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L'armée russe a annoncé une nouvelle trêve pour l'évacuation des civils en Ukraine mercredi, après la mise en œuvre mardi de couloirs humanitaires, tandis que la Pologne s'est dite prête à mettre ses Mig-29, des chasseurs de conception soviétique, "à la disposition" des Américains, qui cherchent à fournir des avions de combat aux Ukrainiens.
"Les autorités de la République de Pologne, après des consultations du président et du gouvernement, sont prêtes à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne, ndlr) et de les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis", a fait savoir la diplomatie polonaise dans un communiqué.
Les Etats-Unis se sont toutefois dits "surpris" par cette proposition. "A ma connaissance, ils ne nous avaient pas consultés préalablement", a déclaré la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. "Je pense que c'est une annonce surprise de la part des Polonais".
Selon Moscou, cette proposition sera transmise aux autorités ukrainiennes, qui doivent, comme mardi, confirmer d'ici à 00H00 GMT l'emplacement de ces voies d'évacuation.
De premiers couloirs ont été mis en place mardi matin, en particulier à Soumy dans le nord-est, d'où des civils évacués sont arrivés "en sécurité", d'après la présidence ukrainienne.
Au total, des milliers d'habitants de villes bombardées ou encerclées fuyaient face à l'offensive des troupes russes.
Le conflit déclenché le 24 février a en outre poussé plus de deux millions de personnes à quitter le territoire ukrainien pour se réfugier à l'étranger, essentiellement en Pologne, selon l'ONU. L'Europe s'attend à recevoir cinq millions d'exilés.
- Suspension des importations de gaz russe -
Les Etats-Unis ont par ailleurs décidé mardi de suspendre les importations pétrole et le gaz russes, marquant un nouveau cap dans les sanctions infligées à Moscou depuis l'attaque contre l'Ukraine.
Une mesure prise "en coordination étroite" avec les alliés de Washington dans le but de "porter un nouveau coup puissant à (Vladimir) Poutine", a souligné le président Joe Biden.
Le Royaume-Uni va pour sa part cesser d'ici à la fin de l'année ses achats de brut et de produits pétroliers russes.
En revanche, à l'exception des Britanniques, les Européens, dépendants à hauteur de 30% du brut russe, se sont pour l'instant refusés à aller aussi loin.
Autres illustrations de l'amplification des sanctions occidentales prises par les Occidentaux contre la Russie, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) a fait savoir qu'elle voulait la suspendre.
Le géant pétrolier britannique Shell a quant à lui décidé qu'il allait se retirer "graduellement" du pétrole et du gaz russes et les chaînes américaines McDonald's et Starbucks vont provisoirement fermer leurs nombreux établissements en Russie, emboîtant le pas au géant mondial des cosmétiques L'Oréal. Coca-Cola a annoncé la suspension de ses opérations dans le pays.
- Des civils évacués -
Le lendemain de la décision, lundi soir, de Moscou de créer des couloirs humanitaires dans cinq villes particulièrement exposées, dont la capitale Kiev et la deuxième ville, Kharkiv, des civils ont commencé à évacuer Soumy, une ville du nord-est où au moins 21 personnes ont été tuées la veille dans des frappes aériennes russes.
Après un premier convoi dans la matinée, un deuxième s'est ébranlé dans la journée en direction de Poltava, plus au sud, a annoncé le gouverneur de la région, Dmytro Lounine.
Les évacuations se poursuivaient aussi dans la région de Kiev, malgré des tirs sur des couloirs humanitaires, d'après le chef de l'administration locale Oleksiï Kouleba.
A Irpin, l'AFP a vu des centaines de personnes patienter pour franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune faites de planches, de palettes en bois et de carcasses métalliques, en direction de Kiev, par le seul axe non encore occupé par l'armée russe. Environ 2.000 habitants ont pu s'extraire de cette localité, selon la police ukrainienne.
"Je ne voulais pas partir, mais il n'y a plus personne dans les maisons autour et plus d'eau, de gaz, ni d'électricité", a témoigné Larissa Prokopets, 43 ans, qui a dit être restée cachée plusieurs jours dans le sous-sol de sa maison.
Aux portes nord de la capitale, la population essaie désespérément de quitter Boutcha. "Le plus important c'est de faire partir les enfants. Il y a beaucoup d'enfants et de femmes", a confié une habitante, Anna, à l'AFP.
Dans le sud-est, à Marioupol, un grand port stratégique sur la mer d'Azov, quelque 300.000 civils restaient eux aussi coincés, a affirmé le gouvernement ukrainien.
"L'ennemi a lancé une attaque exactement en direction du couloir humanitaire", a dénoncé le ministère ukrainien de la Défense.
Dans le sud, à Mykolaïv, près d'Odessa, des files de voitures remplies de civils fuyant les combats s'étiraient sur des kilomètres, tandis que résonnaient les tirs depuis la ligne de front, a constaté une journaliste de l'AFP.
A l'hôpital local, les victimes de bombardements affluaient. "Les deux premiers jours, nous avons eu 160 soldats blessés, mais depuis quelques jours ce sont des civils qui arrivent, certains grièvement blessés", a dit Dmytro Sykorsky, le chirurgien en chef.
- Près de deux semaines de combats -
Les forces russes ont continué à se déployer autour des métropoles ou intensifié leurs bombardements, au treizième jour de leur offensive, ont assuré des responsables ukrainiens.
Le Pentagone a fait état d'une nouvelle colonne russe avançant vers Kiev par le nord-est, tandis que la principale, en provenance du nord, se trouve à l'arrêt depuis plusieurs jours.
Trois adultes ont été tués lundi soir et trois enfants ont été blessés dans l'explosion d'une mine antipersonnel dans la région de Tchernihiv, au nord de Kiev, a déclaré Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.
D'intenses combats ont eu lieu à Izioum, également dans l'est, mais les troupes russes ont battu en retraite, a assuré l'état-major ukrainien. L'hôpital central y est totalement détruit, a annoncé la mairie.
Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs affirmé qu'un général russe, Vitali Guerassimov, avait été tué près de Kharkiv, une information qui n'a pas été confirmée à Moscou et était invérifiable dans l'immédiat de source indépendante.
Selon le Pentagone, "2.000 à 4.000" soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive.
Le 2 mars, la Russie avait fait état de 497 morts dans ses rangs, mais elle n'a donné aucun nouveau bilan de ses pertes.
Le porte-parole de l'armée russe, Igor Konachenkov, a annoncé de son côté que l'aérodrome militaire au sud de Jytomyr, à 150 km à l'ouest de Kiev, avait été mis hors service.
"Nous nous battrons jusqu'au bout", a lancé mardi devant le parlement britannique le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Poutine aura beau poursuivre coûte que coûte son avancée à un prix effroyable, il est clair que l'Ukraine ne sera jamais synonyme de victoire" pour lui, a jugé de son côté Joe Biden. "Poutine peut éventuellement s'emparer d'une ville, mais jamais il ne pourra tenir le pays."
Dans un entretien avec la chaîne américaine de télévision ABC, M. Zelensky a par ailleurs déclaré ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l'invasion.
M. Zelensky s'est aussi dit prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance.
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R.Bernasconi--NZN