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L'Académie des Oscars a annoncé lundi avoir ouvert une "enquête" sur l'incident survenu la veille lors de la soirée de gala, durant laquelle l'acteur Will Smith a giflé l'humoriste Chris Rock après une blague sur les cheveux ras de son épouse.
"L'Académie condamne les actions de M. Smith lors du show de la nuit dernière", écrit l'organisation dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Nous avons officiellement entamé une enquête sur cet incident", précise l'Académie des arts et sciences du cinéma, qui va examiner les suites à donner à l'affaire au regard de ses "règlements et de la loi californienne".
C'est une plaisanterie de Chris Rock sur le crâne rasé de Jada Pinkett Smith, l'épouse de Will Smith atteinte d'alopécie -- une maladie provoquant une importante chute de cheveux, dont elle a révélé souffrir voici quelques années -- qui a déclenché l'esclandre.
Will Smith monte alors sur scène et lui décoche une gifle. "Laisse le nom de ma femme hors de ta putain de bouche!", lance l'acteur de 53 ans à deux reprises, une fois de retour dans son fauteuil.
Que risque l'acteur, sacré un peu plus tard "meilleur acteur" pour son rôle dans "La Méthode Williams" ?
Certains ont appelé l'Académie des Oscars à lui retirer sa récompense mais l'actrice Whoopi Goldberg, l'une des administratrices de l'Académie, a estimé que cela ne serait pas le cas.
- Sanctions disciplinaires ? -
"Il y aura des conséquences, j'en suis sûre, mais je ne pense pas que c'est ce qu'ils vont faire, surtout parce que Chris" Rock a dit qu'il ne porterait pas plainte, a-t-elle dit à la télévision.
Sur le plan pénal non plus, aucune poursuite ne paraît possible à ce stade faute de plainte de Chris Rock, avait indiqué la police de Los Angeles dimanche soir.
Will Smith s'exposerait donc seulement à des sanctions disciplinaires, qui peuvent aller selon le code de conduite de l'Académie de la simple réprimande à l'expulsion.
La première punition infligée à l'acteur est venue des réseaux sociaux, où beaucoup dénonçait la violence dont il a fait preuve.
La condamnation la plus virulente est venue de l'acteur et réalisateur américain Judd Apatow dans un tweet qu'il a ensuite effacé mais que la comédienne Mia Farrow a repris: Will Smith "aurait pu le tuer. Il a tout simplement perdu le contrôle de sa colère et sa violence (...). Il a perdu la tête."
Mia Farrow elle-même, plus consensuelle, a défendu le comique Chris Rock, qui n'a fait "qu'une plaisanterie, comme il sait en faire".
Le joueur star des Golden State Warriors de San Francisco, le basketteur Stephen Curry, s'est dit lui "toujours sous le choc, comme tout le monde".
Pour l'écrivaine britannique Bernardine Evaristo, dont le père est nigérian, Will Smith a manqué une occasion de donner l'exemple, notamment pour les Afro-Américains: alors qu'il n'est "que le cinquième Noir en près de 100 ans à gagner un Oscar pour un rôle titre et le premier en 16 ans, (il) recourt à la violence au lieu d'utiliser le pouvoir des mots pour terrasser Chris Rock", a-t-elle dénoncé sur Twitter.
"Et ensuite il invoque Dieu et l'amour qui lui auraient fait faire ça", a-t-elle encore fustigé.
- "Manque de respect" -
De fait, Will Smith a présenté ses excuses dimanche à l'Académie des Oscars en affirmant, en larmes, que "l'amour vous fait faire des choses folles", tout en condamnant les "gens qui vous manquent de respect".
Mais le réalisateur Rob Reiner s'est interrogé sur la sincérité de ces excuses, relevant qu'elles ne s'adressaient pas à Chris Rock lui-même. Will Smith peut s'estimer "chanceux que Chris ne porte pas plainte pour agression", écrit-il.
Le rappeur Sean "Diddy" Combs a assuré dimanche après la cérémonie que les deux hommes étaient passés outre ce coup de sang. "Ce n'est pas un problème. C'est fini. Je peux le confirmer", a déclaré Diddy au site people Page Six.
"Tout va bien", avait confirmé peu après à Variety Will Smith lui-même, alors qu'il participait à une soirée en compagnie de son épouse et ses enfants. L'acteur avait boudé la salle de presse des Oscars après la remise de son trophée.
Certaines célébrités ont toutefois apporté leur soutien à Will Smith. L'ancien chanteur des One Direction, Liam Payne, a ainsi réagi auprès de journalistes: "Je crois que quoi qu'il ait fait, il avait le droit de le faire."
L'élue démocrate du Massachusetts Ayanna Pressley, elle aussi atteinte d'alopécie, l'a remercié dans un tweet depuis effacé. "Bravo à tous les maris qui défendent leurs femmes atteintes d'alopécie face à l'ignorance et aux insultes du quotidien", avait-elle écrit.
Will Smith a également été défendu par l'actrice Tiffany Haddish: "C'est ce que votre mari est supposé faire, non? Vous protéger", a-t-elle dit au magazine People.
F.E.Ackermann--NZN