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Des chauffeurs de la RATP accusent le transporteur public francilien de leur imposer des manipulations pour camoufler les signaux d'alertes des bus avant leur contrôle technique semestriel et ainsi éviter leur immobilisation, selon leurs témoignages dans une enquête du Parisien publiée mercredi.
"Si les +dérives frauduleuses+ sont avérées, elles sont totalement inacceptables" et "la RATP doit y mettre fin sans délai et sanctionner les auteurs", a réagi Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et du syndicat des transports franciliens Ile-de-France Mobilités (IDFM), dans un message sur X mercredi soir.
D'après les témoignages récoltés, les chauffeurs se voient confier une valise électronique avec laquelle ils peuvent "effacer tous les voyants signalant un souci technique sur le tableau de bord avant le passage au contrôle".
Selon Le Parisien, "l'ordinateur de bord n'a pas le temps de rallumer les alertes" et "cette manipulation douteuse permettrait, selon les conducteurs interrogés, d'éviter une contre-visite, obligatoire si un voyant est allumé lors du contrôle technique".
Au Parisien, la RATP a déclaré qu'un "voyant orange de tableau de bord n'est pas bloquant en termes de sécurité pour la conduite du véhicule, seul le voyant rouge l'est".
Elle reconnaît que la "valise de diagnostic" permet "de remettre à zéro les valeurs de mesure". "Mais lorsque le bus est mis sous tension lors du contrôle technique, en cas de dysfonctionnement majeur, le défaut apparaît de nouveau", s'est encore défendue la Régie.
La méthode éviterait des immobilisations coûteuses et une moindre disponibilité de la flotte, synonyme de potentielles pénalités pour le transporteur public, affirme le quotidien.
Le Parisien assure avoir "pu constater l'opération par lui-même" en juin et juillet devant un centre de contrôle du Val-d'Oise accueillant des bus circulant dans Paris intra-muros.
La pratique concernerait "au moins la moitié de la vingtaine de centres (dépôts de bus, ndlr) à Paris et en petite couronne", estime Luc Wallop, ex-représentant du personnel au conseil d'administration de la RATP, présenté par le quotidien comme le "lanceur d'alerte sur ce sujet".
Contactée par l'AFP, la RATP n'était pas en mesure de réagir dans l'immédiat.
Avec "plus de 5.000 bus qui circulent en Ile-de-France" et qui doivent "passer cet examen de validation tous les six mois, le contrat de la RATP est juteux pour l'entreprise Dekra, qui assure ces contrôles", ajoute le Parisien.
La société "n'a pas connaissance de telles pratiques", s'est-elle défendue auprès du quotidien.
X.Blaser--NZN