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Russes et Ukrainiens se sont entendus mercredi pour respecter des cessez-le-feu censés permettre d'évacuer les civils de plusieurs régions bombardées, au 14e jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, que les sanctions occidentales et le boycott de nombreuses entreprises ont poussée au bord du défaut de paiement.
Mercredi matin, la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a confirmé qu'un accord avait été trouvé avec les Russes sur la mise en place entre 09H00 et 21H00 locales (07H00 et 19H00 GMT) de six couloirs humanitaires autour de zones durement frappées par les combats ces derniers jours, obligeant les civils à rester parfois des jours cachés dans des caves.
Des couloirs ont notamment été définis pour évacuer les civils depuis Energodar vers Zaporojie (sud), de Izioum à Lozova (est) et de Soumy à Poltava (nord-est). Plusieurs couloirs sont également prévus pour évacuer, vers Kiev, les civils depuis plusieurs villes situées à l'ouest de la capitale, dont Boutcha, Irpin et Gostomel.
Plus de 5.000 personnes ont ainsi pu être évacuées de cette localité de quelque 250.000 habitants, située près de la frontière russe et théâtre de violents combats depuis plusieurs jours.
- Toujours plus de réfugiés -
Le nombre de réfugiés qui ont fui l'Ukraine depuis l'invasion par l'armée russe le 24 février augmente de jour en jour, et est désormais estimé entre "2,1 et 2,2 millions de personnes", a déclaré mercredi le Haut Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, lors d'une conférence de presse à Stockholm.
"La Pologne en reçoit 150.000 par jour à elle seule. Cela va très vite, nous ne voyons pas ce mouvement s'arrêter", a-t-il déclaré.
Mardi soir, plusieurs villes ont encore été la cible d'attaques russes. A Severodonetsk, dans l'est du pays, 10 personnes sont mortes dans des bombardements, selon le responsable de la région administrative de Lougansk. Et dans la région de Jytomyr, à l'ouest de Kiev, neuf personnes sont décédées dans des frappes aériennes.
A Kiev, les sirènes ont retenti quatre fois dans la nuit.
- Inquiétude sur Tchernobyl -
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait part de son incertitude sur la situation dans la centrale de Tchernobyl, à la frontière biélorusse. Les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale ont cessé de lui transmettre des données, a indiqué l'agence.
Plus de 200 techniciens et gardes sont bloqués sur le site, qui tourne depuis 13 jours sous surveillance russe.
L'organisme a demandé à la Russie de les autoriser à effectuer des rotations, le repos et les horaires fixes étant essentiels à la sécurité du site.
Les Etats-Unis ont par ailleurs dit redouter que les forces russes puissent "prendre le contrôle" des structures de "recherche biologique" en Ukraine et s'emparer de matériaux sensibles.
La numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a assuré que les Américains travaillaient "avec les Ukrainiens "sur les manières d'éviter que ces matériaux liés à la recherche puissent tomber aux mains des forces russes si elles devaient s'en approcher".
En Russie, les sanctions occidentales font de plus en plus sentir leurs effets.
- Crise comparable à 1973 -
Les entreprises occidentales, sous pression de l'opinion publique, sont de plus en plus nombreuses à couper au moins en partie les ponts avec la Russie. Les chaînes américaines McDonald's et Starbucks vont ainsi provisoirement fermer leurs nombreux établissements en Russie, emboîtant le pas au géant mondial des cosmétiques L'Oréal. Coca-Cola a annoncé la suspension de ses opérations dans le pays.
Le président américain Joe Biden a quant à lui annoncé mardi un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russe, assurant que sa décision allait "porter un nouveau coup puissant à Poutine" et au financement de sa guerre contre l'Ukraine.
Le Royaume-Uni a aussi indiqué qu'il cesserait d'ici à la fin de l'année ses achats de brut et de produits pétroliers russes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a chaleureusement remercié son homologue américain pour ce "signal d'une puissance maximale adressé au monde entier".
M. Zelensky a appelé l'Union européenne à suivre cet exemple en adoptant des "mesures dures, des sanctions contre la Russie pour sa guerre", mais sans appeler directement à un embargo européen sur le pétrole ou le gaz.
Les Européens, beaucoup plus dépendants - à hauteur de 30% - du brut russe, se sont pour l'instant refusés à aller aussi loin, alors que les prix des hydrocarbures flambent depuis le début de la guerre.
La crise énergétique actuelle est "comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973", a affirmé mercredi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.
La présidence française de l'UE a annoncé mercredi matin de nouvelles sanctions européennes contre Moscou et Minsk, notamment en débranchant trois banques bélarusses de la plateforme financière internationale Swift.
La Banque centrale russe a annoncé une nouvelle mesure de défense de son économie, avec une suspension des ventes des devises étrangères jusqu'au 9 septembre.
- Défaut "imminent" -
De son côté, l'agence de notation Fitch a de nouveau abaissé mardi la note qu'elle accorde à la dette de la Russie, une décision signifiant que le risque d'un défaut souverain est à ses yeux "imminent".
Un défaut de paiement de Moscou serait une première depuis la grande crise financière de 1998.
Pour justifier sa décision, Fitch a évoqué un décret présidentiel du 5 mars qui pourrait autoriser la Russie à rembourser les créanciers de certains pays en roubles plutôt qu'en devises étrangères. L'agence mentionne aussi une décision de la banque centrale russe de restreindre le transfert de certaines obligations aux non-résidents.
Autre effet des sanctions: selon le quotidien russe Kommersant, Moscou craint de manquer bientôt de médicaments. les pharmacies russes manqueraient déjà d'insuline et d'autres produits pour le traitement du diabète fabriqués à l'étranger, écrit le journal.
Jeudi, la diplomatie tentera de reprendre ses droits, avec une rencontre annoncée en Turquie des ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, ukrainien Dmytro Kuleba, avec leur homologue turc Mevlüt Cavusoglu comme médiateur.
Cette premier rencontre entre les deux ministres depuis l'invasion intervient alors que, dans un entretien à la chaine américaine ABC, M. Zelensky a déclaré ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l'invasion.
M. Zelensky s'est aussi dit prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance.
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P.Gashi--NZN