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Les Golden Globes ont honoré dimanche "Emilia Perez", l'oeuvre inclassable de Jacques Audiard, qui a notamment raflé le prix du meilleur film international, lors d'une cérémonie qui sacre pour le moment des vainqueurs très divers.
A mi-cérémonie, l'odyssée musicale du cinéaste français sur la transition de genre d'un narcotrafiquant mexicain comptait trois statuettes avec un Golden Globe du meilleur second rôle féminin, pour Zoe Saldaña, brillante en avocate kidnappée par l'héroïne du film, et le prix de la meilleure chanson pour les artistes français Camille et Clément Ducol, qui ont composé la bande originale.
Jacques Audiard a dédié son Globe du meilleur film international "à tous ceux qui se sentent aujourd'hui inquiétés".
"Ce prix leur est adressé, comme une exhortation à garder la tête haute, à continuer de se battre et d'espérer en des jours meilleurs", a insisté le cinéaste français.
Avec 10 nominations, son film primé à Cannes et promu par Netflix, n'a toutefois pas réussi à faire carton plein, deux mois avant les Oscars.
Le réalisateur français a été devancé par Brady Corbet pour le prix de la meilleure réalisation, pour "The Brutalist", long portrait d'un architecte survivant de l'Holocauste tentant de refaire sa vie aux États-Unis.
"Je suis honoré d'être en si bonne compagnie avec des cinéastes que j'admire sincèrement", a salué l'Américain, en recevant son prix.
- La sensation Demi Moore -
Récompensée et très remarquée à Cannes, la star d'"Emilia Perez" Karla Sofía Gascón n'a elle pas eu le même succès auprès d'Hollywood.
L'actrice transgenre a été devancée par l'Américaine Demi Moore, récompensée pour sa performance très engagée dans un autre film français, "The Substance."
Dans cette fable horrifique de Coralie Fargeat, qui ne lésine pas sur le gore, l'actrice de 62 ans incarne une ancienne gloire d'Hollywood accro à un sérum de jouvence. Une substance qui génère un double rajeuni d'elle-même, aux pulsions destructrices.
Demi Moore a remercié la Française pour "ce script magique, audacieux, courageux, hors des sentiers battus, complètement fou", qui lui permet d'être enfin reconnue lors d'une cérémonie majeure.
"Je suis en état de choc", a insisté la comédienne. "Je fais ce métier depuis longtemps, depuis plus de 45 ans, et c'est la première fois que je gagne quelque chose en tant qu'actrice."
L'humoriste Nikki Glaser a ouvert la soirée avec un déluge de blagues bien senties, notamment en s'attaquant à "Challengers", comédie sur un triangle amoureux avec Zendaya.
"Ce film était plus chargé sexuellement que la carte de crédit de Diddy", le rappeur actuellement en détention provisoire à cause de multiples accusations de viols et d'agression sexuelle, a-t-elle plaisanté.
- "Moins prévisible" -
Les Golden Globes se sont réformés ces dernières années, après le vaste scandale révélé en 2021 sur la corruption et le racisme de leurs membres.
Leur jury s'est notamment beaucoup élargi et diversifié. La cérémonie est "moins prévisible" et "assurément plus internationale", observe pour l'AFP Pete Hammond, chroniqueur chez Deadline. "Ils sont plus ouverts à des genres de films différents".
Les catégories dramatiques, traditionnellement séparées des comédies par les Golden Globes, reflètent également cette évolution.
Le film canadien "The Brutalist" a ainsi obtenu sept nominations. Il vise le prix du meilleur film dramatique, mais devra notamment se défaire du thriller papal "Conclave", qui a remporté le Golden Globe du meilleur scénario en début de soirée dimanche.
Les vedettes des deux films, Adrien Brody et Ralph Fiennes - brillant en cardinal englué dans les manigances du Vatican pour élire un nouveau pape - s'affrontent pour le titre de meilleur acteur dans un film dramatique.
Une course où s'invite également Timothée Chalamet, pour son incarnation remarquée de Bob Dylan dans "Un parfait inconnu".
Mais cette année, c'est pour les actrices que les Golden Globes revêtent le plus d'importance, trois jours avant la clôture du vote pour les nominations aux Oscars.
Déjà féroce côté comédies, la concurrence l'est tout autant côté drames.
Angelina Jolie brille avec son interprétation de la cantatrice Maria Callas dans "Maria", Nicole Kidman impressionne en femme de pouvoir à la sexualité trouble dans "Babygirl", et Fernanda Torres émeut en veuve dévouée à ses enfants sous la dictature brésilienne des années 70, dans "Je suis toujours là".
Les Oscars, qui ne séparent pas les drames des comédies, ne retiendront que cinq comédiennes.
G.Kuhn--NZN