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Le président Emmanuel Macron a enfin levé le voile en se portant candidat jeudi soir à sa réélection, pour laquelle il part largement favori en pleine guerre sur le continent européen, tandis que ses adversaires se sont aussitôt attaqués à son bilan.
Dans une "Lettre aux Français" publiée en ligne par plusieurs médias et destinée à la presse régionale, le président sortant annonce être "candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière".
"Il nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production", prévient Emmanuel Macron dans ce texte de trois pages où il livre quelques pistes sur les grands axes de sa campagne, en promettant aussi "une méthode différente" car, dit-il "nous n'avons pas tout réussi".
A 38 jours seulement du premier tour, le désormais président-candidat donne ainsi un coup d'accélérateur à une campagne dont les cartes ont été rebattues par la guerre en Ukraine.
Dans ce qui s'annonce comme une campagne éclair, il prévient qu'il ne pourra "pas mener campagne" comme il l'aurait "souhaité en raison du contexte", au risque d'être accusé de vouloir esquiver le débat alors que ses adversaires de droite comme de gauche n'aspirent qu'à en découdre avec lui sur un bilan qu'ils dénoncent avec véhémence.
Mobilisé par le conflit russo-ukrainien -avec un nouvel entretien tendu jeudi avec son homologue russe Vladimir Poutine puis le président ukrainien Volodymyr Zelensky -, le chef de l'Etat a attendu presque le dernier moment pour officialiser sa candidature, que les candidats doivent formaliser auprès du Conseil constitutionnel avant vendredi 18 heures.
Jamais une crise internationale n'a autant impacté une campagne présidentielle sous la Ve République. Et après les crises des "gilets jaunes" suivie de la pandémie du Covid, le plus jeune président que la France ait connu depuis 1958 se positionne comme un capitaine par temps de tempête.
- Prêts à en découdre -
Ses adversaires aiguisent leurs armes, eux qui auront fort à faire face à un "président de crise" qui cadre le débat.
Avant même l'annonce officielle, le candidat d'extrême droite Eric Zemmour a fustigé sur YouTube un "quinquennat pour rien" en affirmant que "notre pays est devenu invivable et vous en êtes devenu la cause". "Les Français vous en veulent", a-t-il ajouté en prédisant que "le peuple français ne vous laissera pas une seconde chance".
La candidate LR Valérie Pécresse, qui est prise en tenaille entre ses rivaux d'extrême droite et M. Macron, a elle appelé les Français "à ouvrir les yeux. Ce quinquennat a été celui des illusions perdues" dénonçant son "manque de courage".
Pour sa part, Marine Le Pen a estimé que "ce n'est pas une surprise. Le choix qu'il fait dans la presse régionale (...) démontre qu'il entend tout de même rester en retrait de cette élection, de cette campagne".
Le candidat écologiste Yannick Jadot a lui fait valoir que "ça fait longtemps qu'Emmanuel Macron est en campagne, qu'il dépense de manière électorale", tandis que la socialiste Anne Hidalgo s'est félicité que "le débat démocratique que je demande, projet contre projet, va enfin pouvoir se tenir".
"Au bout de 5 ans, M. Macron envoie une lettre aux Français. Mais les factures qui flambent, c'est tous les mois", a lancé de son côté le communiste Fabien Roussel, espérant que "cette guerre ne sera pas le prétexte pour masquer des attaques sévères contre le pouvoir d'achat des Français".
Manuel Bompard, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, a dit sur BFMTV que l'"on aurait pu s'attendre d'abord à une lettre d'excuses".
Malgré tout, M. Macron profite de la crise.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes il y a huit jours, le président-candidat a gagné plusieurs points dans les intentions de vote, les sondages le donnant à 27-28%, soit une dizaine de points devant sa rivale d'extrême droite, Marine Le Pen (RN), qui creuse l'écart avec Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête!).
A gauche, seul le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon tire son épingle du jeu en étant crédité d'environ 11% des intentions de vote.
Les sondages récents le donnent aussi gagnant au second tour contre tous ses adversaires, y compris la mieux placée Marine le Pen, même si c'est avec une avance moindre qu'en 2017.
"Il faut être très prudent sur l'issue de l'élection. Le second tour peut être plus serré que ce qu'on pense. On n'est pas à l'abri d'une démobilisation des nôtres, qui vont penser que c'est gagné", dit à l'AFP une source auprès du parti présidentiel.
D'autant plus que l'une des grandes craintes de la prochaine élection c'est une abstention record.
Pendant ce temps, les péripéties de la campagne continuent: Sandrine Rousseau a été exclue de l'équipe de Yannick Jadot pour des propos au vitriol sur la stratégie de l'écologiste rapportés par Le Parisien, un incident qui vient percuter une campagne qui peine à décoller depuis de nombreux mois.
J.Hasler--NZN