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Bruxelles a engagé jeudi un bras de fer avec Pékin en saisissant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Chine accusée de bloquer des importations lituaniennes, sur fond de tensions au sujet de Taïwan.
Pékin a aussitôt dénoncé des accusations sans "aucun fondement".
"Les tentatives de résolution bilatérale ayant échoué, l'UE a décidé d'engager une procédure de règlement des différends contre la Chine. Les consultations de l'OMC engagées aujourd'hui constituent la première étape de ce processus", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.
Bruxelles affirme avoir "accumulé des preuves des différents types de restrictions chinoises" ces dernières semaines et cite notamment le "refus de dédouaner les marchandises lituaniennes, le rejet des demandes d'importation en provenance de Lituanie et des pressions exercées sur les entreprises européennes opérant dans d'autres États membres de l'UE pour qu'elles retirent les composants lituaniens de leurs chaînes d'approvisionnement lorsqu'elles exportent vers la Chine".
Le différend est perçu en Europe comme un test de l'unité des Vingt-Sept pays de l'UE par les autorités chinoises.
"Ces actions, qui semblent discriminatoires et illégales au regard des règles de l'OMC, portent préjudice aux exportateurs tant en Lituanie qu'ailleurs dans l'UE, car elles visent également les produits à contenu lituanien exportés par d'autres pays de l'UE", a souligné la Commission.
- "Problème politique" -
"Affirmer que la Chine exerce une soi-disant coercition contre la Lituanie ne repose sur aucun fondement", a réagi devant la presse Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "Le problème entre la Chine et la Lituanie est d'ordre politique, pas économique", a-t-il affirmé.
"Lancer une procédure à l'OMC n'est pas une démarche que nous prenons à la légère. Toutefois, après l'échec de plusieurs tentatives de résolution bilatérale du problème, nous ne voyons pas d'autre solution", a déclaré le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis, cité dans le communiqué.
"L'UE est déterminée à agir d'une seule voix et à agir rapidement contre les mesures contraires aux règles de l'OMC, qui menacent l'intégrité de notre marché unique. Nous poursuivons en parallèle nos efforts diplomatiques pour désamorcer la situation", a-t-il ajouté.
Le bras de fer commercial intervient sur fond de tensions entre la Lituanie, petit pays de moins de 3 millions d'habitants, et la Chine au sujet de Taïwan.
La Lituanie a permis à Taïwan d'ouvrir une représentation diplomatique à Vilnius en novembre. Cette décision a suscité l'ire de la Chine, qui ne reconnaît pas le statut d’État à l'île qu'elle considère comme une de ses provinces.
Par mesure de rétorsion, Pékin a limité ses liens diplomatiques et commerciaux avec le pays européen et les chefs d'entreprises et responsables lituaniens affirment que la Chine bloque les importations en provenance du petit État balte.
La Lituanie a constaté les premières restrictions à l'égard de ses marchandises en décembre. Pékin aurait agi sans informer ni l'UE, ni les autorités lituaniennes.
La Commission européenne avait indiqué à plusieurs reprises être en discussion avec Pékin sur cette question.
La première étape des procédures de règlement des différends de l'OMC consiste en une "demande de consultations", par laquelle l'UE demandera officiellement à la Chine des informations complémentaires sur ses mesures en vue de parvenir à une solution.
En cas d'échec de ces consultations dans les 60 jours, l'UE peut demander la constitution d'un groupe chargé de statuer sur la question.
U.Ammann--NZN