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Hôpitaux engorgés, déserts médicaux croissants, "perte de sens" du métier pour les personnels: face à une "crise systémique" du monde de la santé, Emmanuel Macron a dessiné mardi avec des professionnels les contours de son vaste chantier "santé" en s'attaquant d'abord à la crise des services d'urgence.
Pour le premier déplacement de son nouveau quinquennat, le chef de l'Etat est arrivé vers 17H45, avec près d'1H45 de retard sur l'horaire prévu, au Centre hospitalier de Cherbourg avec la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, en raison d'un sommet européen à Bruxelles dédié au soutien à l'Ukraine qui a joué les prolongations.
En réponse, M. Macron a annoncé le lancement d'une nouvelle mission "d'un mois sur les soins non programmés" confiée au président de Samu-Urgences de France, François Braun.
"Territoire par territoire", elle doit expliquer "où sont les manques, pouvoir les chiffrer" et donner des premières pistes pour répondre à ce problème, a détaillé le chef de l'Etat.
Fermetures de nuit, "délestages" sur d'autres hôpitaux, accès filtrés par les Samu: au moins 120 services d'urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent.
Au total, quasiment 20% des quelque 620 établissements, publics et privés, hébergeant un ou plusieurs services d'urgences sont touchés. A Cherbourg, à moins d'une urgence vitale, seul un appel préalable au 15 peut ainsi permettre une admission à certaines heures.
A l'issue d'une table ronde avec "tous les acteurs de la santé" (urgentistes, infirmiers, médecins généralistes, administration), M. Macron a également précisé lancer "à partir de juillet" sa grande conférence sur la santé avec toutes les parties prenantes.
Il y a "une vraie révolution collective à faire", a-t-il plaidé.
Radioscopie des difficultés "territoire par territoire", "hôpital par hôpital", ce chantier doit selon Emmanuel Macron, permettre de "bâtir des solutions très concrètes" adaptées à chacune des 1.200 intercommunalités "sur la base du cahier des charges national" mais aussi avec la promesse de moyens supplémentaires que le chef de l'Etat envisage en "milliards d'euros".
- Revalorisation sans délai -
"Il y a urgence à agir pour assurer la continuité des soins partout dans les territoires, non plus dans quelques années mais dans quelques semaines", s'est alarmé le président de l'ordre national des infirmiers, Patrick Chamboredon.
Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), des revalorisations doivent être décidées sans délai et l'hôpital public ne pourra plus, à l'avenir, pallier les faiblesses de tout le système de santé.
En renouant avec ces déplacements de terrain, Emmanuel Macron rompt avec une longue parenthèse, depuis sa réinvestiture le 7 mai, durant laquelle il a beaucoup consulté mais peu pris la parole sur les sujets nationaux.
Le chef de l'Etat entend démentir ceux qui, jusque dans sa majorité, s'inquiètent d'un manque de souffle de ce début de quinquennat à 12 jours du premier tour des législatives.
"Il n'y a pas d'état de grâce, on le savait dès le départ", a concédé mardi le député LREM Xavier Iacovelli, estimant plus difficile d'incarner la rupture avec un deuxième quinquennat.
Le président Macron, qui a aussi fait de l'école l'une de ses priorités, fera également le point jeudi à Marseille avec le nouveau ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye sur l'expérimentation "école du futur" lancée dans 59 établissements de la ville.
Cette expérimentation, initiée en septembre 2021 par le président dans un plan "Marseille en grand", vise à donner davantage d'autonomie aux équipes pédagogiques pour un système scolaire "plus juste et plus inclusif".
Ce projet suscite beaucoup d'interrogations, voire une opposition ferme sur le terrain syndical, notamment l'idée que les directeurs d'école puissent "choisir l'équipe pédagogique".
Le chef de l'Etat marquera aussi à cette occasion son soutien à Pap Ndiaye, historien réputé des minorités et cible d'un tir de barrage de l'extrême droite.
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L.Zimmermann--NZN