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Plusieurs dizaines de milliers d'agents publics, Education nationale en tête, font grève et manifestent jeudi pour alerter sur la "dégradation" de leurs "conditions de travail et de rémunération", une mobilisation qui intervient en pleine crise politique, au lendemain de la chute du gouvernement.
Les manifestations ont réuni 200.000 personnes dans 160 cortèges et rassemblements à travers la France, dont 30.000 à Paris, a rapporté la CGT à l'AFP. Les autorités font état de 130.000 manifestants dans le pays dont 3.000 dans la capitale, où la tête d'un cortège massif est arrivé place d'Italie autour de 16H30.
Dans la Fonction publique d'Etat, 18,62% des agents faisaient grève jeudi à la mi-journée, soit plus de 246.000 personnes, en très grande majorité issues de l'Education nationale (238.000 personnes, soit 24,87% du secteur), a indiqué le ministère de la Fonction publique.
- "Sentiment d’être piétinés" -
Dans le cortège parisien, "on veut alerter la société sur ce qui est en train de se passer dans l'école publique", a déclaré à l'AFP Emilie, du collectif Enseigner sans en saigner de Bretigny-sur-Orge, au milieu de pancartes aux messages comme "Zizou premier ministre, Dupont à l'éducation" ou "profs en lutte des classes".
"La goutte d'eau des trois jours de carence, c'est un sentiment partagé par tous les enseignants, on a le sentiment d’être piétinés", a confié Sylvie Chastanet, 59 ans, enseignante à Montrouge, en référence à une mesure défendue par le ministre de la Fonction publique démissionaire, Guillaume Kasbarian.
Menée par les secrétaires générales de la CGT et de la CFDT, Sophie Binet et Marylise Léon, la manifestation s'était élancée sur la chaussée détrempée du pont de Bercy vers 14H00.
Le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure ou la présidente (LFI) de la commission des affaires économiques de l'Assemblée Aurélie Trouvé étaient également présents.
"C'est grâce aux fonctionnaires que le pays tient" et ils "n'en peuvent plus d'être stigmatisés", a estimé Sophie Binet, évoquant une mobilisation "d'un niveau inédit".
Cette journée doit lancer une "alerte sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération en direction du futur gouvernement et des parlementaires qui auront à construire les prochaines lois de finances pour 2025", a déclaré plus tôt à l'AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique.
Des centaines de lycéens ont suivi le mouvement, en bloquant totalement ou partiellement leur établissement, dont trois à Nantes et au moins cinq à Paris.
"On veut être solidaire de nos profs en grève et montrer un minimum de soutien sachant qu'ils sont déjà très peu payés", a lancé Léa, étudiante en terminale au lycée Buffon (XVe arrondissement), dont l'accès a été bloqué dans la matinée.
A Dijon, un jeune homme a été interpellé après le jet d'un projectile enflammé qui a légèrement blessé le proviseur d'un lycée en marge d'un rassemblement. Deux personnes ont été interpellées pour participation à un attroupement armé et jets de projectiles sur les forces de l'ordre à Saint-Nazaire.
- "Casse du service public" -
A Marseille, 4.700 personnes ont manifesté dans la matinée, tandis que 3.500 étaient rassemblées à Lyon, selon la police.
En milieu d’après-midi, la grève de certains contrôleurs aériens a provoqué une congestion avec des retards dans l’espace aérien français, qualifiés d'"élevés" en particulier dans la zone autour de Marseille, selon l’organisme de surveillance du trafic Eurocontrol. Celui-ci a aussi relevé des retards "modérés" dans la zone de contrôle aérien de Bordeaux et celle de Brest.
"On est là parce qu'on a des gouvernements qui se succèdent et qui cassent le service public par des réformes qui visent à détruire nos métiers, notre statut et les services publics", a lancé Fabien Rengade, agent territorial et membre d'une coordination syndicale dans les Bouches-du-Rhône.
"Le fait que le gouvernement soit tombé, ça ne change pas, car il y a clairement une majorité de droite qui cherche à faire une politique assez dure contre le service public", a déploré Olivier Rubat fonctionnaire de 54 ans dans le cortège lyonnais.
L'annonce fin octobre par le gouvernement démissionnaire d'un plan de lutte contre l'"absentéisme" des fonctionnaires pour dégager 1,2 milliard d'euros d'économies a progressivement tendu les relations avec les syndicats avant d'aboutir à une rupture du dialogue social.
Les syndicats exigeaient notamment que le gouvernement renonce à trois mesures: le passage d'un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100% à 90% de la rémunération en cas d'arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d'une prime en soutien au pouvoir d'achat.
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L.Zimmermann--NZN