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Rarement l'allocution d'un président américaine aura été aussi attendue: Joe Biden doit s'adresser aux Américains jeudi, quelques heures après que Vladimir Poutine a lancé l'invasion de l'Ukraine, et annoncer des représailles massives contre l'économie russe.
Dans une première réaction nocturne à l’annonce par le président russe du lancement d'une "opération militaire" contre l'Ukraine, le président américain a dénoncé, par communiqué, "une guerre préméditée qui entraînera des souffrances et pertes humaines catastrophiques".
Joe Biden, qui a réuni jeudi matin ses conseillers à la sécurité nationale dans la célèbre "Situation Room", doit s'exprimer jeudi sur les "conséquences" pour la Russie de cette annonce - à la mi-journée à l'heure locale, selon la Maison Blanche.
Il se sera auparavant entretenu avec ses homologues du G7, à 09H00 locale (14H00 GMT).
Joe Biden a promis que "le monde exigera(it) des comptes" de Moscou.
Les Etats-Unis avaient déjà dévoilé mardi, puis mercredi, des premières salves de représailles économiques, en réponse à la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des territoires sécessionnistes dans l'est de l'Ukraine.
Les Américains entendent à la fois ébranler à court terme la Russie, en forçant le pays dans une sorte d'autarcie financière, et saper les projets de diversification économique à long terme d'un pays ultra-dépendant de ses ventes d'hydrocarbures.
Le tout en tapant au portefeuille des oligarques russes, qui ont investi leurs immenses fortunes à l'étranger et qui dépensent sans compter dans les lieux de villégiature du monde entier.
Sont d'ores et déjà sanctionnés par Washington: l'entreprise chargée d'exploiter le gazoduc Nord Stream 2 - soit 11 milliards de dollars d'investissement qui rouillent désormais "au fond de la mer", pour reprendre une terminologie chère à l'administration américaine.
Mais aussi deux banques publiques russes (Vnesheconombank et Promsvyazbank), et cinq oligarques proches du président russe, qui voient leurs avoirs gelés et se retrouvent interdits de toute transaction avec des entités américaines.
Les Américains ont par ailleurs d'ores et déjà décidé de couper l'accès du gouvernement russe au marché international de la dette souveraine.
- Cartouches au sec -
Mais Joe Biden a assuré que la première puissance économique mondiale, qui a exclu toute intervention militaire en Ukraine, avait encore des cartouches au sec.
Et sa porte-parole Jen Psaki a dévoilé une piste mercredi: "il existe d'autres institutions financières, par exemple les deux plus grandes banques russes, qui ne font pas partie" des sanctions déjà annoncées.
En l’occurrence Sberbank et VTB Bank, deux établissements qui ensemble détiennent "750 milliards de dollars d'actifs, la moitié du système bancaire russe", avait rappelé mercredi le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.
Le président américain a, de plus, déjà fait savoir qu'il n'excluait pas de sanctionner financièrement Vladimir Poutine lui-même, et qu'il envisageait aussi d'interdire l'exportation vers la Russie de technologies américaines.
Les Etats-Unis ont aussi laissé entendre qu'ils pourraient couper l’accès de la Russie aux transactions en dollars, la devise reine des échanges mondiaux.
Les commentateurs spéculent par ailleurs sur l'emploi d'une arme financière massive, mais que les Américains ne peuvent déclencher seuls: interdire aux banques russes d'utiliser le système de messagerie SWIFT, un rouage essentiel de la finance mondiale, ce qui reviendrait à isoler complètement la Russie sur le plan bancaire
Pour ce faire, Washington doit toutefois rallier les Européens. Les Etats-Unis ont par le passé déjà réussi à couper l'accès à SWIFT de certaines banques iraniennes, en guise de représailles contre le programme nucléaire de Teheran, mais s'en prendre au système bancaire russe aurait une toute autre dimension.
Au-delà des détails techniques des sanctions, ce discours sera aussi pour Joe Biden un moment crucial à la fois sur le plan national, et sur la scène internationale.
Loin de proclamer l'union sacrée face à l'offensive militaire russe, certains adversaires républicains ont choisi d'étriller la gestion de la crise autour de l'Ukraine par Joe Biden, l'accusant d'avoir été trop timoré face à Vladimir Poutine.
Le président a misé sur le partage tous azimuts des renseignements militaires américains et sur la menace de sanctions, sans réussir à faire reculer le président russe.
Les alliés des Etats-Unis jaugeront eux aussi la détermination d'un président américain qui, après le tumultueux mandat Trump, a promis que les Etats-Unis mèneraient le grand combat des démocraties contre les autocrates du monde entier.
O.Pereira--NZN