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Hôpitaux engorgés, déserts médicaux croissants, "perte de sens" du métier pour les personnels: face à une "crise systémique" du secteur de la santé, Emmanuel Macron rencontre mardi des professionnels du secteur à Cherbourg pour le premier déplacement de son nouveau quinquennat.
Le chef de l'Etat est arrivé vers 17H45, avec près d'1H45 de retard sur l'horaire prévu, au Centre hospitalier de Cherbourg avec la nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, en raison d'un sommet européen à Bruxelles dédié au soutien à l'Ukraine, qui a joué les prolongations.
En retour, M. Macron a annoncé le lancement d'une nouvelle mission "d'un mois sur les soins non programmés" avant d'entamer une table ronde avec "tous les acteurs de la santé" (urgentistes, infirmiers, médecins généralistes, administration) "de l'accès aux soins urgents et non programmés".
M. Macron a également précisé vouloir lancer "à partir de juillet" sa grande conférence sur la santé avec toutes les parties prenantes. Une méthode au "plus près du terrain" qu'il souhaite également dupliquer pour son autre chantier: l'éducation.
Fermetures de nuit, "délestages" sur d'autres hôpitaux, accès filtrés par les Samu: au moins 120 services d'urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent et tous les voyants sont au rouge.
Au total, quasiment 20% des quelque 620 établissements, publics et privés, hébergeant un ou plusieurs services d'urgences sont touchés.
Signe supplémentaire d'une crise inédite, 14 des 32 plus gros hôpitaux français (CHU et CHR) figurent sur cette liste. A Cherbourg, à moins d'une urgence vitale, seul un appel préalable au 15 peut ainsi permettre une admission à certaines heures.
- revalorisation sans délai -
Sur tout le territoire, l'accès aux soins de ville devient en outre de plus en plus difficile en raison d'un manque de médecins et d'une saturation des maisons de santé.
Malgré le doublement du "nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles" depuis 2017 et des "investissements sans précédent", après notamment le Ségur de la Santé, "des difficultés profondes rendent aujourd'hui ces métiers difficiles et pas assez attractifs", souligne l'Elysée.
L'exécutif entend donc mettre l'accent sur un "plan de recrutement et de fidélisation dans tous les secteurs" de la santé.
"Il y a urgence à agir pour assurer la continuité des soins partout dans les territoires, non plus dans quelques années mais dans quelques semaines", s'est alarmé le président de l’ordre national des infirmiers Patrick Chamboredon.
Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), des revalorisations doivent être décidées sans délai et l’hôpital public ne pourra plus, à l’avenir, pallier les faiblesses de tout le système de santé.
En renouant avec ces déplacements de terrain, Emmanuel Macron rompt avec une longue parenthèse, depuis sa réinvestiture le 7 mai, durant laquelle il a beaucoup consulté mais peu pris la parole sur les sujets nationaux.
- "Pas d'état de grâce" -
Le chef de l'Etat entend démentir ceux qui, jusque dans sa majorité, s'inquiètent d'un manque de souffle de ce début de quinquennat à 12 jours du premier tour des législatives.
"Il n'y a pas d'état de grâce, on le savait dès le départ", a concédé mardi le député LREM Xavier Iacovelli, estimant plus difficile d'incarner la rupture avec un deuxième quinquennat.
Le président Macron, qui a aussi fait de l'école l'une de ses priorités, fera également le point jeudi à Marseille avec le nouveau ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye sur l'expérimentation "école du futur" lancée dans 59 établissements de la ville.
Cette expérimentation, initiée en septembre 2021 par le président dans un plan "Marseille en grand", vise à donner davantage d'autonomie aux équipes pédagogiques pour un système scolaire "plus juste et plus inclusif".
Ce projet suscite beaucoup d’interrogations, voire une opposition ferme sur le terrain syndical, notamment l'idée que les directeurs d'école puissent "choisir l'équipe pédagogique".
Le chef de l'Etat marquera aussi à cette occasion son soutien à Pap Ndiaye, historien réputé des minorités et cible d'un tir de barrage de l'extrême droite, qui le qualifie de "militant racialiste et antiflics", depuis sa nomination surprise au gouvernement.
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E.Leuenberger--NZN