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Xavier Niel, propriétaire du groupe de télécoms Iliad et actionnaire de plusieurs médias, a affiché vendredi son hostilité à la fusion TF1-M6, vivement défendue aussitôt après par Martin Bouygues.
Auditionnés chacun leur tour devant la commission d'enquête sur la concentration des médias au Sénat, les deux grands patrons ont fait valoir leurs arguments: alors que M. Niel s'est emporté sur l'ultra domination des deux groupes audiovisuels TF1 et M6, M. Bouygues l'a accusé de "tout ramener à des histoires d'argent, son argent".
M. Niel a souligné n'être "pas confortable" devant les prises de position des autorités de régulation françaises sur cette opération de fusion des deux principaux groupes audiovisuels privés en France. Elle est soumise à l'autorisation de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) et de l'Autorité de la concurrence.
Très offensif, M. Niel a confirmé avoir lancé plusieurs recours devant la justice.
"Cette fusion est à peine annoncée que le président de l'Arcom nous dit, avant même de nous avoir auditionnés: +Tout va bien, circulez!+. La ministre de la Culture nous dit: +Tout va bien, circulez!+. La présidente de l'Autorité de la Concurrence dit: +On va regarder+. Elle est virée. On se dit à un moment qu'on n'est pas totalement en confiance", a-t-il fustigé.
L'ex-présidente de l'Autorité de la concurrence, Isabelle De Silva, remplacée par Benoît Coeuré début janvier, avait reconnu en octobre avoir été "un peu surprise" par le non-renouvellement de son mandat, auquel elle était candidate.
"Mon pays est une grande démocratie. Je crois en sa justice mais j'ai parfois un petit doute dans ces autorités indépendantes quand cette opération, qui est incroyablement complexe en termes de concurrence, est soutenue par des gens qui normalement devraient faire preuve d'un peu plus de réserves", a souligné M. Niel, réclamant "quelque chose de juste".
Pour pouvoir mener à bien ce projet, TF1 et M6 devront vendre plusieurs chaînes ou céder une fréquence de la télévision numérique terrestre (TNT) pour rentrer dans les clous de la réglementation, selon laquelle un groupe peut détenir sept chaînes au maximum.
Au contraire de son rival Patrick Drahi, propriétaire du groupe Altice (BFM, RMC, SFR...) qui s'était dit prêt à récupérer certains de ces actifs, M. Niel a affirmé ne pas être intéressé.
"Cela me paraît tellement aberrant que je ne peux même pas me projeter dans ce monde", a-t-il déclaré, confirmant toutefois avoir été candidat au rachat de M6, via Mediawan et ses "partenaires", avant que l'offre de TF1 ne l'ait emportée.
Or, pour Martin Bouygues, la fusion TF1-M6 se justifie par "l'arrivée d'acteurs de taille planétaire, les Gafam" (Google, Facebook...) qui ont mis à mal le modèle économique de la télévision traditionnelle.
Les chaînes sont en effet confrontées à une baisse d'audience car les téléspectateurs regardent de plus en plus les plateformes, ce qui engendre des recettes publicitaires moindres --les annonceurs détournant une partie de leurs investissements vers le net-- ce qui implique moins d'argent pour créer des contenus pour la télévision traditionnelle.
Seule solution pour M. Bouygues: "croître pour résister et construire l'avenir".
R.Bernasconi--NZN