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Le président français Emmanuel Macron a plaidé mercredi devant le Parlement européen pour faire de l'Union européenne "une puissance d'avenir", mais sa capacité d'action a été mise en doute par le télescopage avec la campagne pour l'élection présidentielle d'avril en France.
"Nous devons retrouver ensemble une Europe puissance d'avenir, c'est-à-dire une Europe apte à répondre aux défis climatiques, technologiques, numériques mais aussi géopolitiques; une Europe indépendante en ce qu’elle se donne encore les moyens, de décider pour elle-même de son avenir, et de ne pas dépendre des choix des autres grandes puissances", a-t-il soutenu.
"Nous n'avons pas besoin de mots, mais d'actions", lui a répondu l'Allemand Manfred Weber, président du Parti populaire européen, la droite pro-européenne, première force du Parlement, qui a ouvertement soutenu la candidature de Valérie Pécresse (droite) à la présidentielle française.
"Tous les six mois, nous accueillons ici, dans cette enceinte, une nouvelle présidence. Pour nous, c'est une sorte de routine et parfois, je dois même dire, une sorte de routine ennuyeuse, parce que sur les grandes questions à l'ordre du jour, nous entendons tous les six mois la même chose", a-t-il déploré.
Emmanuel Macron venait d'exposer les ambitions du semestre de présidence française du Conseil de l'UE (PFUE) et de plaider pour la création d'un "nouvel ordre de sécurité" avec l'Otan face à la Russie, sur fond de fortes tensions à propos de l'Ukraine.
"Nous devons le construire entre Européens, puis le partager avec nos alliés dans le cadre de l'Otan, puis ensuite le proposer à la négociation à la Russie", avait expliqué le président français.
"Cette présidence n'entrera pas dans l’histoire grâce à vos talents d’orateurs, mais grâce à ce que tous ensemble nous serons capables de réaliser", a averti la présidente du groupe socialiste (deuxième groupe au Parlement), l'Espagnole Iratxe Garcia Perez.
- Rappel à l'ordre -
Les six intervenants suivants ont été des élus français et le débat a basculé dans la campagne électorale.
La nouvelle présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, a été contrainte à un rappel à l'ordre. "Je vous rappelle qu'ici, ce n'est pas la campagne présidentielle française", a-t-elle averti, sans être écoutée.
Emmanuel Macron n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature pour un second mandat, et ses opposant l'accusent d'utiliser la présidence de l'UE pour faire campagne sans le dire.
Depuis son élection en 2017, célébrée au son de l'hymne de l'UE, Emmanuel Macron se pose en chef de file des pro-Européens face aux "nationalistes" et "populistes".
Dans son discours, il a affirmé que "ni le retour au nationalisme, ni la dissolution de nos identités ne seront les réponses à ce monde qui advient", marqué par "le retour du tragique de l'histoire". La priorité est de défendre l'Etat de droit, qui "est notre trésor", et "il s'agit partout de reconvaincre les peuples qui sont éloignés".
Il faut "actualiser" la Charte des droits fondamentaux , afin d'être "plus explicites" sur la protection de "l'environnement et le droit à l'avortement", a-t-il soutenu, au lendemain de l'élection d'une présidente du Parlement opposée à l'IVG. Roberta Metsola a soutenu cette demande.
L'avortement relève de la compétence des Etats et Malte est le seul des 27 où il est complètement interdit.
Roberta Metsola a affirmé à Emmanuel Macron qu'il pouvait "compter" sur les eurodéputés "pour apporter des réponses" aux propositions de la PFUE.
Les interventions des élus français ont été souvent virulentes.
"Votre Europe ne sera jamais la nôtre (...) Vous resterez dans l'histoire comme le président de l'inaction climatique, vous préférez procrastiner (...) plutôt que sonner la mobilisation générale", a lancé l'écologiste Yannick Jadot, seul candidat à la présidentielle en France élu à Strasbourg.
"Personne ne croit vraiment au calendrier de la présidence française. Il servira plus à la campagne" pour la présidentielle française, a déploré François-Xavier Bellamy, élu les Républicains (droite pro-européenne). "Ce semestre sera en fait un trimestre d'actions", a pour sa part souligné la socialiste Sylvie Guillaume.
Emmanuel Macron s'est attaché a répondre à chacune des critiques pendant cinq heures. Il a promis des propositions et des décisions et évoqué plusieurs sommets, sur les océans, avec l'Afrique, avec l'Amérique Latine.
A.Weber--NZN