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L'armée ukrainienne fait face mardi à une nouvelle offensive des forces russes sur Kiev, Kharkiv et plusieurs villes du pays, au lendemain de premiers pourparlers infructueux sur fond de sanctions occidentales croissantes contre la Russie.
Au sixième jour de l'invasion russe de l'Ukraine, la place centrale de Kharkiv, deuxième ville du pays avec 1,4 million d'habitants, proche de la frontière russe, a été bombardée et la préfecture régionale touchée, a indiqué le gouverneur régional Oleg Sinegubov, dans une vidéo sur Telegram montrant l'explosion.
Des combats ont également eu lieu lundi à Okhtyrka, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Kharkiv, qui auraient tué "environ 70 combattants ukrainiens" mais aussi de nombreux Russes, selon les autorités locales. Interrogée, l'armée ukrainienne n'a pas confirmé ce bilan.
Les forces russes "se sont regroupées, accumulant véhicules blindées, missiles et artillerie pour encercler et capturer Kiev, Kharkiv, Odessa, Kherson et Marioupol", a affirmé la présidence ukrainienne dans un communiqué.
L'électricité était coupée mardi matin dans le grand port de Marioupol (sud-est) après une offensive russe, a indiqué le gouverneur de la région de Donetsk dont elle fait partie. Le chef des séparatistes prorusses de la région de Donetsk, Denis Pouchiline a dit que l’objectif était d'encercler dans la journée cette ville stratégique de la mer d'Azov.
Sa prise par l'armée russe doit permettre la jonction des forces russes qui avancent le long de la côte de la mer d'Azov depuis la Crimée annexée par Moscou, des troupes dans le territoire séparatiste prorusse de Donetsk et la frontière avec la Russie.
Des photos satellites diffusées dans la nuit par la société américaine d'imagerie satellitaire Maxar montrent en outre un convoi russe s'étirant sur des dizaines de kilomètres et se dirigeant vers la capitale ukrainienne depuis le nord-ouest.
La partie avancée du convoi était près de l'aéroport Antonov, à environ 25 km de Kiev, cible stratégique et au coeur de violents affrontements depuis le début de l'invasion russe jeudi.
Les défenseurs de Kiev, en partie désertée après la fuite d'habitants par milliers, ont érigé des barricades de fortune et reprogrammé des panneaux électroniques sur les grandes avenues pour prévenir les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".
L'état-major ukrainien a aussi cité un assaut selon lui repoussé près de Chernihiv, au nord-est de Kiev, autre direction depuis laquelle les Russes approcheraient vers la capitale.
L'armée russe a aussi érigé des barrages routiers à tous les points d'entrée de la ville côtière de Kherson (Sud, 290.000 habitants), plus à l'ouest, selon son maire, Igor Kolikhaïev.
Ce dernier a appelé les habitants à rester "calmes et prudents" et à ne pas "provoquer" l'adversaire. "Ce n'est pas une bataille, c'est une guerre. Et la guerre se gagne par des actes raisonnables et avec sang-froid", a-t-il écrit sur sa page Facebook.
- "Détruire économiquement" la Russie
Face à la menace, le président Volodymyr Zelensky a appelé mardi matin la communauté internationale à envisager "une fermeture totale à la Russie de "tous les ports" et "aéroports du monde", et appelé à "détruire économiquement" la Russie.
Les Occidentaux semblent prêts à adopter cet objectif. Ils ont annoncé lundi soir, après un nouvel échange entre le président américain Joe Biden et ses alliés français, américain, britannique, canadien, allemand, italien, japonais, polonais et roumain, qu'ils entendaient durcir plus encore les sanctions d'une ampleur déjà historique adoptées contre la Russie depuis le début de l'offensive.
Des sanctions auxquelles se sont ralliées des centres bancaires très prisés des grandes fortunes russes, comme la Suisse, pourtant attachée à sa neutralité, ou Monaco.
"Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe", a affirmé mardi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, dont le pays assume jusqu'en juin la présidence de l'Union européenne.
Le géant du transport maritime Maersk va lui arrêter de desservir les ports russes.
La communauté internationale multiplie les mesures de représailles envers la Russie, essayant d'étrangler ses moyens de financement et bloquant les avoirs de Vladimir Poutine et de tous ses proches. La Russie a aussi déjà été exclue d'une multitude d'évènements sportifs et culturels.
Alors que les Etats-Unis et plusieurs pays occidentaux ont invité leurs ressortissants à quitter la Russie, les Etats-Unis ont aussi annoncé l'expulsion pour "espionnage" de 12 diplomates de la mission russe à l'ONU à New York. Une "démarche hostile" selon Moscou.
Mais malgré une pression occidentale de plus en plus forte, et des manifestations contre la guerre dans de nombreux pays, Vladimir Poutine maintient ses exigences.
Lors d'un échange lundi avec Emmanuel Macron, il a posé comme conditions la reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, et la démilitarisation et "dénazification" de l'Ukraine, au moment où se tenaient de premiers pourparlers russo-ukrainiens.
Les délégations russe et ukrainienne se sont séparées quelques heures après pour des "consultations dans leurs capitales" respectives, sans faire de déclarations sinon qu'elles pourraient se retrouver bientôt.
M. Zelensky a souligné mardi que "la synchronisation des tirs avec le processus de négociations était évidente".
Le conflit a jeté sur les routes des flots d'Ukrainiens, dont plus de 500.000 ont fui vers les pays voisins, a déclaré lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. L'UE s'attend à plus de sept millions de personnes déplacées.
Le bilan humain reste incertain. L'ONU a parlé lundi de 102 civils tués et de 304 blessés mais les chiffres réels sont "considérablement" plus élevés.
L'Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2.040 blessés depuis jeudi et affirmé que des milliers de soldats russes avaient péri.
Les forces russes n'ont jusqu'ici fourni aucun bilan de ce qu'ils qualifient d'opération militaire spéciale", mais ont reconnu des pertes en nombre non précisé.
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A.Wyss--NZN