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La famille de la petite Maëlys a salué vendredi la condamnation à perpétuité de Nordahl Lelandais, qui ne fera pas appel, mais a regretté que de nombreuses questions demeurent sans réponse à l'issue de trois semaines de procès.
"La peine est à la hauteur de ce que j’attendais", a déclaré la mère de la fillette de huit ans Jennifer Cleyet-Marrel à l'issue de l'audience, après trois semaines de procès devant la cour d'assises de l'Isère. "La perpétuité, c’est ce qu’on a pris en n’ayant plus Maëlys".
Pour autant, "on ne saura toujours pas de quoi est vraiment décédée Maëlys", a-t-elle relevé. "Il n’y a que lui qui sait, mais il est condamné et j’espère qu’il va penser profondément à tout ce qu’il a fait", a-t-elle ajouté en serrant la photo encadrée de sa fille dans ses bras.
Le père de la fillette, Joachim De Araujo, a émis le même regret: "On sait qu’il part en prison et qu’il ne fera plus de mal à personne, ça nous soulage".
Comme la qualification de viol de la petite fille "n’a pu être retenue" faute d'éléments matériels, "on n’aura jamais cette vérité", a-t-il déploré, alors que l'accusé a endossé les faits étayés par des preuves mais nié toute atteinte sexuelle sur l'enfant.
Colleen, la soeur aînée de la fillette, s'est déclarée heureuse du verdict mais "déçue par +l’autre+, dans le box": "il aurait pu nous apporter plus de vérités".
La cour d'assises a condamné vendredi l'ancien militaire de 39 ans à la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité, pour le meurtre de la petite Maëlys De Araujo, en août 2017. Il a été déclaré coupable de tous les chefs d'accusation retenus contre lui.
- "Danger social absolu" -
Cette condamnation, qui est assortie d'une mesure de sûreté de 22 ans, est conforme aux réquisitions de l'avocat général qui avait qualifié l'ex-militaire de "danger social absolu".
L'ancien maître-chien était jugé depuis le 31 janvier pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys dans la nuit du 26 au 27 aout 2017, lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère), ainsi que pour des agressions sexuelles de deux petites-cousines âgées de 4 et 6 ans au cours du même été.
Il a reconnu tous ces faits et ses penchants "pédophiles" mais a toujours nié farouchement tout mobile sexuel au sujet de Maëlys.
Tous les efforts de la cour pour tenter d'y voir plus clair sur ce point essentiel se sont heurtés à un mur. L'état trop dégradé du corps de la fillette, retrouvée six mois après les faits, n'a pas permis d'apporter de réponse à ce sujet.
Pour l'avocat du père, Me Laurent Boguet, il s'agit d'une source "d’insatisfaction importante". "Finalement cette famille meurtrie devra accepter que Nordahl Lelandais remporte avec lui des éléments sur comment il a pu procéder, pourquoi il l’a fait, quelles ont été les dernières actions de cette fillette".
Depuis le début du procès, l'accusé a livré des versions fluctuantes sur la disparition de la fillette, variant notamment sur les circonstances de l'enlèvement de sa victime. Il a répété tout au long du procès qu'elle était montée de son plein gré dans sa voiture parce qu'elle souhaitait voir ses chiens. Une version qui n'a jamais convaincu les parties civiles.
Il a fini par reconnaître l'avoir tuée "volontairement" en la frappant violemment au visage. Il a justifié cette flambée soudaine de violence en évoquant un accès de panique.
- Pas d'appel -
Le verdict a été accueilli par un silence ému dans la salle d'audience du palais de justice de Grenoble. Debout dans son box, Nordahl Lelandais a réagi calmement.
Sa défense a immédiatement indiqué qu'elle ne ferait pas appel du verdict.
"C’est dur d’entendre le mot de perpétuité (...) On ne va pas faire de suspense, il n’y aura pas d’appel", a déclaré son avocat Me Alain Jakubowicz.
"La justice a été rendue, tout le monde l’attendait, elle est là, au rendez-vous, au terme d’un procès éprouvant pour tout le monde", a-t-il souligné.
Dans son réquisitoire jeudi, l'avocat général Jacques Dallest avait demandé la peine maximale, qualifiant Lelandais de "grand prédateur" et de "destructeur de bonheur".
Me Jakubowicz avait de son côté plaidé pour une peine de 30 ans afin de permettre à son client de "conserver un espoir, fût-il lointain".
Nordahl Lelandais purge déjà une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du jeune militaire Arthur Noyer qu'il avait pris en stop à Chambéry en avril 2017.
Juste avant le début du délibéré, qui a duré environ 7 heures, Lelandais avait une nouvelle fois présenté ses excuses à la famille de Maëlys: "je sais que les familles n'accepteront jamais mes excuses mais je me dois de leur présenter avec la plus grande sincérité".
P.Gashi--NZN