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Le titre d'EDF a été suspendu mercredi à la Bourse de Paris, le temps de permettre à l'Etat de préciser les modalités de la renationalisation de l'énergéticien annoncée début juillet.
"A la suite des annonces de Madame la Première ministre, et après échanges avec l'Autorité des marchés financiers, EDF SA a demandé la suspension de la cotation de ses titres de capital jusqu'à nouvel ordre", précise le groupe dans un communiqué.
"L'Etat mène actuellement les travaux permettant d'en définir les modalités et précisera ses intentions au plus tard le 19 juillet 2022 avant-Bourse", a indiqué de son côté Bercy dans un communiqué. L'action EDF ne peut donc plus être échangée, et son prix reste fixé à sa clôture mardi, à 10,23 euros.
Pour retirer EDF de la Bourse de Paris, l'Etat français va devoir faire une offre publique d'achat (OPA) afin d'acquérir les 16% d'actions qu'il ne détient pas encore.
- Le juste prix -
Dans ce cadre, il devra annoncer le prix auquel il s'engage à racheter les actions. C'est cette information qu'attendent les investisseurs depuis l'annonce de la Première ministre de la renationalisation d'EDF dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale le 6 juillet.
Lors d'une OPA, l'acheteur doit convaincre les actuels détenteurs d'actions de les lui céder. Pour cela, il doit le plus souvent consentir à payer les actions plus chères que leur dernier cours de Bourse, une "prime" attractive pour les investisseurs.
Selon le Journal des OPA, qui a recensé 41 opérations l'an dernier, la prime a été en moyenne de 38,4% en 2021.
Le plus souvent, l'initiateur de l'OPA donne le prix de rachat de l'action en même temps que ses intentions d'acheter: le cours de Bourse s'ajuste alors immédiatement pour se rapprocher du prix de l'action voulu.
Par exemple, après l'annonce en octobre 2021 par la Banque Postale de retirer CNP assurance de la Bourse de Paris, en rachetant les actions restantes à 21,90 euros, le titre de CNP Assurances avait bondi le lendemain de 35% pour atteindre 21,70 euros à la clôture.
Mais ni la Première ministre, ni Bercy n'ont encore précisé formellement le montant qui allait être consacré à cette opération pour EDF.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a prévu une enveloppe de 12,7 milliards d'euros qui inclut la renationalisation d'EDF mais aussi "d'éventuelles autres opérations."
Le cours de Bourse est donc particulièrement sensible aux rumeurs et informations de presse d'une séance sur l'autre. Depuis l'annonce de la renationalisation, le cours de Bourse d'EDF (à 7,84 euros à la clôture du 5 juillet) a déjà pris plus de 30%.
Dans une note publiée mardi, les analystes de Morgan Stanley envisageaient un prix de 12,60 euros par action pour l'opération, soit une prime de 60% par rapport au cours du 5 juillet.
Les analystes de Jefferies pensent eux à une fourchette qui monte jusqu'à 12,5 euros par action.
- Aventure mouvementée en Bourse -
Une fois les intentions du gouvernement connues, le titre pourra reprendre sa cotation avant sa probable future disparition de la cote dans les prochains mois.
Dix-sept ans après l'ouverture de son capital et son entrée en Bourse fin 2005, l'électricien reste largement public, détenu par l'État à près de 84%, par les salariés qui en possèdent 1% et par des actionnaires institutionnels et individuels pour les 15% restants.
L'electricien avait été introduit en Bourse au prix de 32 euros par action. Après des premiers mois difficiles, l'action avait semblé convaincre les investisseurs, et avait culminé un peu au-dessus des 75 euros fin 2007.
Mais la dette du groupe, qui pourrait atteindre 60 milliards d'euros en 2022, les coûts de rénovation du parc nucléaire ou encore la décision du gouvernement de lui faire vendre davantage d'électricité bon marché à ses concurrents ont plombé le cours, qui est même descendu brièvement en dessous des 7 euros en mars.
W.O.Ludwig--NZN