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Ministre des Transports pendant deux ans, la nouvelle cheffe du gouvernement Elisabeth Borne a impressionné ses interlocuteurs par son sérieux et sa connaissance des dossiers, quand bien même sa réforme ferroviaire reste critiquée.
A l'époque PDG de la RATP et marquée à gauche, Mme Borne a rejoint l'équipe d'Emmanuel Macron en mai 2017 au ministère des Transports. Elle y restera jusqu'en juillet 2019 et continuera à s'intéresser au secteur après sa promotion à la Transition écologique --la tutelle des Transports--, jusqu'à son arrivée au ministère du Travail en juillet 2020.
Son principal fait d'armes est l'adoption de la réforme ferroviaire en 2018, avec la transformation de la SNCF en une société anonyme à capitaux publics, la préparation de l'arrivée de la concurrence et la fin de l'embauche au statut de cheminot.
"C'est une techno, elle a une parfaite connaissance des dossiers, on a été agréablement surpris par sa connaissance des sujets ferroviaires", commente Fabien Dumas, secrétaire fédéral Sud-Rail.
Le syndicaliste se rappelle ses rencontres au ministère. "Elle était là en personne. On s'est dit +voilà quelqu'un qui est à l'écoute!+ Mais le dialogue social façon Borne, c'est +je vous reçois, je vous écoute mais je m'en fous+", dit-il.
Les syndicalistes auxquels a parlé un journaliste de l'AFP lui reprochent tous cette absence de négociation, au profit d'une "concertation" qui ne leur a pas permis de l'arrêter. Et Mme Borne est allée crânement au conflit, faisant passer son texte malgré trois mois de grève.
La réforme elle-même est régulièrement critiquée. Récemment encore par le président de l'Autorité de régulation des transports (ART) Bernard Roman, l'ancien PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, ou un rapport sénatorial, qui estiment en particulier que le gestionnaire public des voies ferrées, devenu filiale de la SNCF, devrait être vraiment indépendant de la compagnie de chemins de fer.
- "Populations oubliées" -
Autre grande réalisation de Mme Borne aux Transports: la Loi d'orientation des mobilités (LOM), une sorte de "boîte à outils" essentiellement destinée aux collectivités locales, qui comprend notamment la création des zones à faibles émissions (ZFE), l'ouverture des données, des moyens permettant le développement des nouvelles mobilités, etc.
"La LOM comprend aussi un volet institutionnel important, avec la réforme des compétences des collectivités" en matière de transports, rappelle un ancien collaborateur. "C'était un gros morceau, et (Mme Borne) a beaucoup négocié avec les élus."
Avec de fait un goût d'inachevé dans le petit monde des transports publics, puisque la ministre avait signalé en 2017 le problème des "populations oubliées de la mobilité", dépendantes de leurs voitures dans les zones périubaines et rurales. Celles qui ont plus tard fourni des bataillons de "gilets jaunes". Or, rien n'a été fait, ou presque, pour elles.
"Elle a fait le maximum avec la LOM, mais il n'y a pas eu le pognon qui va avec", regrette un responsable régional, se demandant ce qu'elle pourrait bien faire maintenant qu'elle sera à la tête du gouvernement, avec autorité sur Bercy.
Autre regret: Elisabeth Borne voulait une véritable programmation des infrastructures, financement à la clef. Une liste de projets a bien été annexée à la LOM, mais la priorité donnée à la rénovation de l'existant et aux déplacements du quotidien a été malmenée par l'annonce de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse et la relance de projets routiers à la fin du premier mandat d'Emmanuel Macron.
Côté routes, d'ailleurs, elle a calmé les appétits des sociétés autoroutières qui proposaient des investissements en échange d'un allongement de leurs concessions.
On peut citer, parmi les autres réalisations de Mme Borne, le "plan vélo", l'annonce de la sortie du thermique pour les automobiles en 2040, l'adoption d'un calendrier plus réaliste pour le CDG Express et le métro du Grand Paris, des avancées sur les conditions de travail des routiers en Europe, une écotaxe sur les billets d'avion, l'arrêt du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes et l'abandon de l'autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne.
Ses velléités de faire payer les camions pour financer les routes nationales qu'ils utilisent et abîment ne se sont pas concrétisées.
R.Schmid--NZN