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Le syndicat agricole majoritaire FNSEA, qui a annoncé vendredi de nouvelles manifestations pour les 9 et 10 décembre, demande aux députés de mesurer les "conséquences" d'une censure du gouvernement, qui ralentirait encore la concrétisation des promesses obtenues.
Vendredi matin sur RMC, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé de nouvelles "actions", "partout en France", les 9 et 10 décembre.
Il s'agit de marquer la troisième (et normalement dernière) phase de la mobilisation engagée depuis la mi-novembre autour de trois thèmes: opposition à la conclusion d'un accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur, dénonciation des "entraves" à l'exercice du métier (restrictions sur les pesticides ou la construction de réserves pour l'irrigation) et pression pour obtenir un meilleur revenu.
Les nouvelles manifestations se feront donc "autour du revenu, autour de la relation avec le prix de nos produits, notamment dans le cadre du début (...) de la négociation avec les distributeurs", a expliqué Arnaud Rousseau.
Les négociations commerciales annuelles entre les enseignes de supermarché et leurs fournisseurs de l'industrie agroalimentaire (Danone, Bigard...) débutent. Elles doivent se conclure d'ici au 1er mars.
"On sera le lundi et le mardi de cette semaine-là [9 et 10 décembre, NDLR], avec l'objectif qu'on puisse conclure notre cycle (de manifestations) avec une rencontre avec le Premier ministre (...). On a besoin que des résultats concrets soient au rendez-vous", a-t-il ajouté.
Le responsable syndical n'a pas caché sa crainte d'assister d'ici là à la censure du gouvernement de Michel Barnier par l'Assemblée nationale.
"Depuis près d'un an, (...) on a obtenu un certain nombre de choses. Mais la dissolution et la menace aujourd'hui qui pèse sur le gouvernement nous laissent à penser qu'un certain nombre des avancées qui ont été annoncées ne seront pas forcément au rendez-vous. C'est le cas, par exemple, des prêts de trésorerie sur lesquels la ministre [de l'Agriculture, Annie Genevard] a fait des annonces il y a trois semaines", a estimé Arnaud Rousseau.
Dans un message sur X jeudi, le président de la FNSEA a lancé "un appel" à tous les adhérents du syndicat, pour qu'ils sensibilisent leurs députés aux "conséquences de leur vote" en cas de censure.
Il a plaidé en faveur de la "stabilité".
- "Pas tenable" -
Michel Barnier et Annie Genevard sont issus des rangs de LR et donc d'une droite historiquement sensible aux revendications du syndicat majoritaire et de son allié Jeunes agriculteurs (JA).
"Si on doit encore attendre un prochain gouvernement pour avoir des décisions, pour nous, ce n'est pas tenable", a appuyé M. Rousseau sur RMC.
Après leur mouvement hivernal, les agriculteurs avaient obtenu des engagements gouvernementaux, restés en suspens du fait de la dissolution de l'Assemblée nationale.
Les syndicats agricoles ont relancé à la mi-novembre un mouvement de protestation, en ordre dispersé à l'approche de leurs élections professionnelles, mais avec en commun la revendication d'un meilleur revenu et l'opposition au projet d'accord de libre-échange UE-Mercosur.
Annie Genevard devait recevoir vendredi FNSEA-JA, puis le Modef et la Coordination rurale (CR), pour "avancer sur des mesures concrètes qui visent à simplifier le quotidien" des agriculteurs, selon le ministère.
La Confédération paysanne, qui demande aussi un meilleur revenu et des simplifications administratives sans toutefois contester les normes et leur contrôle, sera reçue "dans les prochains jours".
Les élections professionnelles, prévues en janvier, créent un surcroit de tensions. La CR compte briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA, qui préside aujourd'hui la quasi-totalité des chambres d'agriculture.
La semaine dernière, un déplacement du président de la FNSEA Arnaud Rousseau dans le Lot-et-Garonne a été perturbé par des militants de la CR, où cette organisation coutumière des actions coup de poing est majoritaire.
A.Senn--NZN