AEX
-11.9800
Anniversaire, mariage, diplôme, Saint-Valentin... Les ballons à l'hélium sont de toutes les fêtes aux Etats-Unis, mais une pénurie mondiale de ce gaz vient chambouler les habitudes, pénalisant autant les consommateurs que les commerçants.
"En raison de la pénurie mondiale d'hélium, nous n'autorisons la commande que de 20 ballons", avertit Litin's Party Value, un magasin d'articles de fête de Minneapolis (Minnesota, nord), sur son site internet.
"Certains clients sont très déçus de ne pas pouvoir en obtenir plus", a expliqué à l'AFP Kristi Holmstrom, directrice générale de cette enseigne. "Je n'ai jamais connu une telle situation", détaille-t-elle, "beaucoup d'entreprises de notre région sont à court d'hélium".
Qu'il flotte seul au bout d'un fil ou regroupé en bouquet, représente un personnage de dessin animé, un chiffre pour un anniversaire, une citrouille pour Halloween, le ballon gonflé à l'hélium est un incontournable.
Entre les ventes perdues et la suspension de l'activité de location de bonbonnes d'hélium, Mme Holmstrom estime le manque à gagner entre 5.000 et 10.000 dollars par mois. Car, alors que la saison des "graduation parties", ces célébrations de diplômes avec chapeau carré, bat son plein, trouver des ballons pour cette occasion unique relève du parcours du combattant.
"J'ai essayé d'acheter des ballons pour le diplôme de mon bébé. Aucun magasin n'avait d'hélium", s'étonne ainsi sur Twitter un habitant de l'Indiana.
- Priorité à l'usage médical -
Face à la pénurie, une équipe de football américain du Nebraska, les Cornhuskers, a, pour la première fois, renoncé cette saison à son traditionnel lâcher de ballons rouges avant chaque match à domicile.
"Trouver de l'hélium en ce moment (...) est vraiment difficile", a indiqué fin mai Trev Alberts, le directeur des équipes sportives de l'Université du Nebraska.
La direction de l'université a ainsi "demandé que l'hélium que nous obtenons en tant qu'université soit utilisé à des fins médicales" à la faculté de médecine de l'établissement, a-t-il détaillé. L'hélium est indispensable, notamment, pour refroidir les IRM, ces appareils d'imagerie médicale.
Trev Alberts a également mis en avant un autre sujet de préoccupation: "l'impact environnemental des ballons", dont le plastique finit souvent dans la nature.
La pénurie mondiale d'hélium est liée au fait que ce gaz n'est produit que dans une poignée de pays. La chaîne d'approvisionnement, déjà fragile, a été perturbée par plusieurs fermetures d'usines: dans l'Etat du Texas aux Etats-Unis pour des raisons de sécurité, en Russie après un incendie et avant la guerre en Ukraine, au Qatar, pour maintenance.
La chaîne de magasins d'articles de fête Party City, qui compte 830 magasins en Amérique du Nord, a réussi tant bien que mal à maintenir son approvisionnement, a expliqué le directeur général Brad Weston, lors de la présentation des résultats trimestriels le 9 mai. Le revers de la médaille est cependant "un coût plus élevé".
Cela a amputé le bénéfice d'environ 2 millions de dollars au premier trimestre, a-t-il souligné, avertissant que ça sera pire pour le deuxième trimestre, point culminant de l'année pour les ventes de ballons.
- "Difficile d'en obtenir" -
La situation est encore moins bonne pour la populaire chaîne de magasins à bas prix Dollar Tree, qui n'a "pas été en mesure de (se) procurer le volume" nécessaire, a regretté le patron du groupe, Mike Witynski, le 26 mai. Cela "pénalisera les ventes de ballons" au deuxième trimestre, a-t-il souligné.
Les organisateurs de fêtes doivent eux aussi trouver des alternatives, alors que l'hélium est "de plus en plus cher. C'est difficile d'en obtenir", a raconté à l'AFP Anna Bondareva, créatrice avec Laura Badmaev de l'agence Wonder Party Rental, située dans la banlieue de Washington.
"Nous avions une cliente, qui, pour son 33e anniversaire, souhaitait faire flotter au-dessus de la table d'énormes ballons à hélium". Avant de renoncer à cause du prix.
Les deux associées ont décidé de ne plus proposer à leurs clients ces coûteux ballons, d'une part pour ne pas contribuer à aggraver la pénurie. Et "cela nous donne la chance d'être plus créatives, de repenser nos décorations".
Même le service national de la météo a dû, dans une poignée de ses sites, réduire le lancement des ballons-sondes utilisés pour les prévisions.
"Si nécessaire, nous réduisons nos lancements par temps clair pour conserver l'approvisionnement afin que nous puissions en lancer (...) les jours de mauvais temps", a souligné une porte-parole du National weather service.
O.Hofer--NZN