Zürcher Nachrichten - Cet été, à la maternité, "on verra au jour le jour"

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Cet été, à la maternité, "on verra au jour le jour"
Cet été, à la maternité, "on verra au jour le jour" / Photo: Christophe ARCHAMBAULT - AFP

Cet été, à la maternité, "on verra au jour le jour"

Comme partout en France cet été, la maternité des Diaconesses à Paris fera face à un gros manque de sages-femmes. Les salles de naissances pourront fonctionner, voire venir en aide aux autres maternités, mais dans la douleur.

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Au bout du couloir blanc et bleu du secteur naissance, une petite Azethah, tout juste sortie du ventre de sa mère, teste ses cordes vocales. Bonnet blanc sur la tête, elle agite pieds et bras dans sa couveuse.

"Faire accoucher les femmes cet été, on le fera. Le problème, c'est l'après", explique à l'AFP le Dr Thierry Harvey, chef de service de la maternité, qui s'inquiète "des fermetures, faute de personnel, de lits d'hospitalisation", nécessaires pour la prise en charge des femmes et de leurs bébés.

Cette année, les vacances des soignants, bien méritées après ces années Covid, "viennent se rajouter" à une problématique de taille: la pénurie de sages-femmes dont souffre l'hôpital depuis "un peu plus d'un an", explique Hélène Ostermann, sage-femme cadre supérieur du pôle maternité-fertilité qui compte 12 postes vacants de sages-femmes (sur 36). Du jamais vu.

Les sages-femmes sont nombreuses à quitter la région parisienne, voire l'hôpital, dénonçant le manque d'attractivité de la profession, des effectifs insuffisants et des conditions de travail qui ne leur permettent pas de répondre aux besoins des femmes.

"L'endroit prioritaire, ce sont les salles de naissance. On y met tout le personnel qu'on peut", détaille Thierry Harvey. Mais pour pouvoir "blinder" cet étage, les sages-femmes n'assurent plus de préparation à la naissance depuis janvier et n'effectueront aucune consultation de suivi durant l'été.

"Ce n'est pas anodin de ne pas faire le suivi, de ne pas donner les informations préventives, de ne pas assurer l'entretien prénatal précoce, qui reste un temps fort, notamment pour dépister les vulnérabilités psycho-sociales" avant l'accouchement, rappelle Hélène Ostermann.

- "on sait faire" -

En plus de ces réorganisations internes, la maternité fait appel à des vacataires, des sages-femmes libérales qui viennent effectuer quelques vacations, et à de l'intérim. Mais même avec tout cela, "c'est tout juste", note la cadre de santé qui espère que la septième vague de Covid n'entraînera pas d'arrêt maladie.

Dans la chambre "Bora Bora", une femme patiente allongée, son gros ventre entouré d'un appareil de monitoring. L'appareil laisse entendre les battements de cœur du bébé.

Face aux tensions sur les effectifs durant cette période estivale et aux risques de fermeture de certaines maternité, l'Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France a assuré élargir la cellule de transferts in-utero, normalement dévolue aux grossesses pathologiques, aux transferts pour manque de place. Mais Stéphanie Blugeon, sage-femme, craint "un afflux de patientes enceintes au niveau des urgences".

"Il va falloir gérer l'insatisfaction des patientes, la surcharge de travail, les dossiers en urgence, les femmes qui n'ont pas eu de suivi ... ça va être la m..., mais on sait faire", assure le chef de service. "On verra au jour le jour et on fera ce que l'on pourra pour venir en aide aux autres maternités", ajoute-t-il.

Loin de ces perspectives inquiétantes, un bébé pousse ses premiers cris derrière la porte de la chambre "Mahé". Sa mère vient de vivre son premier accouchement, sans péridurale comme elle le souhaitait. Un peu plus loin, une femme crie de douleur. Son mari surgit pour demander de l'aide.

"Pour libérer de la place à l'hôpital, il nous faut des relais en ville", juge Stéphanie Blugeon, sage-femme. Un relais à la fois de la part des généralistes, des gynécologues obstétriciens et des sages-femmes libérales pour assurer le suivi de grossesse mais aussi permettre des sorties précoces. Mais "pourront-ils tout absorber ?", s’inquiète Hélène Ostermann.

"A la fin, c'est toujours pareil, c'est les femmes qui en pâtissent", regrette Thierry Harvey.

E.Leuenberger--NZN