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L'inflation a continué son ascension en février aux Etats-Unis, et est désormais au plus haut depuis 40 ans, la flambée du prix de l'essence à cause de la guerre en Ukraine s'ajoutant aux problèmes persistants d'approvisionnement, un casse-tête supplémentaire pour la Maison Blanche.
L'inflation s'est élevée en février à 7,9% sur un an, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié jeudi par le département du Travail. Il s'agit de la plus forte hausse des prix annuelle depuis janvier 1982.
Joe Biden a mis en avant l'impact des conséquences de la guerre en Ukraine, soulignant que "les familles (américaines) commencent à ressentir les effets de la hausse des prix de Poutine".
"L'augmentation des prix du gaz et de l'énergie a largement contribué à l'inflation ce mois-ci, les marchés ayant réagi aux actions agressives de Poutine", a déclaré le président américain dans un communiqué.
L'inflation a en effet accéléré en février, les prix augmentant de 0,8% contre 0,6% le mois précédent. Et près d'un tiers de cette hausse est due au bond des prix de l'essence , qui grimpent de 6,6% par rapport à janvier.
Le fait que les Etats-Unis soient le premier producteur de pétrole, devant la Russie, ne joue pas : "Même si nous ne leur en achetons pas beaucoup, les prix du pétrole sont fixés en fonction de l'offre et de la demande mondiales", rappelle Diane Swonk, cheffe économiste pour Grant Thornton.
Et les prix de l'essence devraient continuer à grimper en mars, alors que le prix du baril talonne son record absolu de 2008.
Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes, et la ministre américaine de l'Energie, Jennifer Granholm, a demandé mercredi aux compagnies pétrolières du pays de produire davantage de pétrole pour soulager le marché, et donc les prix.
- L'alimentation aussi -
Le conflit "aggrave" l'inflation, "il n'y a aucun doute là-dessus. Nous avons constaté une augmentation très significative des prix de l'essence. Et je suppose que le mois prochain, nous verrons une preuve supplémentaire d'un impact sur l'inflation américaine", a également commenté sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen, sur la chaîne CNBC.
Et la flambée ne devrait pas ralentir de sitôt, alerte-t-elle: "Nous verrons probablement une autre année au cours de laquelle les chiffres de l'inflation sur 12 mois resteront très inconfortablement élevés."
"La guerre russo-ukrainienne alimente encore le taux d'inflation fulgurant via une augmentation des prix de l'énergie, de la nourriture et des matières premières de base", analyse Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour Oxford Economics.
Outre l'essence, les ménages américains ont également dû vider leur porte-monnaie pour acheter à manger, puisque les prix des produits alimentaires ont connu depuis un an leur plus forte augmentation depuis 1981 (+7,9%), avec un bond de 1% pour le seul mois de février.
Une conséquence, là aussi, du conflit : "Le pétrole augmente le coût de l'énergie, des aliments pour animaux et des engrais, tandis que l'Ukraine est l'un des plus grands producteurs de céréales au monde", souligne Diane Swonk.
Le président russe Vladimir Poutine a d'ailleurs prévenu jeudi que les sanctions occidentales allaient aggraver la crise énergétique et l'inflation des prix alimentaires à l'échelle mondiale.
– "L'inflation est un problème" –
Hors prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, l'inflation dite sous-jacente a ralenti en février par rapport à janvier (0,5% contre 0,6%), et la hausse est notamment due aux prix des logements. Sur un an, cependant, elle s'accélère à 6,4%, au plus haut depuis août 1982.
La Maison Blanche a fait de la lutte contre l'inflation l'une de ses priorités mais l'opposition républicaine a une nouvelle fois incriminé la politique économique du président démocrate.
"Comme on pouvait s'y attendre, la frénésie des dépenses imprudentes à Washington a suralimenté l'inflation à un nouveau sommet depuis 40 ans", a ainsi tweeté le chef de file des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.
Les yeux se tournent désormais vers la banque centrale américaine, la Fed, qui tiendra mardi et mercredi prochain sa réunion de politique monétaire, au cours de laquelle elle devrait décider de commencer à relever les taux directeurs abaissés il y a deux ans. Cela doit renchérir le coût du crédit et ralentir la demande, et donc la pression sur les prix.
A.Senn--NZN