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Emmanuel Macron, réélu alors que l'économie française affronte de nouveaux vents contraires, s'est fixé une série d'objectifs ambitieux. Voici les principaux chantiers économiques de son deuxième quinquennat.
Inflation et pouvoir d'achat
La dégradation du pouvoir d'achat du fait de la flambée de l'inflation, restera le sujet le plus urgent à traiter au début du quinquennat.
Malgré un "bouclier tarifaire" énergétique de plus de 26 milliards d'euros mis sur la table (gel des tarifs de gaz et d'électricité, indemnité inflation, remise carburant, etc.), la pression sur les prix, en particulier alimentaires, s'accroit.
Emmanuel Macron affirme que c'est surtout l'emploi qui permet d'améliorer le pouvoir d'achat, mais il promet aussi, "dès cet été, une loi exceptionnelle pour le pouvoir d'achat", pour augmenter notamment les pensions de retraite. Il propose aussi un chèque alimentaire pour les plus modestes, une revalorisation des "minimas sociaux" et du traitement des fonctionnaires, ou encore une nouvelle prime défiscalisée.
Plein emploi
Emmanuel Macron veut atteindre le "plein emploi" d'ici la fin du quinquennat, soit un taux de chômage entre 5% et 5,5%, contre 7,4% aujourd'hui.
Pour y parvenir, il entend notamment transformer Pôle emploi en "France Travail", afin de "mettre en commun" les forces de l'État et des collectivités et de créer une forme de "guichet unique" pour les demandeurs d'emplois, bénéficiaires du RSA, etc. Cela pourrait se traduire par une fusion des instances concernées, ce qui suppose un temps long, ou simplement un meilleur partage des informations entre les acteurs.
Il entend aussi réformer le lycée professionnel pour en faire "une voie d'excellence" sur le modèle de l'apprentissage qui a connu un boom pendant le quinquennat. Les aides au recrutement d'apprentis qui s'achèvent en principe au 30 juin seront d'ailleurs prolongées.
Ces chantiers s'accompagneraient d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage, qu'il souhaite rendre "plus stricte quand trop d'emplois sont non pourvus" et "plus généreuse quand le chômage est élevé". Et d'une adaptation du RSA, qu'il veut attribuer sous condition d'effectuer de 15 ou 20 heures d'une "activité effective qui permet l'insertion".
Dette et déficit
Emmanuel Macron a confirmé son ambition de ramener le déficit public sous les 3% d'ici 2027, et de commencer à réduire le poids de la dette. L'enjeu est de taille, avec un déficit qui était encore à 6,5% du PIB fin 2021, et une dette publique à 112,9%, du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Aucun effort massif n'est réellement annoncé sur les dépenses, le président réélu comptant beaucoup sur la croissance et le plein emploi pour dégager de nouvelles recettes. Pour financer un programme dont il estime le coût à 50 milliards d'euros, il table toutefois sur 35 milliards d'économies de coût de fonctionnement de l'État et des collectivités locales.
Mesure phare, le report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans, ne dégagera des économies qu'à moyen terme puisqu'elle entrera en vigueur progressivement.
Réindustrialisation climatique
En proposant de poursuivre la réduction des impôts de production, notamment en supprimant la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) de toutes les entreprises, M. Macron souhaite encourager la réindustrialisation du pays, à peine amorcée sous le précédent quinquennat.
Hydrogène vert, véhicule électrique, décarbonation de la sidérurgie et des cimenteries mais aussi biomédicaments: le pari de réindustrialisation qui nécessite des investissements massifs, dont une partie sera issue du plan France 2030 lancé avant l'élection, doit s'articuler avec la "planification" écologique annoncée par le candidat-président entre les deux tours. Et une volonté de favoriser les achats publics locaux pour défendre le "fabriqué en France".
Mais cette transition fait des perdants et le futur exécutif devra sans doute gérer de nouveaux dossiers complexes. Nul doute que les difficultés des Fonderies du Poitou ou du sous-traitant de Renault SAM s'inviteront à l'agenda des premiers mois du quinquennat.
Nucléaire
Emmanuel Macron a annoncé son intention de relancer un programme nucléaire avec six réacteurs de nouvelle génération EPR2, vantant notamment l'avantage climatique de l'électricité ainsi produite. A cela s'ajoute l'étude pour huit exemplaires supplémentaires.
Ce chantier au long cours n'aboutira pas durant le quinquennat. La première mise en service n'est pas attendue avant 2035 ou 2037. Mais l'enjeu financier est immédiat et considérable, avec un coût estimé à plus de 50 milliards d'euros pour six réacteurs.
La filière doit aussi faire la preuve de sa capacité à mener à bien un tel programme, après les dérives du chantier de l'EPR de Flamanville en Normandie.
far-chl-jmi-mhc-im/boc/lum
W.Odermatt--NZN