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Victime d'attaques racistes et sexistes venues du monde de la boxe depuis qu'elle a annoncé sa co-candidature pour diriger la Fédération française, la championne Sarah Ourahmoune se dit "abîmée" et raconte pourquoi elle veut "rebondir" après avoir renoncé à l'élection, dans un entretien accordé à l'AFP.
"Quand on prend trop de coups, des fois, il vaut mieux jeter l'éponge", lâche la médaillée d'argent aux JO de 2016 et actuelle vice-présidente de la Fédération française de boxe.
"Je sors abîmée", poursuit Ourahmoune, qui souhaite mettre son engagement "ailleurs" et "va réfléchir à la manière de rebondir".
La championne du monde 2008 (poids mouche), aussi impliquée dans les instances du comité olympique français, a été prévenue par ses connaissances que dans des "discussions" qui ne lui "étaient pas adressées directement", notamment des "groupes Whatsapp de coaches" de clubs de boxe, apparaissaient des propos la visant tels que "arabe de service", "femme de ménage de la fédération", "la chienne de..."
Les messages ont commencé à partir de l'annonce de sa co-candidature, partagée avec le président sortant Dominique Nato, dans le quotidien L'Equipe le 4 novembre dernier. D'abord il s'agissait de messages "pas très agréables" mais "on n'allait pas sur le terrain du racisme et du sexisme au départ", rembobine-t-elle. Puis cela a dégénéré. "Je m'attendais à des attaques d'ordre personnel ou sexiste, mais là, d'une telle violence, aussi directe, aussi décomplexée (...) sans forcément quelqu'un qui dit stop", affirme-t-elle.
Alors, après plusieurs jours à recevoir des "captures d'écran" de ces propos racistes et sexistes, elle décide de retirer sa candidature. "C'est un engagement sincère, je le fais pour mon sport et pour les clubs". Impossible de continuer, même si elle sait que ce n'est qu'une "petite poignée" du monde de la boxe qui l'a attaquée.
Bien sûr, depuis l’annonce de son retrait lundi, elle a reçu "beaucoup de messages de soutien de gens qui lui disent +Non, mais il ne faut pas abandonner, c'est les laisser gagner!+". Mais sa décision est irrévocable. Renoncer "c'est aussi envoyer un signal fort" pour dire "je refuse ces comportements, je refuse de cautionner ça", insiste-t-elle.
- "Attaquée par son milieu" -
Se présenter pour Ourahmoune, c'était continuer son combat "pour qu'il y ait plus de femmes dans les instances", "féminiser" la fédération et également "préparer la relève", dans un monde fédéral français qui laisse peu de pouvoir aux femmes.
Elle dit avoir aussi reçu des messages de soutien d'anciens et d'actuels ministres, du monde sportif français, y compris de "clubs, d'entraîneurs et d'athlètes". Cette championne, éducatrice spécialisée, et à la tête de son entreprise "Boxer Inside", est connue pour ses actions pour la promotion des femmes dans le sport, des enfants et des ados, attachée au sport comme outil d'inclusion et d'émancipation.
"Me faire attaquer par mon milieu, ça fait mal parce que j'estime avoir quand même porté positivement les valeurs et l'image de mon sport, que ce soit sur les rings ou en dehors, j'ai quand même beaucoup donné et je continue à le faire aujourd'hui", explique-t-elle.
- Dépôt de plainte -
Elle prévoit de se rendre jeudi au commissariat de sa ville d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour "aller porter plainte".
La fédération française de boxe "va se porter partie civile", a indiqué à l'AFP jeudi Dominique Nato. "C'est une période électorale, certains ne reculent devant rien", lâche-t-il, "déplorant" les attaques ayant visé son ex-colistière. En face, une liste est conduite par une autre cador du ring: Estelle Mossely, médaillée d'or aux JO de Rio, qui brigue la présidence lors des élections du 14 décembre.
"Elle m'a envoyé un message de soutien tout de suite", explique Sarah Ourahmoune.
Au final, la championne se désole d'une mauvaise publicité pour le monde de la boxe. "On était déjà en difficulté depuis une dizaine d'années. On ne parle de la boxe qu'autour des problématiques d'ingérence, de tricherie", dit-elle.
Au niveau mondial, les tensions sont au maximum entre la Fédération internationale (IBA) et le Comité international olympique (CIO), au point que la présence de la boxe aux JO est actuellement sur la sellette.
A.Wyss--NZN