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Les patrons de clubs aussi ont leur site de rencontres: depuis 2017, la plateforme TransferRoom met en relation les décideurs du football mondial, qui peuvent simplifier leur recrutement en puisant dans une base de données ou en discutant en ligne avec leurs homologues.
Alors que le marché hivernal des transferts entre dans sa dernière ligne droite avant sa clôture le 31 janvier, la société fondée par le Danois Jonas Ankersen se pose en entremetteuse pour les 650 clubs souscripteurs du service dans 54 pays.
Fan de foot depuis l'enfance, l'entrepreneur aujourd'hui âgé de 36 ans, a fait "beaucoup d'études de marché avec les clubs et d'autres parties prenantes avant de lancer TransferRoom", explique-t-il à l'AFP.
Un constat s'impose, selon lui: "La difficulté d'accéder à des informations crédibles et un manque global de transparence".
"Très souvent, il n'y avait pas de canal de communication direct entre les décideurs", note-t-il.
Grâce à TransferRoom, "ils peuvent présenter des offres et communiquer directement entre eux grâce à un système de messagerie sécurisé (...). Les clubs peuvent vérifier la disponibilité d'un joueur, sa valeur et ses attentes salariales, le tout en temps réel."
- Des données sur 90.000 joueurs -
En 2018, lors d'un forum organisé par la société à Londres, le directeur sportif Monchi, connu pour ses recrutements malins au Séville FC, confiait utiliser cette plateforme qui avait selon lui "facilité le processus, fait économiser du temps et fait gagner en transparence".
"On peut contacter les clubs directement sur l'application, ça nous fait gagner du temps", apprécie aussi Julien Demeaux, responsable données football à Toulouse (Ligue 2). "Pour un de nos joueurs, dont le dossier a été finalisé, les premiers liens été établis via TransferRoom", glisse-t-il, sans toutefois vouloir révéler son identité.
TransferRoom fournit des données sur plus de 90.000 joueurs. En France, la majorité des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 figurent parmi ses clients avec notamment les arrivées récentes de Bordeaux et Lille.
L'une des innovations proposées depuis 2021 est l'"Expected Transfer Value" (valeur de transfert attendue), un moyen de fournir une évaluation fiable en temps réel de la valeur d'un joueur.
L'application revendique avoir "facilité plus de 1.500 transferts à ce jour, dont 800 pour la seule année 2021". Leeds a ainsi déjà réalisé 8 transferts par ce canal, donc cinq dans un même été, a raconté le directeur sportif du club anglais, Victor Orta.
Certes, les transactions liées aux joueurs stars ne se font pas par ce biais, mais l'outil permet aux clubs de trouver une porte de sortie pour des joueurs plus modestes.
"On s'en est beaucoup servi pour informer les autres clubs des joueurs qu'on avait à proposer. A 80%, on s'en sert plutôt pour ça", explique Julien Demeaux. "Ca permet de toucher plein de clubs très rapidement. On génère plus d'intérêt pour nos joueurs que par le canal classique plus limité du carnet d'adresses d'agent", constate le responsable toulousain.
- "Speed-dating" -
Lyon aussi apprécie l'outil: "Cela marche dans les deux sens, pour les entrées et les sorties de joueurs, plus les sorties je dirais même pour nous", explique Bruno Cheyrou, récemment nommé conseiller technique et directeur du recrutement masculin et féminin de l'OL. "C'est un facilitateur, mais ce n'est pas non plus la recette miracle", tempère-t-il.
De nombreux mouvements concernent aussi des joueurs libres alors que selon le rapport annuel de la Fifa sur le mercato, l'immense majorité des changements de clubs ont été effectués sans indemnité de transfert (87,7% en 2021).
Julien Demeaux y voit un avantage. "La problématique, avant, c'était qu'il fallait que les joueurs soient liés à un club pour rentrer dans ce système et les joueurs libres disparaissaient un peu des radars", note-t-il, alors que les agents, absents à l'origine d'une application qui entendait limiter les intermédiaires, ont été ajoutés l'an passé.
L'une des fonctionnalités les plus appréciées reste le "speed-dating", une initiative proposée tous les deux ou trois mois où les dirigeants de clubs peuvent enchaîner les rendez-vous avec leurs homologues. "Ça permet de nouer énormément de contacts et de casser la notion impersonnelle que peut avoir l'application où on communique par messages, de façon virtuelle", estime le responsable du TFC.
Des rendez-vous virtuels qui ont permis de soutenir le mercato pendant la pandémie de Covid-19, même si Jonas Ankersen est impatient de pouvoir à nouveau organiser des forums en présentiel, comme à Madrid en 2019 et Barcelone en 2020.
A.Wyss--NZN