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L'armée russe se concentrait vendredi sur Kiev et l'est de l'Ukraine, où elle a étendu son offensive à la grande ville de Dnipro, les Occidentaux imposant en représailles de fortes sanctions commerciales à la Russie.
La capitale ukrainienne ainsi que Marioupol, sur la mer d'Azov, Kryvy Rig, Kremenchug, Nikopol et Zaporijie sont les principales zones où se concentrent toujours les efforts des Russes, a déclaré l'armée ukrainienne dans un communiqué.
"Incapable d'obtenir un succès, l'ennemi continue ses attaques à l'aide de missiles et de bombes sur les villes situées profondément dans le territoire de l'Ukraine, Dnipro, Lutsk et Ivano-Frankivsk", a-t-elle ajouté.
En réponse à la poursuite de l'invasion déclenchée le 24 février par la Russie, le président américain Joe Biden a annoncé que les Etats-Unis et leurs alliés avaient décidé d'exclure la Russie du régime normal régissant le commerce mondial, ouvrant ainsi la voie à la mise en oeuvre de droits de douane punitifs à son encontre.
Son homologue français Emmanuel Macron a quant à lui prévenu, à l'issue d'un sommet de l'UE à Versailles, près de Paris, que les Européens étaient prêts à prendre des "sanctions massives" contre ce pays.
Sur le terrain, la guerre a déjà poussé plus de 2,5 millions de personnes à se réfugier à l'étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacées en Ukraine même, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
- 1.500 morts pendant le siège de Marioupol -
Jusqu'ici épargnée par la progression des soldats russes, Dnipro, une cité industrielle d'un million d'habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l'est en partie prorusse de l'Ukraine et le reste de son territoire, a été la cible de raids qui ont fait au moins un mort, ont dit les autorités locales.
"Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d'enfants, un immeuble d'habitations et une usine de chaussures (...) où un incendie s'est ensuite déclaré", ont raconté les services d'urgence ukrainiens.
Ajoutant son cortège d'images de désolation à celles de Kharkiv (nord-est) et de Marioupol (sud-est), dont 1.582 habitants ont péri pendant son siège, Dnipro s'est réveillée hébétée, dans un décor de bâtiments calcinés, éventrés ou soufflés.
On pouvait voir sur des images vidéo des sapeurs-pompiers éteindre des flammes dans des ruines fumantes. Certains immeubles n'étaient plus qu'un amas de poutres et de structures métalliques tordues.
Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, sur la mer d'Azov, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv, dans le nord-est, a été atteint vendredi par une frappe, qui n'a toutefois pas fait de victimes.
D'après le chef de l'administration régionale, Oleh Sinegoubov, 330 personnes - dont 10 sont en fauteuil roulant et 50 à mobilité réduite - étaient sur les lieux au moment de l'attaque.
- Kiev, "un symbole de la résistance" -
Un bilan officiel fait par ailleurs état de quatre soldats ukrainiens tués et six blessés dans le bombardement de l'aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest de l'Ukraine. Celui d'Ivano-Frankivsk, dans l'extrême ouest, a aussi été visé.
Ces bases ont été "mises hors service", a affirmé le ministère russe de la Défense.
Des raids aériens nocturnes ont également eu lieu au-dessus des villes de Tchernihiv (nord), Soumy (nord-est) et Kharkiv, endommageant des immeubles d'habitations.
Et la situation humanitaire ne cesse de s'aggraver dans les localités assiégées ou menacées par l'offensive russe.
Des corps abandonnés dans les rues, une immense fosse commune comme seule sépulture pour les autres, des civils tentant de partir sous les bombes : les très rares informations émanant du port de Marioupol, avec lequel les communications sont quasiment coupées, témoignent du désespoir de sa population.
Celle-ci se retrouve sans eau, sans gaz, sans électricité, sans communications, et, ces derniers jours, on voyait des gens se battre pour de la nourriture.
A la morgue de Mykolaïv, une cité des bords de la mer Noire sous le feu russe depuis des jours, les cadavres s'entassent à même le sol et dans la cour de l'établissement, sur laquelle la neige tombe sans discontinuer, a constaté l'AFP.
"Nous avons repoussé l'ennemi hors des limites de notre ville", a assuré le gouverneur de la région Vitaly Kim.
Les Russes continuent aussi leur manoeuvre d'encerclement de Kiev. Après avoir atteint ses faubourgs, ils cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de la capitale pour la "bloquer", a déclaré l'état-major ukrainien.
"Kiev est un symbole de la résistance" qui se prépare à une "défense acharnée", a proclamé dans une vidéo Mykhailo Podolyak, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Près de 20.000 personnes ont déjà évacuées mercredi et jeudi de la capitale et de ses environs, quelque 100.000 au total ces deux jours de l'ensemble des zones en proie aux combats en Ukraine.
- L'armée russe ralentie ? -
"L'ennemi n'a obtenu aucun succès significatif ces dernières 24 heures, il a été stoppé dans presque toute les directions par nos missiles, nos frappes aériennes et terrestres", a affirmé Oleksiy Arestovytch, un autre conseiller de M. Zelensky.
Un ralentissement de la progression des soldats russes que constatent aussi des sources militaires occidentales, tandis que le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l'envoi de combattants "volontaires", notamment en provenance de Syrie.
"C'est une guerre avec un ennemi très têtu (...) qui a décidé d’embaucher des mercenaires contre nos citoyens. Des assassins de Syrie, d’un pays où tout a été détruit par les occupants, comme ils nous le font subir à nous", a réagi le chef de l'Etat ukrainien.
Le maître du Kremlin a de plus demandé à son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l'Otan en Europe orientale.
Il a cependant souligné qu'il y avait eu des "avancées" au cours des pourparlers russo-ukrainiens, dont la dernière session, infructueuse, s'est déroulée jeudi en Turquie, pour la première fois au niveau des ministres des Affaires étrangères.
Dans le même temps, la Russie va engager des poursuites contre Meta pour "appel aux meurtres" de Russes, la maison mère de Facebook et d'Instagram ayant assoupli son règlement quant aux messages à caractère violent destinés à l'armée et aux dirigeants russes. L'accès à Instagram y a en outre été restreint.
Les Ukrainiens semblent malgré tout garder le moral. Dès "les premiers jours, beaucoup de jeunes femmes sont arrivées, qui voulaient mettre la main sur un fusil pour pouvoir aller se battre", a expliqué à Kiev Iryna Sergueïeva, réserviste depuis 2017.
- Mettre la Russie au ban du commerce international -
Tout en se disant soucieux d'éviter une "confrontation directe" entre l'Alliance atlantique et la Russie, car elle provoquerait "la Troisième Guerre mondiale, Joe Biden, de concert avec le G7 et l'Union européenne, s'est montré vendredi désireux de mettre la Russie au ban du commerce international.
Dans la foulée, les Etats-Unis et l'UE ont banni les exportations en Russie et au Bélarus, son allié, des bijoux, voitures ou vêtements de luxe.
Emboîtant le pas à une myriade d'autres entreprises occidentales, le cigarettier britannique British American Tobacco (BAT) s'est à son tour retiré de Russie.
Le G7 a toutefois exhorté la communauté internationale à éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires.
Le risque étant, a mis en garde l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), que huit à 13 millions de personnes supplémentaires souffrent de sous-nutrition dans le monde.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devait de son côté se réunir à la demande de Moscou, pour évoquer la fabrication supposée d'armes biologiques en Ukraine, catégoriquement niée par Kiev.
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F.Schneider--NZN