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Le groupe français TotalEnergies a annoncé mardi avoir conclu avec l'Ouganda, la Tanzanie et son partenaire le géant pétrolier chinois CNOOC un accord d'investissement de 10 milliards de dollars dans le cadre du mégaprojet controversé d'exploitation et d'exportation du pétrole ougandais.
"Aujourd'hui, nous nous engageons à investir 10 milliards de dollars dans les projets Tilenga et Kingfisher et de l'oléoduc long de 1.443 kilomètres" reliant l'Ouganda à la Tanzanie, a déclaré Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, lors d'une cérémonie officielle dans la capitale ougandaise Kampala.
Cet accord, appelé Décision finale d'investissement (FID), a été signé quelque 16 années après la découverte de ces réserves situées dans la région du lac Albert.
"A partir d'aujourd'hui avec le FID, le projet va entrer pleinement dans la phase de construction", a ajouté M. Pouyanné.
Le président de CNOOC Ouganda, Chen Zhuobiao, a lui qualifié la journée d'"incroyable".
"Un tel moment était attendu depuis longtemps pour ce secteur", a-t-il dit.
La découverte de ce pétrole a suscité l'espoir au sein des autorités ougandaises de voir leur pays se transformer en Eldorado pétrolier.
Sous les eaux et sur les rives du lac Albert, barrière naturelle de 160 km de long séparant l'Ouganda de la République démocratique du Congo, reposent l'équivalent de 6,5 milliards de barils de brut, dont environ 1,4 milliard récupérables dans l'état actuel des découvertes.
Les réserves de l'Ouganda peuvent durer entre 25 et 30 ans avec un pic de production estimé à 230.000 barils par jour.
L'East African Crude Oil Pipe Line (EACOP) doit acheminer ce brut depuis l'Ouest de l'Ouganda jusqu'au port tanzanien de Tanga, sur l'océan Indien.
"Cet argent va booster notre économie", a déclaré le président ougandais Yoweri Museveni, présent aux côtés du vice-président tanzanien Philip Mpango.
"Je félicite nos partenaires Total et CNOOC. Nous sommes maintenant prêts. Nous avançons", a-t-il ajouté.
- "Empreinte positive" -
Le projet fait l'objet de vives critiques d'ONG de défense de l'environnement qui estiment qu'il fait perdre l'accès à leurs terres à des dizaines de milliers d'agriculteurs et représente une menace écologique pour cette région riche en biodiversité.
"Les conséquences de la construction de (l'oléoduc) seront dévastatrice pour nos communautés, la faune et pour la planète", a déclaré dans un communiqué Landry Ninteretse, directeur régional de 350Africa.org, un groupe de protection de l'environnement, ajoutant que l'EACOP n'est "pas inévitable".
"Il nécessite des milliards de dollars (de prêts) de banques privées à travers le monde pour devenir viable", ajoute-t-il.
Outre l'oléoduc, le projet prévoit le forage de centaines de puits de pétrole dans plusieurs réserves naturelles.
Un consortium d'associations, comprenant notamment les Amis de la Terre France et Survie, a assigné TotalEnergies devant la justice française pour n'avoir pas respecté ses obligations légales de protection de l'environnement et des droits des populations touchées par le projet.
En décembre, la Cour de cassation -plus haute juridiction française- avait donné raison aux associations pour juger leur recours devant un tribunal judiciaire, et non devant un tribunal de commerce.
"Nous sommes conscients de la sensibilité des zones où nous travaillons. Nous sommes engagés à laisser une empreinte environnementale positive", a également déclaré mardi M. Pouyanné.
Total, l'une des cinq "supermajors" mondiales rebaptisée TotalEnergies en 2021 pour souligner sa diversification, est essentiellement active dans le pétrole et le gaz mais se développe aussi actuellement dans l'électricité, notamment d'origine renouvelable.
T.Gerber--NZN