas tant que je serai vivant: 70 ans sur le trône", s'est exclamé Peter, interrogé par l'AFP dans le public.
"Cela n'arrive qu'une fois dans une vie", a renchéri Mark Cornell, venu spécialement du Nord de l'Angleterre, qui assure pourtant n'être pas un fan inconditionnel de la monarchie: "Ils doivent se réinventer pour les nouvelles générations".
Fanions, drapeaux et portraits géants ont été accrochés dans les rues de tout le Royaume-Uni, qui va fêter dimanche l'ultrapopulaire souveraine, symbole de stabilité au fil des décennies de bouleversements pour le pays.
Après la parade de jeudi, une messe est prévue vendredi, un concert géant samedi à Buckingham Palace et surtout des dizaines de milliers de rassemblements populaires, dont des pique-nique géants dimanche.
Ce jubilé de platine apporte un répit et un moment de communion aux Britanniques après plusieurs années de déchirements autour du Brexit et de stricts confinements dus au Covid-19, suivis désormais par une énorme inflation.
"J'espère que les prochains jours seront l'occasion de réfléchir à tout ce qui a été accompli au cours des 70 années, tout en regardant l'avenir avec confiance et enthousiasme", a déclaré dans un message écrit la souveraine, cheffe d'Etat de 15 royaumes, du Royaume-Uni au Canada en passant par la Nouvelle-Zélande.
- Deux fois au balcon -
Jamais aucun souverain britannique n'a régné aussi longtemps qu'Elizabeth, montée sur le trône à 25 ans le 6 février 1952 à la mort de son père, George VI. Il est peu probable qu'un autre atteigne une telle longévité: Charles, le prince héritier a 73 ans, son fils William bientôt 40 ans.
Jeudi, la monarque doit apparaître à deux brèves reprises sur le balcon, à 11H20 GMT pour saluer le défilé puis à 12H00 GMT pour un survol aérien.
A ses côtés, la famille sera limitée aux membres qui ont des fonctions officielles et leurs enfants. Exit donc le prince Harry et Meghan, qui assistent à la parade depuis un autre bâtiment pour leur premier retour ensemble au Royaume-Uni depuis leur fracassant départ en Californie en 2020. Manque aussi le prince Andrew, qui a payé des millions de dollars pour mettre fin à une plainte pour agressions sexuelles.
Dans la soirée, la reine doit allumer à distance, depuis le château de Windsor, une sculpture en forme d'arbre de 21 mètres de haut située devant le palais de Buckingham, où sera présent le prince William.
- Rôle croissant pour Charles -
Confirmées seulement mercredi soir par le palais, les apparitions d'Elizabeth II, devenue rares, sont très attendues. Car sa santé inquiète: depuis une nuit à l'hôpital en octobre, elle a annulé quasiment toutes ses apparitions officielles, remplacée par Charles y compris pour la première fois en mai pour le discours du trône au Parlement.
Affaiblie depuis la mort de son époux Philip l'an dernier, elle a du mal à marcher et s'appuie sur une canne. Elle ne montre cependant aucune volonté d'abdiquer et a fait plusieurs apparitions surprise récemment, souriante et détendue.
Dans cette ambiance de fin de règne, la monarchie a traversé plusieurs crises ces dernières années et se trouve confrontée à des critiques croissantes, notamment dans les anciennes colonies, concernant le passé esclavagiste de l'Empire britannique. Après la Barbade l'année dernière, la Jamaïque a indiqué vouloir couper le cordon avec la couronne pour devenir une République.
Au Royaume-Uni, la reine reste choyée par ses sujets avec 75% d'opinions favorables selon l'institut YouGov mais son héritier Charles est bien moins apprécié (50%). Les jeunes sont plus partagés que leurs aînés sur la monarchie, et, tous âges confondus, seuls 39% des Britanniques pensent que l'institution existera encore dans 100 ans.
A.Senn--NZN