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Elles avaient à peine remis le bec dehors: les volailles de plein air doivent de nouveau être confinées partout en France face à la menace de la grippe aviaire qui a déjà entraîné l'abattage de plus de 770.000 animaux depuis l'été.
Le niveau de risque lié à l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), communément appelée grippe aviaire, a été porté à "élevé" sur l'ensemble du territoire métropolitain par un arrêté publié jeudi au Journal officiel.
"Dans un contexte marqué par une persistance inédite du virus dans l'environnement et une forte activité migratoire d'oiseaux sauvages, il est essentiel de renforcer les mesures de prévention pour éviter la contamination des élevages de volailles", justifie le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.
Ce niveau de risque impose la "mise à l'abri de toutes les volailles", rappelle le ministère.
Il précise que les éleveurs récalcitrants ne pourront pas prétendre pleinement aux indemnisations de l'Etat en cas d'abattage sanitaire.
Les grandes régions de production de volailles - Bretagne, Pays de la Loire, ainsi que le département des Deux-Sèvres - devaient déjà claustrer depuis la mi-octobre, au grand dam du syndicat Confédération paysanne qui redoute "la mort de l'élevage plein air".
Les volailles n'auront finalement été autorisées à goûter au grand air que quelques mois cette année.
"Confiner, on a bien vu que ça ne marche pas, ça ne protège pas du virus. C'est une mesurette qui sert à rien", a réagi auprès de l'AFP Lionel Candelon, éleveur dans le Gers et président de l'association Canards en colère.
Quarante-neuf foyers ont été recensés dans les élevages, selon le comptage de la saison 2022-2023 démarré le 1er août.
En l'espace de trois mois, plus de 770.000 canards, poulets ou poules pondeuses ont été abattues, a appris l'AFP auprès du ministère.
Ce bilan a plus que doublé depuis le précédent bilan communiqué à l'AFP, le 12 octobre, qui faisait état de l'abattage de plus de 330.000 animaux.
- "Frissons" -
Le virus a recommencé à frapper des élevages français dès la fin juillet, de manière exceptionnellement précoce après une saison 2021-2022 catastrophique.
Entre l'automne 2021 et le printemps 2022, plus de 20 millions de volailles ont été abattues dans les élevages infectés ou de manière préventive pour stopper la progression du virus.
Cet épisode inédit par son ampleur a bouleversé la filière avicole. Les grandes terres d'élevage que sont les Pays de la Loire et la Bretagne, épargnées lors des précédentes crises liées au virus, ont été particulièrement touchées.
"Les éleveurs sont traumatisés, certains arrêtent de produire pour ne pas revivre le printemps" dernier, remarquait cette semaine auprès de l'AFP le président de la chambre d'agriculture de Vendée, Joël Limouzin.
La situation "donne des frissons" avait déclaré mercredi devant la presse le président de l'interprofession de l'oeuf (CNPO) Yves-Marie Beaudet, alertant sur les menaces pesant sur la production nationale d'oeufs.
D'abord réticents à l'égard de la vaccination contre l'IAHP, les professionnels de l'aviculture attendent désormais avec impatience que des vaccins soient autorisés. Une expérimentation est en cours en Europe.
Pour M. Limouzin, c'est la seule manière de faire face à un virus devenu "endémique", avec lequel il faudra cohabiter. Sinon, "comment continuer" à produire si des millions d'animaux doivent être euthanasiés chaque année, s'interroge le vice-président du syndicat majoritaire FNSEA.
"Il faut vacciner, défend aussi Lionel Candelon depuis le Gers. C'est la seule solution qu'on n'a pas essayée. (...) Si ça ne marche pas, au moins on aura essayé. Le risque c'est qu'on abatte 15 millions de volailles."
Avant même la reprise de l'épizootie cet été, la facture de la grippe aviaire s'élevait pour l'Etat français à plus d'un milliard d'euros pour indemniser les pertes des professionnels.
Les confinements à répétition obligent à suspendre les mentions de l'élevage plein air dans les cahiers des charges de productions réputées, comme le canard à foie gras du Sud-Ouest ou les oeufs de Loué.
Le virus est présent dans 17 autres pays européens, selon la plateforme française d'épidémiosurveillance en santé animale (ESA). Les oiseaux domestiques et volailles doivent être confinés dans toute l'Angleterre depuis le 7 novembre.
O.Hofer--NZN