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La Russie s'est dite prête mercredi à discuter dès le lendemain d'un cessez-le-feu avec l'Ukraine, dont les "efforts diplomatiques" seront soutenus par les Etats-Unis, malgré la poursuite des frappes russes sur plusieurs villes ukrainiennes.
Des émissaires ukrainiens se dirigeaient d'ores et déjà vers "le lieu des négociations" au Bélarus pour une deuxième session de discussions avec leurs homologues russes, a annoncé la présidence ukrainienne.
Ces pourparlers, qui porteront notamment sur un cessez-le-feu, commenceront jeudi matin dans un lieu déterminé "ensemble" situé "non loin de la frontière avec la Pologne", a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski.
De premières discussions lundi, également au Bélarus, n'avaient donné aucun résultat tangible, Kiev ayant réclamé l'arrêt immédiat de l'invasion, tandis que Moscou avait semblé attendre une reddition.
Le président français Emmanuel Macron a quant à lui affiché sa volonté de "rester en contact" avec son homologue russe Vladimir Poutine afin de "le convaincre de renoncer aux armes", lançant dans une allocution télévisée un vibrant "nous ne sommes pas en guerre contre la Russie".
Dans le même temps, l'Assemblée générale des Nations unies votait une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.
Dans ce texte, l'ONU demande à Moscou qu'il "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" du territoire ukrainien et "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires".
L'ambassadeur d'Ukraine aux Nations unies, Sergiy Kyslytsya, avait auparavant dénoncé un "génocide" en cours dans son pays, perpétré par la Russie.
Son homologue américaine, Linda Thomas-Greenfield, a pour sa part accusé Moscou de vouloir utiliser dans cette guerre de l'armement banni par les Conventions de Genève.
Et la Suède a fait état de la violation de son espace aérien par quatre avions de combat russes, près de l'île du Gotland.
- "Kiev tient et va tenir" -
Sur le terrain, au septième jour de l'offensive déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, des unités aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv, la deuxième ville du pays, située à 50 km de la frontière avec la Russie, a affirmé l'armée ukrainienne.
Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments abritant des forces de sécurité et l'université ont été touchés. Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf blessées.
La place de l'Indépendance a été la cible dans la journée d'une frappe aérienne qui a fait voler en éclats les vitres de la mairie et détruit les commerces, a constaté un journaliste de l'AFP.
A Kiev, 500 km plus à l'ouest, dont les habitants qui n'ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règne mercredi, après que la tour de télévision eut été prise pour cible la veille.
Plusieurs localités au nord-ouest de la capitale, dont Bucha et Gostomel, ont toutefois été bombardées, ont déploré les autorités régionales.
La survie s'organisait dans le métro de Kiev transformé en abri antiaérien.
Dans la station Dorohozhychi, proche de la tour de télévision, l'AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes.
Antonina Pouzyi, une retraitée accompagnée de ses petits-enfants, y préparait une soupe aux carottes et aux pommes de terre.
"C'est effrayant là-haut", a-t-elle dit, pointant de son couteau éplucheur le plafond. "Mes filles nous descendent à manger et les voisins apportent des gâteaux pour les petits. Tout le monde essaie d'aider".
La tour domine le quartier du parc-mémorial de Babi Yar, où furent abattus en septembre 1941, sous l'occupation nazie, plus de 33.000 juifs.
Si aucun monument en hommage aux victimes de ce massacre n'a été atteint, le président Volodymyr Zelensky, d'ascendance juive, a accusé Moscou de chercher à "effacer" l'Ukraine et exhorté les juifs "à ne pas rester silencieux".
Le maire de la capitale, l'ex-boxeur Vitaly Klitschko, a appelé tous les habitants à la résistance : "Kiev tient et va tenir".
Des bombardements ont également eu lieu à Jitomir, 150 km plus à l'ouest. L'AFP a vu mercredi des personnes fouiller les décombres d'un petit marché. Au moins trois personnes y ont été tuées et une dizaine blessées, selon des habitants de la ville.
- Le port de Marioupol dans le viseur -
L'armée russe fournissait quant à elle officiellement de premiers chiffres sur ses pertes en sept jours de combats.
"498 militaires russes sont morts (...) 1.597 de nos camarades ont été blessés", a annoncé son porte-parole Igor Konachenkov, devant les caméras de la télévision publique russe.
Dans le sud, les militaires russes ont affirmé totalement contrôler Kherson, mais la situation y restait incertaine. Le maire de cette cité, Igor Kolykhaïev, a évoqué une "catastrophe humanitaire".
Plus à l'est, à Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d'Azov, "ça se dégrade d'heure en heure", a témoigné une de ses habitantes, Maryna, 28 ans, selon laquelle le centre-ville a été pilonné.
Si elle en prenait le contrôle, l'armée russe pourrait assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes plus au nord.
Dans ce contexte, le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi la mise en place de couloirs humanitaires pour permettre la sortie des civils des villes ukrainiennes les plus exposées, notamment Kiev, Kharkiv et Marioupol.
- Impact économique "très incertain" -
Les frappes sur Kiev et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre et gestes de solidarité avec l'Ukraine se sont multipliés ces derniers jours.
Le président américain Joe Biden a estimé dans la nuit que Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de "dictateur", était maintenant "plus isolé que jamais du reste du monde", sur fond de forte pression internationale et de sanctions économiques inédites.
Parmi ces mesures, l'UE a confirmé mercredi que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale.
Le ministère américain de la Justice a parallèlement chargé des procureurs de poursuivre "les oligarques russes corrompus" et tous ceux qui violeraient les sanctions prises par Washington.
Résultat du conflit : les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont la Russie est une grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d'une décennie.
L'impact que cela aura sur l'économie des Etats-Unis est "très incertain", a averti mercredi Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine.
Les autorités russes tentent pour leur part d'éviter hémorragie financière et panique : le rouble a perdu en quelques jours plus d'un tiers de sa valeur en devises étrangères. Les avions russes ne peuvent plus atterrir que dans une poignée de pays. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reconnu mercredi "un sérieux coup", mais prédit que l'économie russe "resterait debout".
- Interpellation de manifestants en Russie -
Au plan diplomatique, l'Union européenne organise vendredi une rencontre extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres avec leurs homologues américain, britannique et canadien, présents à Bruxelles dans le cadre d'une réunion de l'Otan.
Et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken va se rendre du 3 au 8 mars en Belgique, en Pologne, dans les Pays baltes et en Moldavie pour réaffirmer le soutien de son pays face à Moscou.
En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour, qualifiant Poutine de "petit tsar complètement fou".
Des dizaines de personnes ont été interpellées dans la soirée au cours de rassemblements contre l'invasion de l'Ukraine organisés à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
Les Ukrainiens sont par ailleurs toujours plus nombreux à quitter leur pays : près de 900.000 sont déjà partis à l'étranger depuis le 24 février, a déclaré mercredi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.
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R.Bernasconi--NZN