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Une commission parlementaire américaine qui accuse Amazon de pratiques anti-concurrentielles a demandé au ministère de la Justice d'enquêter sur une potentielle obstruction au Congrès de la part du géant du commerce en ligne.
Amazon a cherché à "influencer, gêner ou entraver" l'investigation de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, selon des élus démocrates et républicains.
"Face à nos requêtes, les dirigeants d'Amazon ont eu recours à des pratiques trompeuses récurrentes", accusent-ils dans une lettre adressée au ministère et publiée mercredi.
La commission enquête depuis 16 mois, notamment sur le rôle de "juge et partie" d'Amazon sur sa plateforme de e-commerce, où elle définit et applique le règlement pour la commercialisation de produits par des produits d'entreprises tierces, mais aussi les siens.
"Pendant une audition devant la commission, un haut représentant d'Amazon a indiqué que l'entreprise n'utilisait pas les données collectées sur les vendeurs tiers pour leur faire concurrence, et n'affichait pas ses produits avant ceux des tiers dans les résultats de recherche des consommateurs", note par exemple la commission dans un communiqué de presse.
"Une investigation crédible a montré le contraire", ajoute-t-elle, en renvoyant vers un article de The Markup, une ONG de journalisme.
"Amazon a menti (...)", insistent encore les élus dans leur lettre.
Ils reprochent aussi au groupe de Seattle des explications de ses règlements qui "changent sans cesse" et de ne pas avoir envoyé les documents nécessaires pour prouver ses dires.
Des accusations "sans fondement", d'après un porte-parole d'Amazon qui met en avant "l'énorme volume d'informations fourni sur plusieurs années pour cette enquête".
La société, qui est aussi le leader mondial du cloud (informatique à distance), fait régulièrement part des réussites d'entreprises tierces sur sa plateforme.
En octobre dernier, elle a ainsi publié un rapport montrant que les commerçants tiers américains avaient réalisé 200.000 dollars de ventes en moyenne sur l'année terminée au 31 août 2021, contre 170.000 dollars sur l'année précédente.
- "Emprise" -
La commission judiciaire a interrogé à plusieurs reprises des représentants d'Amazon, mais aussi des titans de la Silicon Valley, qu'elle accuse d'abus de position dominante.
En juillet 2020, Sundar Pichai (Alphabet, maison mère de Google), Tim Cook (Apple), Mark Zuckerberg (Facebook, désormais Meta) et Jeff Bezos (fondateur d'Amazon), ont ainsi été auditionnés en visioconférence.
"Amazon est seulement intéressé par l'exploitation de son monopole sur les ventes en ligne", avait alors déclaré David Cicilline, le président du sous-comité sur la concurrence. "Son double rôle d'hébergeur et de marchand sur la même plateforme est fondamentalement anti-concurrentiel. Le Congrès doit prendre des mesures".
Pour appuyer ce propos, l'élue Pramila Jayapal avait cité un ancien employé d'Amazon: "(les chefs) nous disent juste: +ne vous servez pas dans les données+. Mais c'est un véritable magasin de bonbons, tout le monde a accès à tout ce qu'il veut"
Diverses enquêtes et poursuites pour pratiques anti-concurrentielles ont été lancées par des Etats américains et l'autorité américaine de la concurrence contre Meta et Google, notamment, mais aussi contre Amazon, dans une moindre mesure.
"L'emprise d'Amazon sur notre économie et notre démocratie doit prendre fin. Nous félicitons les législateurs qui demandent des comptes à Amazon", a réagi Lauren Jacobs, présidente de la coalition Athena, qui rassemble des associations anti-Amazon.
"Nous félicitons les membres de la commission judiciaire de la Chambre pour leur leadership et leur engagement à lutter contre le pouvoir monopolistique croissant d'Amazon", a indiqué pour sa part la Coalition des petites entreprises dans un communiqué.
D.Smith--NZN