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Au Canada, le hockey sur glace est roi, mais il y a peu de reines. Dans de nombreuses régions, les équipes féminines n'existent pas et il n'y a pas de championnat professionnel féminin. Mais elles sont nombreuses à se battre pour que cela change.
"Les cinq prochaines années vont rattraper les quinze dernières. Je pense que c'est le moment", veut croire Danièle Sauvageau, ex-entraîneure de l'équipe nationale canadienne et aujourd'hui directrice du centre de haute performance.
"On va voir des changements et plus de visibilité, probablement plus de sport féminin à la télé qu'on en a vu", ajoute-t-elle.
C'est tout le paradoxe, malgré une nouvelle médaille d'or olympique à Pékin, en février dernier, les hockeyeuses canadiennes sont encore peu visibles dans leur pays et le hockey reste principalement un sport d'hommes. Les femmes représentent toujours moins de 20% des pratiquants au Canada (moins de 10% au Québec).
L'introduction, en 2017, d'une forme de salarisation dans la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) aurait pu marquer un tournant. Mais à peine deux ans plus tard, l'annonce de sa faillite a mis un terme au mouvement de professionnalisation qui semblait s'être amorcé.
"Nous revenons à l'avant-scène avec les Jeux olympiques. Mais tout est à refaire chaque quatre ans", regrette Marie-Philip Poulin, capitaine de l'équipe canadienne et triple championne olympique.
- "Il faut de la patience" -
Elle a fondé, en mai 2019, avec d'autres joueuses canadiennes et américaines l'Association des joueuses de hockey professionnelles (PWHPA). Leur but: créer une ligue nord-américaine où les joueuses seraient payées en tant que professionnelles sans avoir à travailler à côté.
"Nous y croyons. Nous luttons pour créer une ligue non seulement pour nous, mais pour les prochaines générations de joueuses. Il faut de la patience", ajoute-t-elle.
Dans les clubs féminins, les jeunes filles connaissent peu ces championnes.
"La perception des gens reste que le hockey c'est plutôt pour les garçons, mais cela change doucement", estime Kim McCullough, à la tête d'un club féminin de Toronto.
Selon un sondage récent, plus de 92% des Canadiens estiment que les filles devraient être encouragées autant que les garçons à faire du sport mais plus de 33% considèrent toujours que certains sports ne conviennent pas aux femmes.
Mais ces dernières années, "on a vu une augmentation des joueuses à tous les niveaux et c'est super, car plus nous avons de joueuses le mieux c'est pour notre sport", ajoute cette entraineure, casquette rouge de l'équipe nationale sur la tête.
- Clubs réservées aux filles -
Sur la glace, des débutantes de 7 à 14 ans, maillots vert ou rose sur le dos, glissent à toute allure d'un bout à l'autre de la patinoire, en avant et en arrière, sous les regards attentifs de leurs parents, qui immortalisent l'instant avec leur téléphone, assis derrière une vitre.
Jamie Bliss, 43 ans, a accompagné sa fille Kira, 12 ans à l'entraînement: "C'est super d'avoir toutes les filles sur la glace mais aussi d'avoir des entraîneures qui sont des femmes. Je pense que c'est génial pour elles de voir d'autres femmes les entraîner, les encourager. Cela leur donne confiance".
Avoir un modèle, c'est d'ailleurs ce qui a motivé Hallae, 10 ans. "J'ai été inspiré par la copine de mon père, elle a fait beaucoup de hockey", raconte-t-elle ajoutant aimer le jeu et la compétition.
Dans ce club de Toronto réservé aux filles, elles sont nombreuses à expliquer que cela leur permet de se sentir plus à l'aise.
"C'est plus facile parce que certains garçons peuvent parfois être méchants quand on rate quelque chose", confie Riley, huit ans.
Mais contrairement à ce club, toutes les provinces n'offrent pas la possibilité aux filles de jouer dans des équipes féminines pour découvrir le hockey. Au Québec, la plupart du temps les filles sont intégrées aux équipes de garçons.
Un récent rapport, commandé par le gouvernement québécois sur le hockey de la province francophone, a mis l'accent notamment sur la promotion du hockey féminin et prône un meilleur encadrement des joueuses. Et pour davantage de femmes à des postes stratégiques au sein de Hockey Québec.
F.E.Ackermann--NZN