AEX
7.5600
Dans une rare unanimité, le monde politique et les acteurs agricoles français sont mobilisés mercredi pour dire leur opposition, au nom de la défense des agriculteurs et de la nature, à la signature d'un accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur.
L'Union européenne semble déterminée à signer d'ici la fin de l'année un accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie), au grand dam de la France, qui le refuse toujours "en l'état".
Lors du Conseil des ministres qui a eu lieu avant son départ, "il a été rappelé l'opposition absolue du gouvernement vis-à-vis d'un traité qui mettrait en péril nos éleveurs", a rapporté la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
"Ce traité n'est pas acceptable tant pour des raisons écologiques que pour la concurrence déloyale qu'il induit. L'agriculture n'est pas une variable d'ajustement commercial et ne doit jamais être une variable d'ajustement commercial", a-t-elle ajouté.
Moins d'un an après une mobilisation historique des agriculteurs en France, qui s'était traduite notamment par des blocages d'autoroutes, les syndicats agricoles appellent leurs troupes à manifester à nouveau.
Ils dénoncent toujours la bureaucratie et la faiblesse des revenus, mais sont en plus excédés par les mauvaises récoltes, les maladies animales et la perspective d'une signature de l'accord avec le Mercosur.
- Pas "bloquer" la France -
Dans la matinée, l'alliance syndicale agricole majoritaire formée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) a lancé un appel à une mobilisation nationale des agriculteurs "à partir de lundi" 18 novembre. Ces organisations expliquent notamment vouloir "faire entendre (...) la voix de la France" au "moment du G20 au Brésil", alors qu'elle est plutôt isolée sur la scène européenne dans son opposition à cet accord.
"L'Europe ne doit pas être une passoire et elle ne peut pas importer des produits qui ne respectent aucun de nos standards", a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur France Inter, avant une conférence de presse prévue dans l'après-midi, où doivent être détaillées les actions prévues.
"On ne cible pas les autoroutes", a-t-il précisé, ajoutant que l'objectif de cette mobilisation n'était pas "de bloquer" ni "d'affamer" la France.
La porte-parole du syndicat minoritaire Confédération paysanne, Laurence Marandola, a indiqué mercredi que son organisation n'appellerait pas à rejoindre la mobilisation lancée par l'alliance FNSEA-JA.
Elle organise ses propres manifestations: un rassemblement - avec d'autres organisations - contre l'accord avec le Mercosur mercredi à la mi-journée devant le ministère de l'Economie et des Finances à Paris, et d'autres rassemblements anti-Mercosur le même jour dans l'Aveyron.
Des militants se sont notamment postés devant le McDonald's de Millau (Aveyron), qui avait été démonté par des membres de la Confédération paysanne en 1999, une action restée comme une référence de la lutte paysanne altermondialiste.
"Le but, c'était aussi de sortir un peu avant les autres syndicats pour se différencier et dire qu'on n'est pas contre les normes mais contre le libre-échange et qu'on l'est depuis 25 ans", a expliqué à l'AFP Sascha Vue, coporte-parole de la Confédération paysanne dans l'Aveyron.
La Coordination rurale, deuxième syndicat représentatif, promet "une révolte agricole" à compter du 19 novembre, avec un "blocage du fret alimentaire".
De leur côté, les interprofessions (organisations rassemblant notamment agriculteurs et industriels) de la viande bovine (Interbev), de la volaille (Anvol), des céréales (Intercéréales) et du sucre (AIBS) ont dit mercredi lors d'une conférence de presse vouloir "donner plus de force" à la mobilisation anti-Mercosur, en disant "non" d'une "seule voix" à cet accord.
Trois élus de différents bords - le socialiste Dominique Potier, le LR Laurent Duplomb et un ex-ministre de l'Agriculture (lors du premier mandat d'Emmanuel Macron), Stéphane Travert - étaient présents à cette conférence afin de montrer que le monde politique français affiche une rare unanimité sur le sujet.
L.Rossi--NZN