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La suspension des livraisons du long-courrier 787 Dreamliner, en proie à des problèmes de production, coûte de plus en plus cher à Boeing, dans le rouge pour la troisième année de suite.
Ses finances s'améliorent toutefois progressivement au fur et à mesure que son avion-vedette, le 737 MAX, revient dans le ciel.
Mais après les déboires liés à cet appareil et à la pandémie, le constructeur aéronautique est rattrapé par des vices de fabrication sur le 787.
De premiers défauts ont été découverts à la fin de l'été 2020. L'appareil étant examiné de près, d'autres problèmes sont depuis apparus.
Boeing a dû suspendre les livraisons, de novembre 2020 à mars 2021 dans un premier temps, puis depuis fin mai, et réduire les cadences de production.
Le groupe ne souhaite pas s'avancer sur une date de retour tant que les discussions avec l'autorité américaine chargée de l'aviation sont en cours.
Il a d'ores et déjà inscrit au quatrième trimestre une charge de 3,5 milliards de dollars liée aux retards de livraison et aux compensations accordées aux clients.
Boeing prévoit par ailleurs que le ralentissement de la production et les travaux supplémentaires à effectuer soient sources au total de "coûts anormaux" supplémentaires non pas d'1 milliard de dollars, comme anticipé en octobre, mais de 2 milliards.
Ces sommes pèsent sur les comptes : Boeing a perdu 4,1 milliards de dollars sur la période, et 4,2 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2021.
Le groupe américain, qui a d'abord été frappé par la longue immobilisation du 737 MAX en 2019 et 2020 après deux accidents mortels, puis par la chute du trafic aérien au début de la pandémie, enregistre ainsi sa troisième année de pertes d'affilée.
- "Année de reconstruction" -
Le constructeur a aussi enregistré au quatrième trimestre une charge de 406 millions sur le ravitailleur KC-46, liée à l'évolution des besoins des clients sur le système de vision à distance et des problèmes sur la chaîne d'approvisionnement.
Le patron de Boeing, Dave Calhoun, estime malgré tout que 2021 a été "une année de reconstruction".
Au rang des bonnes nouvelles, l'avionneur a retrouvé un flux de trésorerie positif au quatrième trimestre, pour la première fois depuis le premier trimestre 2019.
Boeing a aussi un peu réduit sa dette, qui s'affichait fin décembre à 58,1 milliards de dollars.
Le constructeur peut également compter sur le 737 MAX, qui reprend graduellement du service depuis fin 2020.
La Chine notamment a officiellement jugé en décembre que l'avion était apte à voler à nouveau et les compagnies du pays se préparent à sa remise en service, a rappelé M. Calhoun lors d'une conférence téléphonique en assurant que le groupe était prêt à y reprendre les livraisons d'ici fin mars.
Quant au futur avion long-courrier 777X, Boeing prévoit toujours les premières livraisons pour fin 2023 après avoir repoussé cette échéance plusieurs fois.
L'entreprise a commencé à proposer une version cargo de cet appareil à ses clients et prévoit en conséquent d'augmenter la production de l'avion de deux à trois par mois, a précisé le directeur financier, Brian West.
Le chiffre d'affaires de Boeing a progressé de 7% sur l'ensemble de l'année, pour atteindre 62,3 milliards de dollars. Il a en revanche reculé de 3% à 14,8 milliards au quatrième trimestre.
Le constructeur américain a vu ses commandes rebondir en 2021 après deux années de disette et joue désormais au coude à coude avec Airbus sur ce plan, mais les livraisons de Boeing sont encore restées bien en deçà de celles de son concurrent européen l'an dernier.
Pour Michel Merluzeau, du cabinet spécialisé AIR, faire passer le gros des coûts des difficultés du 787 en 2021 "est judicieux" car il permet au groupe "d'entamer 2022 avec plus de clarté sur les résultats", juste au moment où il recommence à dégager des liquidités.
Boeing "est encore loin d'être sorti de l'auberge" sur le 787, avec de possibles répercussions sur la chaîne de sous-traitants, et "ne semble pas parvenir à s'extirper des problèmes du KC-46", remarque-t-il.
L'action reculait de 2,9% à la mi-séance à Wall Street après avoir beaucoup hésité à la publication des résultats.
J.Hasler--NZN