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Le directeur de l'information de France Télévisions Laurent Guimier est maintenu malgré la motion de défiance votée contre lui jeudi, mais elle représente un "signal important qui doit être pris en compte", a indiqué la présidente du groupe public Delphine Ernotte vendredi.
"J'ai confié à Laurent Guimier et à l'équipe de la direction de l'information le soin de proposer et de mettre en œuvre au plus vite une méthode nouvelle, une organisation et des actions concrètes pour répondre à ces attentes", souligne Mme Ernotte dans un e-mail envoyé à la rédaction et consulté par l'AFP.
"Ils auront tout mon soutien dans cette nouvelle démarche qui doit permettre de rétablir rapidement la confiance au sein de la rédaction", poursuit-elle.
Cette motion de défiance a été votée jeudi soir à une large majorité par les rédactions nationales de France Télévisions: 79,52% des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 71,09% sur l'ensemble des quatre rédactions (France 2, France 3 National, la rédaction web de franceinfo.fr et la rédaction d'info en continu franceinfo:TV).
Le catalyseur a été la question du non-renouvellement de certains CDD mais, selon des sources internes, la motion s'explique plus largement par des "relations compliquées" entre la rédaction et M. Guimier, en poste depuis septembre 2020.
Selon des témoignages concordants, nombre de journalistes jugent qu'il est trop peu présent. Beaucoup lui reprochent également d'avoir fait profil bas face au président de la République Emmanuel Macron lorsque celui-ci a selon eux snobé des sollicitations de France Télévisions au profit d'autres rédactions.
Le vote de la motion de défiance est "le témoignage de réelles difficultés dans un contexte de tensions croissantes entre l'exigence éditoriale qui est la nôtre d'une part; notre organisation et ses ressources d'autre part", estime Mme Ernotte dans son message interne.
"Il est donc urgent de trouver collectivement des solutions pour répondre à vos attentes et améliorer l'exercice de nos missions, comme de retrouver la sérénité des équipes au sein de la direction de l'information", conclut-elle.
"La présidente ne pourra pas se contenter de cette seule réponse", a réagi le syndicat SNJ (Syndicat national des journalistes) dans un communiqué, en faisant part de son "impatience accrue".
"Nous attendons autre chose", a poursuivi le syndicat, en citant notamment "un changement global des lignes éditoriales ainsi que des pratiques managériales" et "la fin de la précarité organisée".
En avril 2016, les journalistes de France Télévisions avaient également adopté une motion de défiance contre le directeur de l'information de l'époque Michel Field. Il avait finalement démissionné un an plus tard, alors qu'une seconde motion de défiance s'annonçait.
A.Ferraro--NZN