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Espérant laisser définitivement derrière lui le cauchemar de la crise sanitaire, Air France-KLM a annoncé mardi une nouvelle recapitalisation de 2,26 milliards d'euros, qui verra l'armateur CMA CGM devenir son troisième actionnaire après les États français et néerlandais.
Le groupe aérien, auquel le Covid-19 a fait perdre quelque 11 milliards d'euros depuis 2020, veut affecter la majorité des montants levés au remboursement d'une aide exceptionnelle consentie par l'État français.
Celui-ci et les Pays-Bas ont l'intention de souscrire à cette augmentation de capital pour garder les mêmes niveaux de participation, soit respectivement 28,6% et 9,3%, induisant des montants de quelque 645 et 220 millions d'euros. Le Parlement néerlandais devra donner son feu vert à cette dernière rallonge.
En revanche, les deux autres principaux actionnaires actuels, les compagnies chinoise China Eastern et américaine Delta Air Lines, verront leur participation diminuer au profit d'un nouvel entrant, CMA CGM.
L'armateur et logisticien français investira jusqu'à 400 millions d'euros et deviendra avec 9% le troisième actionnaire du groupe si l'opération, démarrant mercredi et courant jusqu'au 9 juin, se déroule comme prévu.
China Eastern passera dans ce cas de 9,6% à 4,7% du capital, et Delta de 5,8% à 2,9%.
Le principe de l'entrée du PDG de CMA CGM Rodolphe Saadé au Conseil d'administration du groupe franco-néerlandais a été entériné mardi après-midi par les actionnaires, réunis en assemblée générale près de l'aéroport de Roissy au nord de Paris.
Conséquence logique de l'émission prévue de nouveaux titres, le titre Air France-KLM a perdu 20,63% à la Bourse de Paris mardi dans les derniers échanges, dans un marché en repli de 1,66%.
Pour Christophe Dewatine, secrétaire général CFDT-Air France, l'opération "arrive au bon moment". "C'est plutôt une bonne nouvelle avec une bonne surprise, c'est de voir l'État néerlandais rentrer dans le projet sans sourciller", a-t-il affirmé à l'AFP.
Il s'agit du deuxième étage des mesures entreprises pour assainir les finances du groupe, après une première recapitalisation en avril 2021.
Outre un doublement de sa participation, le gouvernement français avait alors accepté de convertir en obligations perpétuelles une aide de trois milliards d'euros consentie dès le printemps 2020.
Cette aide avait reçu le feu vert de la Commission européenne, dans le cadre des mesures exceptionnelles prises face à la crise sanitaire.
– Accusations de "greenwashing" –
Mais l'institution avait contraint Air France-KLM à des concessions, dont l'abandon de créneaux aéroportuaires et l'interdiction d'effectuer des acquisitions stratégiques au-delà de 10% du capital des entreprises concernées tant que les aides d'État n'auront pas été remboursées à au moins 75%.
Air France-KLM souhaite "se libérer" en particulier de cette dernière contrainte, alors que de nombreuses opportunités se dessinent en période de sortie de crise, dont la nouvelle compagnie transalpine ITA, également convoitée par le tandem Lufthansa/MSC.
Le groupe "affectera environ 1,7 milliard d'euros" du montant qu'elle espère lever au remboursement des obligations souscrites par l'État, tandis que "le solde viendra réduire l'endettement net", qui était de 7,7 milliards d'euros fin mars.
Air France-KLM avait déjà annoncé vendredi vouloir affecter au remboursement des aides françaises les 500 millions d'euros que le fonds américain Apollo va investir dans une filiale propriétaire d'un parc de moteurs de rechange.
"À mesure que la reprise se confirme et que nos performances économiques se redressent", Air France-KLM veut pouvoir "saisir toute opportunité dans un secteur aérien en transformation", a commenté le directeur général du groupe, Benjamin Smith, cité dans le communiqué.
Après avoir divisé sa perte nette par trois sur un an au premier trimestre, Air France-KLM a manifesté son optimisme pour la saison estivale, malgré les conséquences de la guerre en Ukraine : les niveaux d'activité pour la cruciale période d'été devraient s'approcher de ceux de 2019 et même les dépasser pour la filiale "low cost" Transavia.
Selon ses dirigeants, le groupe est sorti intrinsèquement plus rentable de la crise après avoir mené depuis deux ans un plan tous azimuts de réduction des coûts, incluant la suppression de 14.000 postes.
L'assemblée générale, lors de laquelle toutes les résolutions ont été adoptées, a été marquée par deux questions de militantes de la lutte contre le réchauffement climatique, accusant KLM de "greenwashing" dans sa communication publicitaire et menaçant la compagnie de poursuites aux Pays-Bas.
tq-jcp-agu-mra/tq/tsz/laf
E.Schneyder--NZN