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Le chorégraphe de la troupe de danse Mayyas, victorieuse de la finale du télé-crochet America's Got Talent, a dénoncé la classe politique libanaise et appelé à la "révolution" dès son arrivée vendredi à Beyrouth.
Des dizaines de proches des danseuses ont offert à la troupe des fleurs à l'aéroport de Beyrouth alors que des milliers de Libanais ont regardé à la télévision l'arrivée de la troupe, qui les a remplis de fierté, à un moment où leur pays est ravagé par une crise économique et politique inédite.
"On n'a pas besoin de vous (les politiciens), les Mayyas ont rendu fier le Liban sans votre aide", a déclaré à l'AFP le chorégraphe Nadim Cherfan à l'aéroport, cristalisant la frustration de nombreux Libanais sur la situation politique dans leur pays.
La victoire des Mayyas a apporté un rare moment de répit et d'unité dans un Liban frappé depuis presque trois ans par une crise sans précédent.
Signes d'un mécontentement populaire grandissant, plusieurs épargnants, acclamés par leurs concitoyens, ont récemment braqué des banques au Liban, avec des armes réelles ou factices dans le but de récupérer leurs dépôts gelés par les banques. Cinq banques ont ainsi été prises d'assaut vendredi.
"Les gens devraient braquer toutes les banques, secouer le pays", a déclaré M. Cherfan.
La troupe Mayyas a également décroché à la finale d'America's Got Talent la somme d'un million de dollars et la possibilité de se produire en une d'un show à Las Vegas.
Déjà lauréate d'Arabs Got Talent en 2019, la troupe a remporté cette victoire avec un show extravagant, mêlant danse du ventre, éventails en plumes et jeux de lumière.
De nombreux fans ont salué la performance de cette troupe, entièrement formée de femmes, qualifiant le show d’hypnotique et de fascinant.
Le Liban est plongé dans une grave crise économique depuis 2019. La livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur et 80% de la population a plongé dans la pauvreté.
Beyrouth continue de faire face aux stigmates de l'explosion meurtrière de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium en 2020, qui a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés et dévasté des quartiers entiers de la capitale libanaise.
"Votre travail est de nourrir le peuple qui a faim et d'amener l'électricité", a ajouté M. Cherfan en interpellant la classe politique libanaise.
"En tant qu'artistes, nous sommes en train de mener une révolution artistique", a-t-il ajouté, en référence aux manifestations anti-gouvernementales de 2019 que de nombreux Libanais ont qualifié de "révolution" à l'époque.
D.Graf--NZN