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Un avion de la compagnie Yemenia a décollé lundi de Sanaa, premier vol commercial en six ans au départ de la capitale du Yémen contrôlée par les rebelles Houthis, dans le cadre d'une trêve dans la guerre qui ravage ce pays depuis 2014.
L'avion, qui est arrivé en fin de matinée (environ 09H00 GMT) dans la capitale jordanienne Amman selon les autorités locales, transportait une centaine de passagers yéménites, pour la plupart des personnes malades ou âgées, ont constaté des correspondants de l'AFP.
"Je suis si heureuse de l'ouverture de l'aéroport de Sanaa", a confié à l'AFP Loutfia, une passagère en fauteuil roulant qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. "Aujourd'hui est un jour de fête et j'espère que ça va continuer si Dieu le veut", a-t-elle ajouté en larmes.
L'appareil a décollé peu après 09H00 heure locale (06H00 GMT) pour un vol d'environ trois heures avant l'atterrissage à Amman. Un autre avion doit partir de la capitale jordanienne en direction de Sanaa plus tard dans l'après-midi.
"Je suis venu en Jordanie pour soigner ma fille de trois ans qui souffre d'une tumeur au cerveau", a raconté à l'AFP Mohamed Zaid à son arrivée à Amman.
"L'avion était plein de gens qui avaient perdu espoir de tout traitement au Yémen et qui attendaient cette opportunité depuis sept ans", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, s'est réjouit d'une "étape importante et attendue depuis longtemps" par les nombreux Yéménites qui veulent "se faire soigner à l'étranger, poursuivre des études, saisir des opportunités professionnelles ou retrouver leurs proches".
Washington également salué cette avancée. "Les Etats-Unis encouragent les parties à saisir cette opportunité pour faire avancer plus généralement les efforts de paix pour le bien du peuple yéménite", a déclaré le secrétaire d'Etat Anthony Blinken dans un communiqué.
Les rebelles Houthis ont pris le contrôle de la capitale yéménite en 2014, déclenchant un conflit sanglant avec le gouvernement reconnu par la communauté internationale.
- "Blocus" -
Une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite voisine intervient depuis 2015 pour appuyer les forces loyalistes.
Cette coalition contrôle tout l'espace aérien et maritime du Yémen, y compris les zones où les rebelles ont pris le pouvoir, en particulier dans le nord-ouest de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Seuls les vols de l'ONU étaient jusqu'ici autorisés à l'aéroport de la capitale yéménite depuis 2016.
Les Houthis, proches de l'Iran, accusent Ryad de maintenir un "blocus" sur le Yémen, les Saoudiens disant vouloir se prémunir contre la contrebande d'armes et autres activités clandestines.
Depuis le 2 avril, les parties en conflit observent une trêve nationale qui a donné une rare lueur d'espoir à une population d'environ 30 millions d'habitants, livrés à l'une des pires tragédies humanitaires au monde.
Cette trêve prévoit, outre un cessez-le-feu relativement respecté, l'ouverture au compte-gouttes de l'aéroport de Sanaa aux vols commerciaux.
Ces vols très attendus ne seront toutefois pas suffisants pour répondre "aux besoins énormes" de la population yéménite, largement coupée du monde ces dernières années, prévient Raed Jabal, directeur adjoint de l'Autorité de l'aviation civile.
"Nous demandons à l'ONU et aux autorités compétentes l'ouverture permanente de l'aéroport de Sanaa pour tout le peuple yéménite, sans aucune restriction, ni condition", a-t-il déclaré à la presse, juste avant d'assister au départ du premier avion.
- "Sauver des vies" -
Dans un communiqué, le Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council) a salué le vol de lundi comme "l'un des principaux objectifs de la trêve".
"Si les parties au conflit continuent de coopérer pour assurer des vols réguliers à destination et en provenance de Sanaa, elles pourront contribuer à sauver des milliers de vies, à prévenir les décès prématurés et à soutenir l'économie du pays", a déclaré Erin Hutchinson, directrice de l'ONG pour le Yémen.
La guerre a provoqué un effondrement de l'économie et des infrastructures, notamment les hôpitaux, dans un pays déjà parmi les plus pauvres au monde.
Le conflit au Yémen a fait près de 380.000 morts (victimes directes et indirectes de la guerre) et des millions de déplacés, parqués dans des camps de fortune et confrontés aux maladies et au manque d'eau potable.
Une grande partie de la population se trouve dans des conditions de faim aiguë proche de la famine, selon diverses organisations humanitaires.
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A.Wyss--NZN