AEX
-11.9800
Grève à Roissy, pénurie de personnel dans les aéroports européens, mobilisation dans les compagnies low-cost en Italie... Le transport aérien fait face à une poussée de fièvre de ses salariés qui se mobilisent pour leurs conditions de travail, menaçant de gripper la solide reprise du secteur.
Après deux ans de pandémie de Covid-19 et la quasi mise à l'arrêt du trafic aérien en Europe, compagnies aériennes et aéroports se retrouvent exsangues face au retour massif et soudain des voyageurs dans les aérogares.
La reprise du trafic devrait atteindre jusqu'à 95% de son niveau de 2019 cet été selon Eurocontrol. Mais, après avoir mené des plans de départ à tour de bras pour traverser la pandémie, les entreprises du secteur rencontrent aujourd'hui de grandes difficultés pour recruter, accentuant la pression sur des salariés qui peinent à suivre la cadence.
"Nous avions prévenu au début de la crise Covid qu'il ne fallait pas virer tout le monde car au moment de la reprise on aurait du mal", rappelle à l'AFP Livia Spera, secrétaire générale de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF). "Les gouvernements ont donné des aides aux compagnies pour surmonter la crise, mais il n'y a eu aucune contrepartie sociale", a-t-elle déploré.
Pour le syndicat français FO, "le chaos subi depuis plusieurs semaines par les salariés travaillant sur les nombreuses plateformes aéroportuaires en France et en Europe est intolérable".
A Paris, les personnels de l'aéroport de Roissy, l'un des plus grands en Europe, ont donc décidé de se mettre en grève jeudi pour demander une hausse de salaire de 300 euros "sans condition, pour toutes et tous".
Les compagnies ont été contraintes d'annuler une centaine de vols, soit un quart du programme prévu jeudi entre 7h00 et 14h00. Jusqu'ici l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle faisait pourtant plutôt figure de bon élève par rapport à ceux d'Amsterdam-Schiphol ou Francfort, où des pénuries de personnels ont conduit à annuler des centaines de vols et des files d'attente monstre ont provoqué la colère des voyageurs.
Au Royaume-Uni, des centaines de vols ont été annulés la semaine dernière pour la même raison, juste avant le jubilé de la reine Elizabeth II et alors que s'annonce une saison estivale chargée.
- Low-cost en grève -
Le principal syndicat britannique, Unite, a également organisé une grève de cinq jours en avril chez les bagagistes de l'aéroport de Luton et menace d'en faire de même chez British Airways cet été.
Le transport aérien "paye le prix des licenciements de masse pendant la période de la pandémie", a dénoncé le syndicat dans un communiqué. "Les conséquences sont désormais un sous-effectif chronique" et tant que les entreprises n'amélioreront pas les salaires et conditions de travail, "les retards, annulations et le chaos continueront", promet Unite.
Les low-cost comme Ryanair, qui se porte bien, ne sont pas épargnées. En Italie, deux syndicats ont annoncé une grève de 4 heures mercredi dans la compagnie irlandaise pour demander de meilleurs salaires ou dénoncer son refus d'accorder les journées de repos obligatoires cet été.
Même chose chez Volotea ou Easyjet. Ces mouvements ont engendré l'annulation de 360 vols en Italie selon le responsable transport de la confédération syndicale UIL Claudio Tarlazzi, cité par l'agence AGI.
"Les travailleurs ont fait preuve de beaucoup de compréhension" pendant la pandémie en acceptant de baisser leurs salaires ou en renonçant à des jours de congés, insiste Livia Spera. "Maintenant, il y a un manque de disponibilité (des patrons) pour négocier des améliorations", ajoute-t-elle, citant aussi le rail ou le transport public urbain comme secteurs concernés.
Le transport ferroviaire commence lui aussi à être frappé par des mouvements sociaux comme au Royaume-Uni où se prépare la plus grosse grève de trains depuis plus de 30 ans, entre le 21 et le 25 juin, pour demander de meilleurs salaires et conditions de travail.
A.Ferraro--NZN