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En multipliant des "jobs datings" décalés autour de l'art ou du sport, Pôle emploi cherche à casser les codes du recrutement pour que des demandeurs d'emploi sans expérience ni diplôme puissent mettre en avant leurs "savoir-être" auprès d'employeurs plus ouverts dans un contexte de difficultés de recrutement.
Lancée en 2018 à l'initiative d'un agent des Hauts de France passionné d'athlétisme, l'opération "Du stade vers l'emploi" commence à être déployée à grande échelle par l'opérateur, fort de bons indicateurs de retour à l'emploi.
Selon le bilan fait par l'opérateur dans les Hauts-de-France, sur 1.777 demandeurs d'emploi ayant participé au deuxième semestre 2021 à un des 27 événements organisés, il y a eu 64% de taux de retour à l'emploi dans les six mois avec 40% de recrutements dans les entreprises participantes. De plus, 75% des participants se sont vus conseiller une formation.
"Ce sont des chiffres percutants. Cela nécessite un gros travail des équipes en amont pour préparer les demandeurs d'emploi et les employeurs et ensuite en aval pour accompagner l'embauche par des actions de formation préalables. Mais ça en vaut la peine, sinon on n'en organiserait pas trois fois plus cette année", témoigne Yann Bonnot, organisateur de cet événement à Reims le 30 juin.
L'avantage est de permettre des rencontres qui n'auraient pas eu lieu par le recrutement classique par CV.
Présente à Reims, Emilie Maillot, en charge du recrutement à ICGA Generali, a entamé, moins d'une semaine après, un processus d'embauche pour trois postes de gestionnaire de sinistres. "Ce sont des candidats que je n'aurais certainement pas reçus à la lecture de leur CV car ils n'avaient pas le niveau d'études ni l'expérience requises", confirme-t-elle.
"Mais l'opération m'a permis de voir leur personnalité et leur motivation", explique-t-elle, précisant que ce sont des recrutements en CDI avec formation en interne.
Plus récemment, Pôle emploi a lancé fin 2021 dans les Hauts-de-France une opération similaire mais autour événements artistiques (musée, cirque, théâtre, concert...). Un premier bilan sera fait en septembre.
L'opérateur estime être ainsi en phase avec les attentes des employeurs qui, selon ses études, sont 60% à considérer les compétences comportementales ("savoir-être") plus importantes que les compétences techniques ("savoir-faire"), notamment dans les secteurs ne nécessitant pas de diplôme spécifique.
Ces savoir-être diffèrent selon les métiers. Dans l'hôtellerie-restauration, la relation client et la capacité à travailler sous pression seront recherchés. Dans les services à la personne, ce seront la bienveillance, l'autonomie et le sens des responsabilités et dans la santé et l'industrie, le travail en équipe et le respect des règles.
La volonté d'aller au delà du CV pour élargir les recherches de candidat n'est cependant pas neuve.
Depuis 1995, Pôle emploi propose aux employeurs de mettre en place des méthodes de recrutement par simulation (MRS) qui privilégient le repérage des aptitudes nécessaires au poste de travail.
Ainsi, Michelin recrute énormément par ce biais avec des exercices sur la capacité à réaliser des gestes précis, à respecter des consignes ou à suivre un processus de fabrication.
O.Pereira--NZN